VLP: Deux journalistes haïtiens racontent leur journée aux USA

Deux jeunes loups de la presse haïtienne séjournent actuellement aux États-Unis dans le cadre du Programme des Visiteurs internationaux américain (IVLP), piloté par le département d’État américain. « Ce sera bénéfique pour le pays », soupèse l’un d’entre eux.

Les États-Unis sont la première puissance du monde. Cela va sans dire. Pour maintenir ce statut, ils entretiennent- parmi tant d’autres- des programmes d’échange internationaux qui mettent face à face les (futurs) leaders du monde entier. Le cas du Programme des Visiteurs internationaux américain (IVLP) auquel prennent part depuis le 28 octobre dernier (et jusqu’au 16 novembre prochain) le PDG de l’agence en ligne Juno 7, John Fritz Moreau et le journaliste Luckner Garraud, l’un des présentateurs vedettes de la rubrique Le Point sur Radio Télé Métropole.

Plusieurs figures emblématiques de la politique en Haïti y ont passé par là. Certaines dans leur prime jeunesse, d’autres au stade d’une carrière déjà auréolée de gloire. Le feu Leslie François Manigat (1959), intellectuel haut gamme et ancien président de la république d’Haïti, l’ancien Premier ministre Jacques Edouard Alexis (1983) et la seule Dame jusqu’à date chef d’État en Haïti, Ertha Pascal-Trouillot (1980) sont les plus illustres jusqu’à date. À ce qu’il parait, l’expérience n’a pas de prix. Moreau et Garraud, sélectionnés pour « le Projet Edward R. Murrow – la Recherche & l’Enquête », racontent leur journée dans l’Amérique de Donald Trump depuis la Nouvelle Orléans et la Caroline du Nord.

Loop Haïti : Que faut-il retenir de cette expérience, en apparence, enrichissante ?

Luckner Garraud (Nouvelle Orléans): C’est une très belle expérience qu’on n’est pas prêt à oublier. Une formation assez consistante sur le journalisme d’investigation qui est censé le terme de prédilection des rencontres. C’est aussi un ensemble de rencontres d’échange variées, riches avec les plus hauts cadres du pays. Nous avons également beaucoup appris sur le fédéralisme américain.

John Fritz Moreau (Caroline du Nord) : Garraud a tout dit (rires). Je peux simplement y ajouter que cette expérience m’a permis de comprendre le fonctionnement des médias aux États-Unis. Elle nous aidera (Juno 7, l’agence en ligne qu’il dirige, ndlr) à améliorer notre manière de faire du journalisme en Haïti, et aussi trouver d’autres canevas pour véhiculer l’information dans le pays. En gros, ce sera bénéfique pour le pays.

Loop Haïti : IVLP est un programme d’échange international qui vous permet de croiser le regard avec d’autres collègues issus, parfois, du même sérail que vous. Combien de cultures se frottent-elles, à présent ?

Luckner Garraud : En vrai, ce programme facilite l’échange entre plusieurs cultures, notamment avec nos frères africains qui viennent du Bénin, Gabon, Tunisie, Kenya, Nigeria, etc. C’est aussi une occasion d’apprendre davantage de leur culture, et rassembler des connaissances sur des choses intéressantes qui se passent chez eux. Il y a aussi une expérience chez l’habitant qui nous permet de voir et de comprendre le mode de fonctionnement des familles américaines.

John Fritz Moreau : Je dis la même chose que Garraud (rires).

Loop Haïti : Croyez-vous que des opportunités en découleront ?

Luckner Garraud : Bien sûr. J’en ai déjà vu en termes de fraternisation, de collaboration efficace, harmonie au sein du groupe. Et le fait que le programme se réalise sur plusieurs Etats (Washington, Maryland, Baltimore, Tampa FL), ça nous permet de se mettre en réseau avec d’autres personnes venues de divers endroits.

John Fritz Moreau : Je n’ai rien d’autre à ajouter (rires).

Loop Haïti : Pensez-vous qu’il y a convergence ou divergence dans les modes de fonctionnalité des médias entre les deux pays ?

Luckner Garraud: Mon constat c’est qu’aux États-Unis il n’y a pas d’organe régulateur de la presse, pas de ministère à l’information. Il y a simplement uns instance décisionnelles pour distribuer les fréquences, similaire à CONATEL (Conseil national des télécommunications).

Je rajoute : Il y a aux États-Unis une pratique de média à but non lucratif. Beaucoup en sont ainsi. Des médias qui se tiennent aux dons pour financer leur production. Je trouve également que le secteur de la presse a beaucoup de pouvoir, parfois il est même mieux protégé que le président de le République (rires). Tout ceci, grâce au premier amendement.

John Fritz Moreau: Nous avons visité des studios et salles de rédaction, tels que : le New York Times, Washington Post, Real News Network qui diffuse des informations en temps réel et des reportages d’information au même titre que Juno 7. Je dois préciser que je reçois la partie technique de la formation puisque j’ai une agence de presse en ligne.

Loop Haïti : Quel journaliste devient-on au lendemain de cette formation ?

Luckner Garraud: Cette formation m’a donné beaucoup plus de velléité, de zèle pour me lancer dans le journalisme d’investigation. Laisser un peu le factuel pour me verser dans des sujets plus approfondis qui peuvent prendre des mois, voire un an de recherche. Une initiative alléchante, mais, comme vous le savez, cela dépend des medias pour lesquels nous travaillons. J’espère mette cette connaissance à profit d’Haïti.

John Fritz Moreau: Cette expérience m’a permis de me recadrer dans le métier, changer mon fusil d’épaule, m’intéresser à d’autres sujets mieux travaillés. J’ai appris et compris beaucoup de chose à travers cette expérience. Maintenant, il faut voir comment le mettre en application au profit d’Haïti.

Le Programme international de formation des visiteurs (IVLP) existe depuis 1940, et reçoit le financement du Bureau des affaires éducatives et culturelles du département d’État des États-Unis. Il est spécialement conçu pour répondre aux attentes professionnelles des visiteurs internationaux dans le cadre des relations internationales des États-Unis.

Dans quelques jours, Garraud qui se trouve actuellement à la Nouvelle Orléans et Moreau en Caroline du Nord se retrouveront en Floride pour la suite du programme, avant de plier bagages pour Haïti samedi 16 novembre prochain.

Propos recueillis par Websder Corneille/ @webscorneille