Crise-Haïti: des partis politiques de l’opposition écrivent à António Guterres

Haïti: Des partis politiques de l’opposition écrivent au secrétaire général des Nations Unies pour dénoncer la mauvaise gouvernance de l’équipe au pouvoir.

Dans une lettre signée de Edgard Leblanc Fils (OPL), Sadrac Dieudonné (MOCHRENHA), Edmonde Supplice Beauzile (FUSION), Génard Joseph (VÉRITÉ), Kénol Mathieu (VEYE YO) Paul Denis (INIFÒS), Marjory Michel et Nenel Cassy du Secteur Démocratique et populaire, Jean Baptiste Bien Aimé et Hugues Celestin de, Initiative Patriote Marien – IPAM, Youri Latourtue (AAA), Sorel Jacinthe (INITE) dont copie a été envoyée au Conseil permanent de l’OEA, au Conseil de l’Union Européenne, et au Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme.

Ces dirigeant de partis politiques ont clairement fait savoir à la communauté internationale qu’il est désormais “inévitable de préparer une transition pacifique au travers d’un réel dialogue inclusif.” Et, “le président Moise ne pourra pas organiser, seul et par décrets, des élections honnêtes, transparentes et crédibles.”

Dans leur argumentaire, les partis de l’opposition qui n’ont cessé de réclamer la démission du chef de l’État ont essayé de démonter le rapport d’un compte rendu sur l’évolution de la situation en Haïti fait par le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH) la semaine écoulée.

Par rapport à la politique et la gouvernance, l’opposition estime que le président est en train de commettre des dérives grave. Depuis le mois de janvier 2020, le président gouverne sans contre-pouvoir, par décret, ce que la constitution ne lui permet pas de faire.

La Constitution de 1987 amendée est élaborée dans le souci d’une politique claire et transparente. Elle est élaborée dans le souci d’équilibre entre les trois pouvoirs de l’état et de la bonne gouvernance. Et alors, qu’est-ce qui pourrait justifier l’absence d’un parlement ? Et pourtant, le rapport en fait mention comme s’il s’agissait d’un mode de fonctionnement démocratique.

Ce manquement conduit le Président à la nomination d’un premier ministre de facto en la personne de Monsieur Jouthe. Ici, il revient de se poser très clairement la question suivante : le Pouvoir Exécutif en place, a-t-il organisé périodiquement des élections ?

Le Président à qui il incombe de veiller au bon fonctionnement des institutions a délibérément choisi de ne pas organiser les élections pour renouveler un premier tiers du sénat en octobre 2017, et le second tiers en octobre 2019, et la chambre des députés à la même date.

Démocratie et bonne gouvernance marchent de pair dans le respect des prescrits constitutionnels. La bonne gouvernance recouvre aussi bien la capacité du gouvernement à gérer efficacement ses ressources, à mettre en œuvre des politiques pertinentes, que le respect des citoyens et de l’État pour les institutions, ainsi que l’existence d’un contrôle démocratique sur les agents chargés de l’autorité

Critique sur la gestion du Covid-19

Selon le BINUH, écrivent-ils, “les autorités ont encore grande peine à ouvrir des centres médicaux dédiés au traitement des patients atteints de Covid-19. Pays de plus de onze millions d’habitants, Haïti n’a actuellement la capacité de traiter que quelques centaines de patients à la fois, même si de nouveaux lits se libèrent chaque jour.”

Et pourtant, “l’État Haïtien a placé une commande de plus de 18 millions de dollars pour l’acquisition de matériels hospitaliers conformément au plan de préparation de réponse du MSPP au coronavirus auprès de la firme Bowang Co. Cette commande, une première partie d’un montant plus globale de 27 millions, doit arriver en Haïti par avion autour du 10 avril”. Propos du Premier Ministre actuel recueillis par le Nouvelliste dans sa publication en date du 30 Mars 2020

“Le plan de gestion du Covid-19 a plutôt servi les intérêts de l’Exécutif. À la suite du lancement de la campagne nationale de nettoyage le jeudi 2 avril 2020 dans les locaux du ministère de la Communication, l’actuel Ministre des Travaux publics, Transport et Communication tablait sur le recensement d’ici le 15 mai, de 1000 à 1500 morts par jour dans le pays. La stratégie adoptée, associée au mode actuel de gestion de cette crise par les autorités gouvernementales, dénote très clairement une poursuite volontaire et délibérée du laissez-faire face à une contamination massive et, par ricochet, l’acceptation anticipée d’un fort taux de décès.”

“Le budget préparé par les autorités gouvernementales ressemble bien à un exercice élémentaire de pose de chiffres en ignorant totalement certaines réalités cruciales. Comment juger de la crédibilité d’un budget de plan de réponse quand ses premières lignes consacrent plus de 120 millions de gourdes à l’acquisition de téléviseurs, de réfrigérateurs, de jeux de couverts… ?”

“Le poste le plus budgétivore consacré à l’isolement institutionnel (2,5 milliards de gourdes, soit environ 70% de l’enveloppe globale) couvre essentiellement l’acquisition des EPI (bottes, gant, mask N95, lunettes, salopette) au profit du personnel médical. Pourtant, les autorités invitent la population au port du masque sans aucune prévision d’acquisition au dit budget.”

La criminalité, les tueries et massacres encouragés par l’État

La lutte contre la violence de proximité a été engagée par les Nations Unies depuis le retour à l’ordre constitutionnel, c’est à dire en 1991. Aujourd’hui encore, le même problème, en prenant des dimensions inimaginables, se pose dans toute son acuité. Que peut faire une Commission haïtienne de désarmement, de démobilisation et de réinsertion face à ce fléau ? L’organisation mondiale sait que cette entité était déjà créée sous la présidence de Préval, et la montagne avait accouché d’une souris.

Les Nations Unies, le Conseil de Sécurité, sont-ils préoccupés de ce qui se passe dans le pays concernant l’occupation du territoire par les gangs armés et la terreur qu’ils répandent au su et au vu du gouvernement ? Ils relatent que la Police nationale d’Haïti, bien qu’informée des attaques, n’est pas intervenue alors que Bel Air est entouré de postes de police.

Les Nations Unies et le Haut Commissariat des Droits de l’Homme ont produit un rapport “sur les allégations de violations et abus des droits de l’homme lors des attaques dans le quartier de Bel-Air, à Port-au-Prince, du 4 au 6 novembre 2019”. Dans leur résumé exécutif, ils relatent “Environ 30 résidences et 11 voitures ont été incendiées au cours de ces incidents. Deux des décès sont attribués à des agents de la Police nationale d’Haïti résidant dans le quartier de Bel-Air et qui n’étaient pas en service au moment des faits.

Trois membres actifs de la Police nationale d’Haïti auraient également participé aux attaques aux côtés des gangs.” Un représentant des autorités aurait proposé la somme de cinq millions de gourdes aux cinq représentants d’organisations locales pour attaquer les riverains du Bel Air.

A lire aussi :

– Haïti –  Crise  Politique – OEA – ONU – Opposition Politique