Haïti : Bourgeoisie compradore et frein des efforts de développement national


Comment comprenez vous qu’une bourgeoisie commerciale «compradore et/ou mercadore» puisse freiner les efforts de développement national?

La bourgeoisie est la classe sociale qui détient les moyens de production d’un pays. Elle représente pour le pays auquel elle appartient le moteur de son développement, évidemment si elle est nationale.

Dans le cas contraire une bourgeoisie commerciale est un frein au développement en raison qu’elle travaille uniquement au profit de son bonheur économique sans tenir compte de la situation socio-économique ambiante.

Cette classe sociale est tellement importante, elle doit collaborer avec l’État pour le développement du pays. En effet, l’État n’ayant pas les moyens suffisants pour donner de l’emploi à toute une population,la bourgeoisie doit créer de l’emploi à la seule condition que l’État crée un environnement favorable et offre certains avantages à court et à long terme.

Si dans un État, on aurait une bourgeoisie essentiellement commerciale, cette dernière ne fera qu’accélérer l’effondrement de la production nationale en se contentant d’importer ce dont la population aura besoin.

Elle ne tardera pas à éviter et à bloquer toute concurrence, en instituant des monopoles ou oligopoles afin de rendre disponibles les produits à des prix exorbitants. Ce marché restreint uniquement favorable à des clans sera au détriment des autres secteurs économiques.

La population sera finalement la principale victime de ce modèle de bourgeoisie mercadore-compradore. Dans un pays, avec une bourgeoisie strictement commerciale, l’État sera dans l’impossibilité d’émerger. en dépit de la vision économique des dirigeants.

Dans le cas d’Haïti, outre une bourgeoisie en grande majorité commerciale, la composition de ses membres, pour la plupart d’origine étrangère, favorise des conditions de clivage et de blocage de toute vision essentiellement nationale.

Tout cela contribue au maintien du pays dans sa condition de sous-développement et à l’effondrement de la production locale.

Cette bourgeoisie n’investit pas dans la production agricole et ne produit aucun effort pour implanter des industries dans tout le pays et créer des emplois durables. Ils préfèrent importer les produits pour importer des produits étrangers.

Seule l’industrie de sous-traitance les attire, grâce à la possibilité d’offrir des salaires misérables pour un retour sur investissement intéressant, mais n’ayant pas grand effet multiplicateur dans l’économie.

Pascal Fleuristil