Les Évêques catholiques d’Haïti évoquent une guerre fratricide

Vendredi, suite aux manifestations violentes généralisées sur l’ensemble du territoire national les Évêques de la Conférence des Evêques Catholiques d’Haïti (CECH), dans une lettre de prise de position datée du 27 Septembre, appellent le Président Jovenel Moïse et les plus hauts responsables de l’État à mesurer l’ampleur de leurs échecs et à en tirer les conséquences, les invitants à agir immédiatement, leur rappelant que demain il sera trop tard…
Extrait de la lettre de la Conférence des Evêques Catholiques d’Haïti :
« Nous les Évêques Catholiques d’Haïti, nous vous saluons tous avec respect et affection au cœur de la détresse indescriptible que nous vivons comme peuple et citoyen depuis plus d’un mois dans le pays. C’est comme si nous étions en état de guerre fratricide. Nous en sommes arrivés là à cause du comportement des élus et des dirigeants.
[…] Malgré nos appels répétés depuis bientôt deux ans, les actuels dirigeants, élus et responsables politiques d’Haïti restent sourds, occupés à gérer leur pouvoir, leurs privilèges et leurs intérêts mesquins. Pendant ce temps, certains secteurs continuent de s’enrichir sur le dos des pauvres qui ne peuvent ni manger ni payer la scolarisation de leurs enfants.
Existe-t-il une violence plus atroce que celle de vivre constamment dans l’insécurité ? Y a-t-il pire que la misère noire qui enlève tout espoir ? Aucun peuple ne doit accepter la misère, la pauvreté et la violence de manière défaitiste. Donc, les plus hauts responsables de l’État doivent assumer leurs responsabilités pour garantir la bonne marche du pays et des institutions ; ils sont moralement responsables de la sécurité et du bien-être de la population. Et, en premier lieu, le Président de la République.
Si le pays est à feu et à sang, c’est à cause de leur irresponsabilité. Comment peuvent-ils ne pas savoir ce que tout le monde sait ? Dans un sursaut de prise de conscience qu’ils mesurent l’ampleur de leurs échecs accumulés et en tirent les conséquences. C’est maintenant qu’ils doivent agir pour changer la vie en Haïti. Demain sera trop tard. »
Donné à Lilavois au siège de la Conférence Épiscopale d’Haïti le 27 Septembre 2019. »
Suivent les signatures de :
Mgr Launay SATURNE, Archevêque Métropolitain du Cap-Haïtien, Président de la CEH
Mgr Pierre André DUMAS, Évêque du Diocèse d’Anse à Veau/ Miragoâne Vice-Président de la Mgr Joseph Gontrand DECOSTE, SJ, Evêque de Jérémie Secrétaire Général
Mgr Marie Erick Glandas Toussaint Evêque de Jacmel, Economne de la CEH
S. Em. Chibly Cardinal LANGLOIS, Évêque des Cayes
Mgr. Yves Marie PEAN, CSC, Évêque des Gonaïves
Mgr. Max Leroy MESIDOR, Archevêque Métropolitain de Port-au-Prince
Mgr. Quesnel ALPHONSE, SMM. , Evêque de Fort Liberté
Mgr. Pierre Antoine PAULO, OMI, Évêque de Port de Paix
Mgr. Désinord JEAN, Evêque de Hinche
Mgr. Ducange SYLVAIN, SDB, Evêque Auxiliaire de Port-au-Prince
Mgr. Jean Alix VERRIER, Evêque Emérite des Cayes
Mgr. Louin N. KEBREAU, SDB, Archevêque Emérite du Cap-Haïtien
Mgr. Joseph LAFONTANT, Evêque Auxiliaire Emérite de Port-au-Prince
Mgr. Willy ROMELUS, Evêque Emérite de Jérémie