14 juillet 1963: Arrestation de Clément Barbot, chef des tontons macoutes

“Un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir “, disait Aimé Césaire. Voici l’éphémeride du  14 juillet  2020.

14 juillet 1963:
A sa libération, après 18 mois d’emprisonnement, Barbot s’est  lancé dans une guerrilla sans merci contre le régime qu’il avait servi. Les forces du gouvernement ont fini par avoir raison de lui le 14 juillet 1963. Nous publions ci-après, la traduction d’un article de Time Magazine “Haiti: The Living Dead”, publié une semaine après sa mort.

Si la pléiade des ennemis jurés de François Duvalier, président d’Haiti de 1957 à 1971, s’alignaient en vue d’un défilé, Clément Barbot, un ancien protégé de ce dernier, serait celui à qui il reviendrait l’honneur d’ouvrir la parade. D’une stature en dessous de la moyenne, flegmatique, arborant une fine moustache, Barbot fut celui qui organisa en 1959 la fameuse milice de “Papa Doc”, les tontons macoutes, et devint le chef de la police secrète ce qui le rend présent à presque toutes les séances de tortures et les exécutions.

Jugé, à un certain moment, trop ambitieux par son protecteur, il fut jeté en prison sans aucune forme de procès. A sa sortie après près de 18 mois, il fut assigné à résidence. Il finit toutefois par éluder ses surveillants et se lança dans une campagne contre son ancien mentor en essayant de rallier les opposants autour de sa cause. Ces derniers, dont certains furent ses victimes, le considéraient avec une grande méfiance et voyaient en lui un choix entre un scorpion et une tarentule: “Que peut on espérer d’un tueur qui délivrerait le pays d’un maniaque à qui il a été à la solde?”

En avril 1963, quatre des gardes du corps de Duvalier ont été abattus alors qu’ils escortaient deux des enfants du dictateur à l’école. Au cas où le message échapperait à Duvalier, Barbot lui lui fit savoir dans une lettre que son groupe ne se livrait qu’à un exercice. Quelques semaines plus tard, les hommes de Barbot attaquèrent une école qui abritait des paysans emmenés de force à Port-au-Prince pour gonfler les manifestations en faveur du gouvernement. Sept de ces pauvres paysans trouvèrent la mort dans ce raid. La nouvelle donna des sueurs froides au président et aux autres membres influents du gouvernement qui décidèrent alors d’en finir avec lui.

Des patrouilles militaires commencèrent dès lors à passer au peigne fin la capitale. Certaines tombèrent dans les embuscades tendues par les mercenaires de Barbot tuant en un seul jour 30 soldats et miliciens. Les hommes de Barbot  arrivèrent même à s’infiltrer dans certaines casernes en emportant armes et munitions. On disait même en ce temps là qu’il a rejoint un jour le président par téléphone, lui faisant croire que ses hommes avaient réussi à infiltrer son entourage et empoisonné le café qu’il s’apprêtait à boire. Duvalier lui aurait alors répondu: “Barbot, j’aurai ta tête!”

Les rumeurs qui circulaient alors faisaient croire que Barbot était invulnérable et pouvait se changer à sa guise en chien noir. Des chiens noirs devinrent les cibles des sbires de Duvalier.

Dans les premiers jours de Juillet 1963, le fugitif devant l’épuisement rapide de ses munitions, décida de jouer le tout pour le tout et se prépara à se lancer dans une dernière grande offensive. Il fut trahi.

Entouré par des hommes armés qui mirent feu aux champs de canne à sucre qui entourait l’ajoupa qui lui servait de cachette, il tombèrent sous les balles de tontons macoutes et alliés militaires. Deux de ses frères périrent avec lui.

Le même jour, les radios de la capitale annonçaient la nouvelle en faisant véhiculer la version du gouvernement: Les Barbots qui essayaient d’incendier des champs de canne et qui refusaient de se rendre aux forces de l’ordre ont été tués

14 juillet 1789: Prise de la Bastille

C’est une date symbolique de la Révolution française. Par une série d’émeutes, les français ont pris d’assaut la bastille. A cet événement, on assimile le point de départ de la fin de la monarchie absolue et le début de la République. Il est resté gravé dans toutes les mémoires jusqu’à devenir fête nationale en 1880.

Pensée du jour

Ne laissez pas la peur vous empêcher de parler. Greys Anatomy

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