L’année 2019 en revue en Amérique latine : Coups d’Etat, protestations et catastrophes, entre autres les événements qui l’ont marquée

L’année 2019 a conduit à une profonde reconfiguration politique en Amérique latine, avec un rôle fort de la société descendue dans les rues et plusieurs conflits à durée indéterminée. Les 12 derniers mois ont connu des élections en Argentine, une déstabilisation politique au Venezuela, un coup d’État en Bolivie, de multiples protestations en Haïti, au Chili, au Nicaragua… et l’approfondissement des sanctions et des interventions du gouvernement américain dans des pays non alignés sur Washington.

Dimanche 29 décembre 2019 ((rezonodwes.com))– L’année des manifestations. Dans plusieurs pays, les rues ont été le théâtre d’expressions populaires, mais aussi d’une violence et d’une répression extrêmes des policiers.

Sans aucun doute, le renversement du président Evo Morales en Bolivie, quelques jours après une élection, au-delà des allégations de fraude qui n’ont jamais été prouvées de manière concluante, déclenche une alarme concernant la sécurité démocratique et la souveraineté des peuples du la région.

En Haïti, pays le plus pauvre du continent américain, les mobilisations et les violences ne sont pas nouvelles, mais elles se sont intensifiées en 2019 année avec un objectif clair et toujours déterminé: obtenir la démission du président Jovenel Moise, qui fait face à un climat défavorable dû à l’extrême misère, la rareté de carburant et de graves accusations de corruption contre la classe dirigeante passée et actuelle.

Le 13 janvier prochain, Haïti va se retrouver sans pouvoir législatif, une absence qui pourrait plonger davantage ce pays dans le chaos, avec un président contesté par la majorité qui serait avide à diriger par décret dans une démocratie naissante et titubante.

En Équateur et en Colombie, de nombreux groupes d’opposition ont également exprimé leur mécontentement. Dans le cas du premier, en raison du « paquet » économique que le président Lénine Moreno souhaitait appliquer pour atteindre les objectifs imposés par le Fonds monétaire international (FMI), qui a finalement été retiré en raison du fort rejet social qu’il a généré. Quant à la Colombie, le conflit social a été marqué par une grève nationale qui n’avait pas eu lieu avec une telle force depuis 1977, en réponse à une série de projets du gouvernement Iván Duque, principalement une réforme fiscale déjà approuvée, mais aussi par les constants violations des droits de l’homme et meurtres de dirigeants paysans.

Le Chili a fourni de nombreuses preuves que la manne économique et l’équilibre financier d’une nation ne se traduisent pas nécessairement en bien-être social. Depuis le 18 octobre, des milliers de personnes ont manifesté presque quotidiennement contre le gouvernement de Sebastián Piñera et ses politiques, avec l’inégalité, les bas salaires et le manque d’accès aux services essentiels, au centre des revendications.

Déjà en janvier 2019, le gouvernement américain était l’un des principaux sponsors de la tentative de coup d’État au Venezuela, dirigée par le député de l’opposition Juan Guaidó, qui s’autoproclame le président de en charge. » La mission déstabilisatrice a atteint son point fort le 30 avril, avec l’ « Opération Liberté », mais, sans la réponse des forces militaires, au moins au niveau attendu par les exécuteurs et les promoteurs du soulèvement, elle a échoué le même jour.

Probablement, en 2020, bon nombre des conflits et tensions politiques que 2019 a quittés, se poursuivront, au moins, de manière latente. La tenue de nouvelles élections programmée en Bolivie, prévues pour avril, et le vote le même mois du référendum sur la réforme constitutionnelle au Chili, où les manifestations se poursuivent et donnent peu de signes de repli, seront déterminantes. Et Haïti, sans parlement, sans budget, et l’annonce dans les coulisses d’un gouvernement avec Joseph Lambert comme éventuel premier-ministre, – le cas Lambert/Moise – n’est pas de nature à rassurer l’opposition qui n’a jamais compté le caméléon-sénateur du Sud-Est, un Tèt Kalé wouj, parmi les siens et qui n’a jamais été non plus très catholique dans la gestion des fonds au Sénat de la République.

Après 216 ans d’Indépendance, les haitiens seront-ils enfin libres de prendre en main leur destin ?