La diaspora est l’atout le plus précieux d’Haïti et pourtant le pays n’est pas centré sur elle

Jeudi 10 septembre 2020 ((rezonodwes.com))– Le gouvernement haïtien n’accorde à sa diaspora que le harcèlement, la désertion, le rejet et l’humiliation, mais comme une boule de bowling qui est doigtée, ramassée, jetée dans le caniveau, elle revient sans cesse pour plus.

La différence est que la boule de bowling écrase la plupart des obstacles dressés devant elle alors que la diaspora évite, gémit et se plaint plutôt que d’élaborer des stratégies pour montrer sa valeur au développement économique durable de son pays.

À une époque où les envois de fonds de la diaspora ont un impact accru sur l’économie et où les débats sur la meilleure approche pour réduire la corruption systématique dans le pays se multiplient, la nécessité pour les immigrants haïtiens de jouer un rôle clé dans le développement en Haïti est maintenant plus impérative que jamais.

La diaspora est la nouvelle commodité haïtienne dont les aptitudes et les compétences sont primordiales pour sortir Haïti de la pauvreté. Le gouvernement doit concevoir et mettre en œuvre des politiques efficaces pour institutionnaliser leur engagement à transformer les immigrants haïtiens en investisseurs privés, agents de développement et en noyaux qui dirigeront les investissements étrangers vers Haïti. Mieux encore, des politiques de bon sens sont nécessaires pour promouvoir les relations de travail entre la diaspora et les représentants du gouvernement, les agences gouvernementales et les organisations de la société civile.

Le gouvernement doit adopter des politiques publiques qui créeront des bureaux spéciaux de la diaspora dans chaque ministère et agences gouvernementales du pays pour favoriser la représentation et l’incorporation de la diaspora aux niveaux national, régional et local. Ces bureaux seront les plaques tournantes qui connecteront les gouvernements locaux au financement de la diaspora et aux investissements internationaux.

Les immigrants haïtiens considèrent les gouvernements comme un obstacle à leur engagement dans le développement économique et à leur intégration dans la politique. Malgré cela, le seul moyen pour eux de s’engager est de mener des activités caritatives, philanthropiques ou humanitaires. Ils envoient de l’argent et appellent leurs proches pour réduire la pauvreté individuelle et, ce faisant, renforcent les dépenses publiques dans les programmes sociaux. De plus, rares sont ceux qui se tiennent au courant des événements actuels en Haïti et, le cas échéant, expriment leur opinion sur la mauvaise gestion, la corruption et les excès politiques du gouvernement.

Aux États-Unis, au Canada ou en France, même les immigrés haïtiens les moins éduqués ou les moins riches sont exposés à des réseaux et des relations qu’ils peuvent apporter pour investir, lancer des entreprises et stimuler l’entrepreneuriat en Haïti. En fait, depuis plusieurs décennies déjà, le gouvernement haïtien néglige, mieux encore rejette la diaspora, dans son ensemble, en promulguant des politiques qui empêchent les immigrés haïtiens, naturalisés ou résidés, de participer à des activités politiques et de lancer des entreprises.

Bien qu’il existe un Ministère des Haïtiens vivant à l’étranger (MHAVE) ainsi que diverses ambassades et consulats haïtiens, le gouvernement n’a pas encore réalisé un inventaire des compétences des immigrants haïtiens pour gérer, transférer et appliquer ces compétences à la lutte du pays pour la justice sociale, l’état de droit et le développement économique, social et politique durable. Tirer parti de la motivation de la diaspora à s’engager dans le développement local nécessite de transformer ses compétences en un capital humain amplificateur et de puiser dans ses ressources financières pour occuper des postes stratégiques dans des domaines nécessitant expertise et financement. Cela exige également que les bureaux locaux de la diaspora développent des stratégies éducatives pour transformer les envois de fonds de la diaspora de la charité en investissements.

L’amendement constitutionnel doit donner à la diaspora un siège autour de la table et des opportunités de s’engager librement dans des dialogues qui stimuleront l’économie. La diaspora est l’atout économique et intellectuel le plus précieux du pays, mais un atout non investi. Son implication dans la politique et les gouvernements est important et un gouvernement compétent doit mettre en œuvre des stratégies efficaces pour réduire les tracas constitutionnels qui les empêchent de contribuer équitablement au redressement de leur pays.

Dr. Bobb RJJF Rousseau

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