Célébration de la fête de l’agriculture et du travail dans le contexte de la pandémie de Covid-19 !

« Si des mesures urgentes n’étaient pas prises pour sauver les pays en développement, les conséquences économiques de la pandémie de coronavirus pourraient entraîner 500 millions de personnes supplémentaires dans la pauvreté » selon un rapport de l’Oxfam. Haïti à elle seule pourrait avoir plus de six millions de personnes en état de pauvreté et quelque 3 millions en situation d’extrême pauvreté, selon les analyses économiques.

Bien avant la crise sanitaire provoquée par le Covid-19, plusieurs millions d’Haïtiens étaient déjà dans une situation de chômage, de misère, dans l’insécurité alimentaire, dans l’extrême pauvreté. C’est dans ce contexte économique extrêmement difficile qu’Haïti a célébré ce 1er mai la fête de l’agriculture et du travail.

En ces temps de Coronavirus, aucune foire gastronomique ni artisanale n’a été organisée pour exposer tant bien que mal les produits agricoles et artisanaux de nos agriculteurs et artisans en ce 1er mai 2020, jour de l’agriculture et du travail. Mais pire encore, nous n’avons pas remarqué une volonté des autorités pour anticiper les projections du Ministère de l’Economie et des Finances qui ne présagent aucune amélioration de la situation économique Haïtienne. Le MEF prévoit une contraction du PIB de 2.7% pour 2020 avec un taux d’inflation proche de 30% à la fin de l’exercice dans les cinq prochains mois.

Les Ministères de l’Agriculture et des Affaires Sociales et du travail sont totalement absents dans ce contexte de crise sanitaire provoquée par le Coronavirus où des gouvernements ont arrêté les activités économiques pour limiter la propagation du Covid-19 dans leurs pays, ce qui aura certainement un impact négatif sur les pays qui dépendent de l’exportation dont Haïti.

Aucun programme, en tout cas officiel, du ministère de l’agriculture pour renforcer le secteur agricole, encadrer les agriculteurs dans le but d’accroitre la production des denrées. Ce qui permettrait à coup sûr de réduire l’insécurité alimentaire et augmenter du coup la croissance économique.

Le Ministère des Affaires Sociales et du Travail, en ces temps de Coronavirus, même à travers ses organes déconcentrés dont OFATMA, CAS, ONA entre autres n’a mis en place aucun programme de protection sociale en faveur des couches les plus vulnérables de la société dont les personnes handicapées, les familles démunies des quartiers précaires et des zones rurales. Les assurés de l’ONA et de l’OFATMA n’ont bénéficié d’aucun accompagnement dans cette situation exceptionnelle.

La distribution de 3 mille gourdes annoncée par le Chef de l’Etat en faveur de 1 million 500 mille familles ne rentre pas dans le cadre d’une gestion stratégique compte tenu du fait qu’il n’existe aucune donnée statistique fiable pouvant permettre à chacune de ces familles de recevoir ce montant.

Les grands chantiers annoncés par le Président Jovenel Moise depuis les premiers mois de son quinquennat pour renforcer le secteur agricole dans plusieurs régions du pays dont l’Artibonite, le Sud, le Nord-est, le Nord-Ouest, le Centre…demeurent encore des projets. En ce 1er mai 2020, le chef de l’Etat n’a fait que renouveler ses promesses aux agriculteurs en mettant en cause le Covid-19 qui dit-il a handicapé les actions de son administration dans le sens de la concrétisation de ces projets.

Dans le contexte de la pandémie de Covid-19 qui pousse de nombreux pays à imposer des restrictions sur l’exportation des denrées dans le but de sécuriser leur population, d’aucuns pensent que le secteur agricole devrait bénéficier d’importants investissements afin de réduire les risques pour que des millions d’Haïtiens tombent dans la pauvreté et l’extrême pauvreté. De ces millions de dollars de prêts et d’aide annoncés ou déjà décaissés par des institutions financières combien seront investis dans la production nationale dont l’agriculture ?

MRP