Haïti – 7è semaine « Pays-lock » : les policiers donnent le ton et le pays s’enlise pour devenir un état voyou sans Parlement

Quand ce ne sont pas les artistes qui expriment leur frustration face au mépris des droits humains affiché par cette équipe de dirigeants manifestement incompétents et corrompus, dénonce-t-on, ce sont des policiers habillés en civil qui gagnent les rues pour revendiquer au nom de la Constitution, le droit de se réunir en association ou en syndicat sans autres restrictions que celles garanties par les lois de la République.

« Leur garantir un meilleur traitement salarial avec le droit d’être syndiqué et d’avoir une meilleure couverture d’assurance médicale« , tel est le moteur de l’indignation des policiers qui ont longé l’autoroute de Delmas dimanche matin jusqu’à aboutir devant l’immeuble logeant la Direction Générale de la Police nationale d’Haïti.

Les policiers ont dénoncé le maigre salaire perçu par occasion alors que le président Jovenel Moise, selon eux, s’est fait entourer de « mercenaires » pour assurer sa protection rapprochée payée au prix fort et en violation flagrante de la Constitution.

« Nous ne sommes pas là ni pour exiger le départ de Jovenel Moise, non plus pour l’encourager à rester au pouvoir« , a déclaré l’un des porte-parole du mouvement qui a gardé l’anonymat. Celui-ci a indiqué que la recharge de la carte de débit est loin de résoudre les multiples problèmes auxquels ils se trouvent confrontés dans l’exercice de leurs fonctions, ajoutant que « les policiers n’arrivent pas toujours à joindre les deux bouts« .

A Cap-Haïtien tant qu’à Port-au-Prince, les revendications des policiers qui ont défié la DCPJ et autres institutions coiffant l’institution, sont les mêmes partout. « La PNH est politisée et depuis un certain temps » a lancé une femme s’identifiant comme l’épouse d’un policier, indiquant que ce jeune corps armé « est au service du gouvernement de Jovenel Moise » lequel est accusé de corruption et de crimes. 

La manif des policiers qui n’aurait pas été vue d’un très bon œil par les actuels maîtres de Port-au-Prince, y compris le haut-commandement de la PNH, selon des rumeurs persistantes, a trouvé son aboutissement grâce à la persistance des policiers, vraisemblablement armés et parés contre toute éventualité. Des messages-radio envoyés par de hautes autorités et interceptés par des journalistes, ont passé des instructions aux unités de UDMO pour étouffer la manifestation, sans toutefois mentionner les méthodes pour y parvenir.

« L’ Alternative consensuelle » nouvellement créée pour la reconstruction d’Haïti a déclaré lors d’une conférence de presse que les manifestations auront lieu du dimanche 27 octobre au samedi 3 novembre, lors de la septième semaine consécutive de manifestations antigouvernementales dans le pays. Haïti, vu l’exagération dans la pratique de corruption et de la violation systématique des droits humains, s’enfonce vertement vers un état voyou avec l’affaiblissement de toutes ses institutions républicaines. Le pays a raté ce dimanche l’organisation des élections devant renouveler la totalité des sièges à la Chambre basse. 

Il est à signaler que face à ces policiers armés et décidés déclarant ouvertement revendiquer leurs droits, les unités UDMO, CIMO et autres ont été tenus en respect dimanche et se sont gardés de recourir au lancement abusif de gaz lacrymogènes, comme c’est toujours le cas à chaque manifestation anti-Jovenel Moise, accusé de dilapidation des fonds de Petro Caribe.