Luis Almagro fait l’éloge de Jovenel Moïse et garde le silence sur les revendications de la population

Le support du secrétaire général de l’organisation des États américains (OEA) au président de la République est sans nuance. Luis Almagro, à l’issue d’une visite de moins de 24 heures en Haïti mardi, campe au cours d’un point de presse au Palais national, un Jovenel Moïse qui connait les problèmes et qui a un plan de développement pour le pays alors qu’il ne reste que deux ans au pouvoir. Le numéro un de l’OEA a appelé à une réforme constitutionnelle plus adaptée à la réalité du pays.

C’est un secrétaire général de l’OEA en fin de mandat, candidat à sa réélection, qui caresse un votant dans le sens du poil. Après avoir rencontré lundi les membres du Core Group et l’ambassadeur américain en Haïti sur la crise qui prévaut dans le pays depuis plusieurs mois, Luis Almagro s’est entretenu mardi au Palais national avec le président de la République. Au cours d’un point de presse conjoint organisé à  l’issue de la rencontre, M. Almagro n’a pas manqué de faire l’éloge du chef de l’État.

Le secrétaire général de l’OEA a félicité le président de la République pour « son travail », « son leadership », « sa politique de dialogue ». M. Almagro a félicité aussi Jovenel Moïse pour son « programme d’énergie électrique » et son « plan de reforestation du pays » « Il faut des efforts énormes pour stopper la déforestation », a-t-il précisé.  

Le secrétaire général de l’OEA a souligné que le chef de l’État a identifié les problèmes auxquels fait face Haïti comme le « besoin d’un dialogue politique, la formation d’un gouvernement d’union nationale, parce qu’il faut apporter des réponses aux problèmes de la population », a-t-il souligné.  Selon le numéro un de l’OEA,  le fait d’établir un dialogue national pour résoudre le problème du gouvernement est un pas important. « Cela permettra à Haïti d’avoir des programmes de développement à long terme », a-t-il ajouté.

Pour Luis Almagro, il faut aussi des réformes dans le système politique afin de développer des structures politiques plus fortes pouvant apporter de meilleures solutions à la population. Il estime qu’il faut aussi au pays des réformes électorales. « Il faut des cartes d’identité pour la population… », a-t-il proposé.

Le secrétaire général de l’OEA dit avoir aussi discuté avec le chef de l’État haïtien de la « nécessité » d’une réforme constitutionnelle qui, selon lui, permettra d’éliminer certains problèmes politiques. « La réforme constitutionnelle est importante afin d’adapter la Constitution à la culture politique du pays et aux besoins de la population… », a-t-il avancé.

« Nous nous sommes mis d’accord avec le président pour renforcer la lutte contre la corruption en Haïti. La lutte contre la corruption est une exigence morale dans tout système politique pour garantir les bonnes marches des institutions. La lutte contre la corruption rendra le gouvernement plus crédible et permettra de mieux répondre aux besoins de la population », a épilogué  le chef de l’organisation hémisphérique.

Luis Almagro, dans son intervention publique, n’a rien dit des mouvements de protestations contre le chef de l’État qui ont paralysé le pays durant plusieurs mois. Rien non plus sur l’insécurité,  les mauvaises  conditions de vie de la majorité de la population, la crise économique, l’insécurité alimentaire touchant plus de trois millions de personnes dans le pays,  le Parlement qui sera non fonctionnel la semaine prochaine.

Pour sa part, le président Moïse a indiqué que le secrétaire général de l’OEA voulait s’enquérir de la situation qui prévaut actuellement en Haïti. « Il encourage les acteurs à prioriser le dialogue comme moyen indispensable pour répondre aux aspirations légitimes du peuple haïtien », a fait savoir le chef de l’État.

« Nous avons discuté de la situation politique en Haïti et de ses conséquences notamment ses aspects humanitaires, économiques et sociales », a-t-il ajouté.

Jovenel Moïse dit avoir mis l’accent sur ses « efforts inlassables pour négocier avec tous les secteurs de la nation une formule inclusive qui permet enfin à Haïti de trouver une issue définitive et pérenne à la crise structurelle qui secoue le pays pratiquement depuis le lendemain de son indépendance il y a 216 ans ».

« Nous avons aussi discuté du support de l’OEA aux institutions qui luttent contre la corruption », a-t-il ajouté.

Du 1er avril au 30 juin, date à laquelle Haïti assurera la présidence du Conseil permanent de l’OEA, Jovenel Moïse dit souhaiter en profiter pour aborder la question liée au dialogue politique entre les pays membres de l’OEA. Ensuite, il veut améliorer l’approche régionale d’adaptation aux changements climatiques et une coopération régionale dans l’accès à l’énergie renouvelable.

Robenson Geffrard Source Le Nouvelliste