Haïti: les manifestants rejettent l’appel au dialogue du président

Les détracteurs du président haïtien Jovenel Moïse ont rejeté mercredi l’appel au dialogue lancé par le dirigeant alors que les manifestations, souvent violentes, réclamant sa démission paralysent les principales villes de Haïti depuis plus d’un mois.

La présidence haïtienne a publié dans la nuit de mardi à mercredi une liste des sept personnes choisies, parmi lesquelles des anciens ministres et conseillers du parti de M. Moïse, «en vue de conduire les discussions devant aboutir à une solution concertée de sortie de crise».

«Les principales forces de l’opposition ne vont pas accepter de rencontrer cette commission mort-née, qui n’a aucune crédibilité», a indiqué à l’AFP André Michel, dirigeant de l’une des organisations à la tête des manifestations.

La colère populaire contre Jovenel Moïse, décrié par les opposants les plus radicaux depuis son arrivée au pouvoir en février 2017, s’est accentuée fin août à la suite d’une pénurie de carburants généralisée à travers le pays.

Majoritairement jeunes et issus des quartiers les plus pauvres, les manifestants exigent d’autant plus la démission du chef de l’État que des entreprises qu’il dirigeait avant son entrée en politique ont été épinglées par la Cour supérieure des comptes comme étant «au coeur d’un stratagème de détournement de fonds».

«C’est avec les juges que les corrompus doivent dialoguer. Le président n’a aucune légitimité pour mener un dialogue. La population a déjà parlé avec lui pour lui demander de démissionner et de se mettre à disposition de la justice», a réagi mercredi le collectif «Nou pap domi»(«On ne dormira pas» en créole).

Si les barricades sont moins nombreuses dans la capitale haïtienne mercredi, il est toujours impossible de se rendre dans une majorité de villes de province, où la contestation violente perdure, compliquant les approvisionnements en eau, nourriture et médicaments.

Avant cette main tendue par Jovenel Moïse, les groupes d’opposition avaient déjà appelé à une nouvelle manifestation nationale vendredi, avec un objectif précis dans la capitale, Port-au-Prince.

«Le cortège va se diriger vers la résidence du président pour aller chercher sa lettre de démission», annonce André Michel.