Adieu professeur Eddy Arnold Jean

Le professeur-journaliste et homme de lettres, Eddy Arnold Jean, a fait le grand voyage, ce mardi 17 décembre. Vers 2 heures du matin, sa respiration était haletante. Le souffle de l’auteur de « Le XIXe siècle haïtien » (livre paru en deux tomes) est retourné vers son Créateur. Paix à son âme. C’est le départ d’un résigné du système ; pour certains, un révolutionnaire qui trouvait des mots pour dire avec force ce qu’il avait sur le coeur.

La nouvelle est tombée et a fait l’effet d’une bombe auprès des proches, parents, amis, collègues et frères de plume avec qui, Dr Eddy Arnold Jean passait beaucoup de temps, à l’angle des rues Capois et de Lafleur Duchaine pour discuter sur des sujets littéraires ou encore sur les remous de l’actualité politique. Né à Saint-Marc, le 12 novembre 1952, il est parti pour l’Orient éternel, ce mardi 17 décembre 2019, vers deux heures du matin, à l’hôpital City Med. Le professeur Eddy Arnold Jean aimait  se retrouver religieusement au Bas-Peu-de- Choses, tous les jours, avant d’aller dispenser ses cours à l’Inaghei ou à l’Université Thomas D’Aquin. 

Marxiste dans l’âme, il revendiquait les idées du maître à penser allemand et croyait à l’émancipation des masses laborieuses haïtiennes écrasées par ce système qui avilit la dignité de ce peuple dispersé aux quatre coins du monde. Il était persuadé qu’un jour nous trouverions au fond de nous suffisamment de moral et de hargne pour faire un grand coup de balai pour nettoyer la corruption qui gangrène la société haïtienne jusqu’à la moelle.

Le Dr Eddy Arnold Jean, ce nationaliste, se dépensait sans réserve. Dans la majeure partie de ses publications, il critiquait et analysait constamment la réalité sociale, politique et économique du pays. Aussi ses écrits transpirent-ils sa grande préoccupation et son souci de goûter à un éventuel changement du pays. Le Dr Jean, dans sa rhétorique, n’a jamais caché sa vision de la gestion de l’État. Il répétait sous tous les toits. « Quand l’État est faible, c’est une menace pour la population». Il voulait un État fort administré et dirigé par des hommes éclairés. « Il faut que la cité soit dirigée par des Rois Sages », soutient-il dans ses plaidoyers pour une nouvelle République.

« Le professeur Eddy Arnold Jean est parti sans avoir vu se concrétiser son rêve de changement de la nation », regrette le professeur Anthony Dauphin, un vieil ami de l’homme de lettres depuis 1988. « Depuis bien des jours, cela n’allait pas trop bien pour lui. Nous avions eu la sensation que le professeur et critique littéraire approchait à grands pas vers ses derniers jours. Il était frappé des problèmes de respiration et ne pouvait plus nous retrouver à Lafleur duchaine pour discuter comme tous les après-midi. Et c’est avec beaucoup d’émotion que j’ai appris la nouvelle. Il était comme un frère pour moi. On s’est rencontrés deux ans après son retour d’exil. Et depuis, nous sommes devenus inséparables », a expliqué Anthony Dauphin. 

Les lettres ont constitué pour Eddy Arnold Jean un champ de bataille favori. C’est avec sa plume que ce disciple de Karl Marx a livré les plus grands combats idéologiques de sa vie. Ce n’était pas un hasard si, à travers ses critiques, il élevait un culte à Anténor Firmin, Louis Joseph Janvier, Edmond Paul, Demesvar Delorme, etc… Ces auteurs, soulignait-il avec force conviction, devraient servir de boussole aux hommes politiques d’Haïti. Un intellectuel de cette trempe a vécu « la déroute de l’intelligence » haïtienne dans sa chair. Repose en paix, Dr Eddy Arnold Jean.

Joe Antoine Jn Baptiste jjoeantoine2013b@gmail.com source le nouvelliste