L’État haïtien suspend ses contrats avec E-Power, Sogener et Haytrac

Le Ministère de l’Economie et des Finances a été instruit de suspendre les paiements de toutes valeurs en rapport avec l’exécution de ces contrats.

Les cordes ne s’accordent pas entre le gouvernement démissionnaire et les compagnies énergétiques, à savoir E-Power S.A, Sogener et Haytrac. En effet, lors d’un conseil des ministres tenu en date du 23 octobre 2019, le gouvernement démissionnaire s’est résolu à suspendre l’exécution des contrats signés avec ces entreprises dont l’objet est porté sur la fourniture d’électricité. Le Ministère de l’Economie Finances, par la suite, a été instruit de suspendre les paiements de toutes valeurs en rapport avec l’exécution de ces contrats, selon une note de la Secrétairerie d’Etat à la Communication.

Une disposition qui suscité pas mal de grognes. Le gouvernement démissionnaire qui, semble en être conscient a, dans la même résolution, demandé au MEF de régler les éventuels différents avec les compagnies. Les contrats entre l’Etat haïtien et la E-Power S.A, la Sogener et la Haytrac étant caducs, le ministère des travaux publics, transports et communication est chargé de transférer à l’Electricité d’Haïti toutes les centrales électriques appartenant à l’Etat haïtien.

Intervenant ce jeudi soir sur les ondes de radio Vision 2000, le directeur général de la E-Power, Carl-Auguste Boisson a refusé de commenter la décision parce qu’il n’est pas encore formellement touché par cette résolution. « Nous attendons que cette mesure nous soit formellement communiquée afin de déceler ce que le gouvernement entend faire de la E-Power. Pour l’instant, on se garde de réagir à la suite de cette décision prise dans un cadre général », indique-t-il.

Boisson estime, toutefois, que la démarche est juste puisque que les derniers contrats entre sa compagnie et l’Etat haïtien, sont jusque-là conformes aux lois y relatives. « La E-Power a présenté les meilleures offres en matière d’électricité dans le pays », s’est-il vanté, précisant que sa compagnie s’est efforcée de fournir à l’Etat haïtien une quantité de mégawatts supérieure à sa capacité de production.

D’un autre côté, il se dit étonner des déclarations tenues par le directeur de la banque inter-américaine de développement (BID) dans lesquelles il a remis en question la capacité de production des compagnies d’électricité haïtiennes. Boisson rappelle que la BID a été la première entité internationale à exprimer sa volonté à financer la E-Power. « En 2008, la BID nous a tournés le dos. Cependant, nous avions continué à fonctionner. En 2011, lors d’une visite à la compagnie, la BID a, elle-même affirmé, avoir eu des regrets d’avoir abandonné le navire », révèle Pierre Marie Boisson.

Les chiffres d’affaires de la E-power se situent entre 30 et 35 millions de dollars américains par an, explique le DG de la E-Power, avant de souligner que 80% de ce montant est utilisé pour l’achat de Mazout.

Au cours de ce même conseil des ministres, le gouvernement démissionnaire a, dans une autre résolution, éliminé toutes les franchises douanières. Selon le ministre a.i de l’économie et des finances Joseph Jouthe qui intervenait, lui aussi, sur Vision 2000, a expliqué qu’il s’agit d’une décision visant à structurer ce secteur qui représente des milliards de gourdes en termes de manque à gagner chaque année à l’Etat haïtien.

« L’octroi de franchises douanières à des institutions et de particuliers, ces derniers temps, a occasionné un vaste désordre. Les bénéficiaires directs en jouissent au détriment de la population car les objectifs visés par l’Etat à travers l’accord des franchises n’ont jamais été atteints. Et, pour corriger cette situation et rendre l’octroi des franchises bénéficiaires au plus démunis, l’exécutif a décidé de réviser toutes les franchises douanières », indique le ministre a. i des finances.