C’est officiel. La date retenu pour le lancement de Séqu’Elles est prévue pour le 26 janvier 2020 à Cedel

Haïti 24 : Séqu’Elles, une plateforme pour partager les séquelles des femmes victimes de toutes sortes d’abus dans la société haïtienne, dites-nous, qu’est-ce qui vous a inspiré à donner naissance à cette plateforme?
Ludnear Diane Augustin : L’idée m’est venue a priori d’une histoire personnelle que je tais en attendant de la raconter au lancement officiel, mais j’ai commencé à la chérir quand je me suis rapprochée d’une de mes tantes qui n’a toujours pas d’enfants après plus de dix ans de mariage.

Son mal était réel et profond. Parce que j’admets que c’est décevant aussi d’attendre un enfant qui ne vient pas. Mais en même temps, son entourage, la société… ne lui rendent pas service en lui demandant à tout bout de champ “à quand le bébé?”, “toujours pas d’enfants?”… un peu comme si elle n’était définie que par ses capacités reproductrices. C’est une femme brillante pourtant, professionnelle avérée et très entreprenante, mais elle se sent “incomplète”, bousculée par une société qui lui oblige d’avoir un enfant.

Ce n’est pas tout. Ces mêmes gens, qui lui pourrissent la vie et font couler ses larmes le soir, attendent d’elle d’être parfaite le lendemain, de se farder, porter des escarpins et de sourire… parce qu’une femme ça doit sourire. Sinon on la traite d’hystérique.

Là, j’ai compris que les femmes vivaient avec des séquelles profondes. Les haïtiennes surtout qui supportent stoïquement toutes formes d’abus pour ne pas déranger le mythe de la femme “poto mitan”.

Je me suis dit que je devais faire quelque chose pour ma tante… et pour elles…

Coincée par mes études, j’ai laissé Séqu’ELLES dormir pendant 3 ans pour finalement me décider à la réaliser après avoir eu vent, sur Facebook, de l’histoire de Sylvie Lavallée, souffrant d’endométriose, qui a buté contre huit fausses couches et qui a quand même trouvé le courage d’écrire un livre sur son combat contre l’endométriose. Là, je me suis dit que ce sont des femmes comme ça, qui partagent et inspirent, que j’inviterai aux causeries de Séqu’ELLES.

En étroite collaboration avec une structure-soeur, GirlPreneur, nous sommes maintenant en passe de nous lancer officiellement.

Haïti 24 : L’initiative est une invitation à parler pour se libérer du traumatisme vécu par les victimes, pensez-vous que cela sera facile pour elles de raconter leurs histoires au monde ?
L.D.A. : Ce ne sera pas facile et c’est bien là le gros du travail. Mais par expérience, je sais que certaines femmes voudraient bien regarder leur mal en face et en parler, mais il leur manque un tout petit peu de cran… c’est ce tout petit peu de cran que nous voulons leur donner. Nous voulons qu’elles comprennent justement que la situation qui a failli les détruire peut bien aider quelqu’un d’autre à se construire.

Haïti 24 : Parler pour se libérer est une forme de thérapie, néanmoins beaucoup de femmes préfèrent vivre dans le silence sachant qu’elles seront pointés du doigt et incompris par la société haïtienne, cela ne sera-t-il pas un handicap pour Séqu’Elles qui veut exposer au grand jour le vécu de ces femmes?
L.D.A. : Ce sera notre plus Grande difficulté mais aussi notre plus Grande force. La société haïtienne a toujours tendance à inculper les victimes pour disculper les coupables. C’est exactement ça que nous voulons déconstruire. Séqu’ELLES ne priorise pas que la parole mais aussi l’écoute. C’est pour cela qu’une assistance de plusieurs dizaines de personnes sera là pour écouter et interagir avec les invitées. Ça leur apprendra à ne plus porter de jugements hâtifs, mais à écouter pour comprendre.

Haïti 24 : Dites-moi, vous voulez proposer des contenus vidéos aux personnes intéressées, mais où pourront-ils les visionner ?
L.D.A. : Les causeries seront live sur Facebook pour ensuite être publiées après montage sur notre chaine Youtube.
Les parties les plus poignantes de la causerie seront relevées et publiées comme des ” quotes ” sur toutes nos pages.
Mieux encore, nous publierons des articles qui retraceront le vécu de l’invitée, de son passé tumultueux à ses moments de gloire.

Haïti 24 : Dites-nous, quelle est l’histoire de Ludnear Diane Augustin, la fondatrice et coordonnatrice de Séqu’Elles.
L.D.A. : Je suis née le 14 juillet 1996 à Pétion-Ville. J’ai grandi et fait mes études classiques au Collège Marie Dominique Mazzarello.

Actuellement détentrice d’une licence en Gestion des Affaires de l’École Nationale Supérieure de Technologie et j’étudie les Sciences Politiques à l’Université d’État d’Haïti.

Coordonnatrice de Séqu’ELLES et aussi blogueuse, rédactrice, j’apparais comme membre du jury au concours de chant pour enfants organisé par la Télé Soleil à l’émission “Soleil d’Été”.

Haïti 24 : Le lancement officiel de la plateforme est prévue pour ce 26 janvier 2020, autour du thème : “Tomber enceinte prématurément pour finalement accoucher d’un bébé… mort-né. Comment avancer malgré les séquelles ?”, le public aura-t-il droit à une rencontre de femmes ayant vécu un drame lié au thème proposé ?
L.D.A. : Au lancement officiel, nous parlerons grossesses et enfant mort-né. Un thème qui évoque le passé de l’invitée, Marcna Andy Pierre, une brillante jeune fille qui est la Fondatrice et Coordonnatrice de Demwazèl.

Haïti 24 : Partager l’histoire des femmes victimes de traumatisme, entre autres, est l’une des missions que vous vous êtes attribuées, quel sera l’agenda de vos publications ?
L.D.A. : Les causeries seront mensuelles. Chaque fin de mois pour être plus précise. Et les vidéos, quotes et articles suivront …

Haïti 24 : Un dernier message ?
L.D.A. : Ne jamais laissez vos idées dormir comme je l’ai fait pour Séqu’ELLES. Mais non, les idées peuvent dormir parfois parce que vous devez y mettre du temps et de la passion. Mais pour les réaliser, soyez au moins sûrs d’êtres entourés par les bonnes personnes.

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