Cinq faits à connaître sur la protection sociale des enfants

Près des deux tiers des enfants dans le monde ne sont pas protégés des conséquences à long terme de la pauvreté

Lundi 17 février 2020 ((rezonodwes.com))– Près des deux tiers des enfants dans le monde ne bénéficient d’aucune protection sociale. Pourtant, ils sont quelque 689 millions à vivre dans la pauvreté et la précarité, selon un rapport publié par l’UNICEF et l’OIT plus tôt cette année.

La protection sociale regroupe l’ensemble des programmes et des politiques nécessaires pour protéger les enfants des conséquences immédiates et à long terme de la pauvreté, et qui ont des retombées avérées dans la lutte contre la malnutrition et le manque d’eau potable et dans la mise en place d’une éducation de meilleure qualité.

La Convention relative aux droits de l’enfant et la Déclaration universelle des droits de l’homme reconnaissent toutes deux à chaque enfant le droit de bénéficier d’une protection sociale. Les objectifs de développement durable, eux aussi, appellent à élargir rapidement l’assiette de la protection sociale pour mettre fin à l’extrême pauvreté.

Pourtant, la vaste majorité des enfants n’a accès à aucune protection sociale, l’Afrique et l’Asie du Sud-Est étant les régions du monde où ils sont le moins bien couverts. Voici cinq faits à connaître sur la protection sociale des enfants :

1. Le risque de pauvreté et de vulnérabilité est plus élevé chez les enfants que chez les adultes.

La probabilité de vivre dans la pauvreté est nettement supérieure parmi les enfants, ces derniers représentant la moitié des personnes affectées par la pauvreté multidimensionnelle (indicateurs mesurant la pauvreté et la précarité au-delà du seul critère de revenu).

La pauvreté multidimensionnelle prive les enfants de ce dont ils ont le plus besoin pour survivre et s’épanouir : la nutrition, la santé, un logement, l’eau et une éducation.

Faire des enfants la cible prioritaire des investissements contribue à renforcer le capital humain et à favoriser la prospérité. Aussi la lutte contre la pauvreté infantile est-elle plus qu’un impératif urgent sur le plan moral : c’est un choix économique pertinent. Or, la plupart des enfants ne bénéficient d’aucun service de protection sociale.

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UNICEF/UN0252796/Schermbrucker

2. Seulement 35 % des enfants du monde entier sont couverts par une protection sociale.

Si certaines formes de protection sociale ont connu un essor remarquable ces dernières années, à l’instar des programmes d’assistance en espèces, le nombre d’enfants bénéficiaires reste faible. Près des deux tiers des enfants du monde entier n’ont pas accès aux programmes et aux politiques permettant d’atténuer et d’éliminer les effets de la pauvreté.

Par ailleurs, les taux de couverture varient grandement d’une région à l’autre. Dans les pays à revenu élevé, plus de neuf enfants sur dix reçoivent des prestations. A contrario, seulement 16 % de tous les enfants d’Afrique sont couverts par une protection sociale.

3. Les prestations en espèces changent la donne.

Partout dans le monde, les prestations en espèces destinées aux enfants et aux familles représentent une forme souvent cruciale de protection sociale. De fait, diverses études mettent en lumière les retombées positives de ces avantages pécuniaires sur la sécurité alimentaire, l’accès aux services de santé, la couverture vaccinale, la scolarisation et la fréquentation scolaire.

Au Népal, par exemple, les familles vulnérables qui touchent de petits montants en espèces peuvent acheter de la nourriture et des vêtements pour leurs enfants : cela fait une vraie différence dans leur vie. Au Kenya, les programmes d’assistance en espèces font baisser le nombre de grossesses précoces et aident les adolescentes à poursuivre leur scolarité.

Néanmoins, face aux besoins complexes des enfants et des familles, ces seules prestations ne constituent pas toujours une solution suffisante. Certains pays adoptent donc des programmes intégrés « cash plus », qui donnent accès à divers services complémentaires, tels que des programmes de formation en matière d’éducation, de santé maternelle et infantile, de soutien psychosocial et de sensibilisation à la nutrition. Par l’intermédiaire de ces programmes, les familles reçoivent des renseignements et des services essentiels qui ont des incidences majeures sur le bien-être des enfants.

4. Vingt-et-un pays versent des prestations en espèces à tous les enfants.

Aujourd’hui, 108 pays ont prévu dans leur législation le versement d’allocations aux familles et aux enfants. Parmi eux, 21 proposent une prestation universelle en espèces (pour toutes les familles, sans critère de revenu ou autre) afin d’atténuer les coûts liés au fait d’élever des enfants. Les prestations universelles contribuent à ce que tous les enfants, en particulier ceux qui en ont le plus besoin, aient accès à une protection sociale.

En éliminant les obstacles à la prise en charge des enfants dans des programmes ciblés (processus complexes de demande et de sélection, situation fluctuante des familles par rapport au seuil de pauvreté), ces prestations universelles réduisent le risque d’exclusion.

5. En moyenne, les pays consacrent 1,1 % de leur produit intérieur brut aux prestations d’aide à l’enfance.

Pour protéger les enfants de la pauvreté, il est indispensable de mobiliser des ressources suffisantes. À l’heure actuelle, les pays consacrent 1,1 % de leur produit intérieur brut aux prestations d’aide à l’enfance. Toutefois, les investissements en faveur de la protection sociale doivent progresser pour respecter le droit des enfants à la protection sociale, faire reculer la pauvreté et favoriser l’épanouissement.

Les gouvernements du monde entier, y compris dans les pays à revenu faible et intermédiaire, ont déjà prouvé qu’il était possible de financer cette protection sociale. La Mongolie et la Zambie, par exemple, ont affecté leurs taxes minières et gazières au financement des prestations d’aide à l’enfance. De leur côté, le Costa Rica et la Thaïlande ont réduit leurs dépenses militaires pour offrir une couverture plus large.

Un avenir meilleur

Les pouvoirs publics ont un rôle majeur à jouer pour préserver les enfants de la pauvreté. Renforcement des liens entre prestations en espèces et services sociaux, collecte de données systématique, suivi régulier des progrès : ces moyens, entre autres, permettent aux gouvernements de veiller à ce que tous les enfants, y compris les plus difficiles à atteindre, soient protégés. L’UNICEF travaille activement dans plus de 100 pays pour aider les pouvoirs publics à atteindre ces objectifs.