78% des personnes sans électricité dans les Caraïbes vivent en Haïti


Dans le rapport du« The Spectator Index » publié en janvier 2018, Haïti était classé 3e pire pays au monde sur 137 pays en terme d’accès à l’électricité (en 2017), juste derrière le Nigeria (2e) et le Yemen (en guerre) et en 1ère position dans les Caraïbe le pire de tous…
Après l’échéance en juin 2019, des 24 mois de délai promis en campagne par le Président Jovenel Moïse, pour rendre l’électricité disponible sur l’ensemble du territoire national , les hautes autorités du secteur énergie, qui ont gardé les pieds sur terre et la tête loin de la politique font un constat beaucoup plus lucide et s’aligne dans une perspectives beaucoup plus lointaine…
Evenson Calixte le Directeur de l’Autorité nationale de Régulation du Secteur de l’Énergie (ANARSÉ), rappelle que sur les 9 millions d’habitants dans les Caraïbes qui n’ont pas accès a l’électricité, 7 millions vivent en Haïti (77.7%), soulignant avec lucidité, « avant que l’électricité soit une réalité sur l’ensemble du territoire national « il faudra plusieurs mandats présidentiels. »
René Jean-Jumeau le Directeur Exécutif de l’Institut Haïtien de l’Énergie, ne se montre guère optimiste à moyen terme dans l’atteinte de l’électrification, sans la mise en place d’une planification nationale indépendante des gouvernements en place et sans une profonde réforme énergétique qui prendra en compte toutes les différents types d’énergies sur le long terme
De son côté Hervé Pierre Louis le Directeur de l’Électricité d’Haïti (EDH), annonce la mise en place prochaine d’un plan de réforme structurelle au sein du secteur de l’énergie sous la conduite De l’ANARSE, qui entre autres fera que l’EDH ne sera plus un opérateur de monopole, mais tout simplement un opérateur comme les autres.
Cette réforme annoncée vise également à réduire le coût de production de l’électricité, il évoque notamment la piste du gaz naturel, moins cher et dont le coût est relativement stable. Toutefois, Hervé Pierre Louis est conscient que l’État haïtien ne dispose pas des capacités et des ressources financières nécessaires pour construire une centrale de production de gaz naturel en Haïti et estime qu’il est indispensable de faire appel aux capitaux des opérateurs privés qui ont la capacité, la compétence, les expertises et les ressources financières.
Concernant les capacités de production électrique en Haïti, au delà du discours politique, il avoue sans langue de bois, qu’Haïti est loin de disposer d’infrastructures de production suffisantes pour répondre aux besoins. Prenant en exemple la zone métropolitaine, il explique que l’EDH peut fournir seulement près de 130 mégawatts 10 à 12 heures par jour. Une électricité qui provient des centrales thermiques gérées par des opérateurs privés qui produisent environ 75 mégawatts (30 mégawatts de E-Power et 45 à 50 mégawatts de Sogener) et par l’EDH qui produit les quelques 60 mégawatts restant notamment par la centrale hydraulique de Péligre et la centrale thermique de Carrefour.
Le Directeur de l’ED’H rappelle que le réseau de transport et de distribution d’électricité a été construit il y a une quarantaine d’année, alors que Port-au-Prince n’avait même pas 1 millions d’habitants. Aujourd’hui avec 3 fois plus de population, la capacité est insuffisante et le réseau est dépassé et doit être reconstruit et modernisé ce qui partiellement en cours faute de ressources financière suffisante, le prêt de 150 millions de Taïwan destiné à cette réhabilitation n’ayant toujours pas reçu le feu vert du Parlement.
Autres défis a relever le recouvrement du service. l’EDH possède environ 300,000 abonnés avec un taux de facturation moyen de 50% et un taux de recouvrement qui est très sensible à la situation socio-politique. Plus la situation est tendue au pays, plus le taux paiement des factures baisse, et chaque annnée l’État doit combler un déficit de plus de 200 millions de dollars.