2e journée de protestation : un « Pays lock » non revendiqué paralyse Haïti


Jovenel Moïse et son équipe est pris de court depuis dimanche par un mouvement « lock » qui ne dit pas son nom. L’administration publique, le petit commerce, les activités scolaires, le transport public peinent à se rattraper. Parallèlement, des appels à manifester, à barricader les voies publiques pour contraindre l’État à adresser la crise de l’essence se multiplient
Sous les cendres des pneus enflammés, la circulation automobile dans certaines artères de la capitale se décline. Des chauffeurs, effrayés par des jets de pierres, de tessons de bouteilles, évitent des quartiers du centre-ville de Port-au-Prince encore sous l’emprise de la contestation populaire.
À Delmas, rares sont les stations d’essence à ouvrir leurs portes. En proie à une pénurie d’essence, certains propriétaires ont opté pour le verrouillage des distributeurs d’essence en imposant un dispositif sécuritaire singulier.
Au soir du lundi 16 septembre, une communication de la Police nationale d’Haïti invitait les citoyens à reprendre leurs activités. Le contenu du message du porte-parole de la PNH, Michel-Ange Louis Jeune, visait à garantir une présence policière soutenue et ramener le calme dans des zones de fortes agitations populaires.
Cependant, au constat ce mardi, peu de patrouilles policières ont été visibles dans les rues, ce qui a renforcé des attaques des individus sur la population civile. À Pétion-Ville, Au Carrefour de l’Aéroport, au Champs de Mars, à Carrefour, des véhicules du transport en commun ont été la cible constante de jets de pierres.
Dans des établissements scolaires, la vue déserte s’impose. Au Lycée national de Pétion-Ville, au Lycée du Cent-cinquantenaire, les salles de classe sont clairsemées. Des lycéens qui ont bravé la peur, ont vécu la désillusion de reprendre les cours dans un contexte sociopolitique pollué.
‘’J’ai fait le déplacement à l’idée de pouvoir reprendre les cours, mais ça reste impossible’’, se lamente une élève du Lycée du Cent-cinquantenaire.
Des institutions publiques ont également gardé leurs portes fermées. Des employés de l’État, voulant garder l’anonymat, évoquent des conditions sécuritaires fragiles pour regagner leur poste. Le petit commerce caractérisé essentiellement par la vente ambulante peine à se manifester dans les rues. Le transport en commun, véritable thermomètre de la vie économique est sous l’emprise d’une grève non revendiquée.