Haïti – L’absence de transparence dans l’utilisation des fonds pour covid-19 et la mauvaise gestion de la crise sanitaire pourraient exacerber le mécontentement politique, analyse un journal latino-américain

Haïti est toujours au premier stade de la pandémie, s’accordent à dire les experts.

Dimanche 3 mai 2020 ((rezonodwes.com))–La stabilité politique précaire d’Haïti ne tient qu’à un fil au milieu de la pandémie mortelle de Covid-19 qui balaie le monde et commence à faire des ravages dans la nation des Caraïbes.

Avec les nombres de 85 cas confirmés, huit morts et dix cas récupérés, annoncés en fin de cette semaine, les experts s’accordent à dire que le pays se trouve aux premiers stades de ce fléau, et que si des mesures strictes ne sont pas prises pour enrayer sa propagation, la situation pourrait s’avérer « catastrophique ».

Ils ont même indiqué que, si les pires prévisions se réalisent, 86 % des 12 millions d’habitants pourraient tomber malades et 20 000 perdre la vie.

Dans ce contexte, à la mi-mars, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence sanitaire, un couvre-feu de nuit, la fermeture des frontières et l’interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes pour arrêter la transmission du virus dans un pays dont le système de santé est faible et les infrastructures sanitaires insuffisantes.

Cependant, les crises sociopolitiques récurrentes menacent de perturber les réglementations gouvernementales à un moment où les cas positifs sont en augmentation, sans que la maladie n’ait encore atteint son point culminant.

La semaine dernière, des groupes de policiers ont manifesté dans la capitale pour exiger de meilleurs salaires, des primes économiques et du matériel pour faire face à la maladie, qui a déjà dépassé les trois millions d’infections dans le monde.

Les agents ont procédé à une mobilisation avec l’affichage des comportements violents, qui ont expulsé des employés de plusieurs institutions publiques, paralysé les artères et mis le feu à des voitures officielles.

Cette manifestation s’inscrit dans une saga de protestations qui remonte au début de l’année et a provoqué des affrontements avec l’armée, faisant au moins deux morts et une douzaine de blessés.

En outre, l’opposition commence à montrer son mécontentement face à la gestion de la crise sanitaire par l’administration Jovenel Moïse, et exige la transparence dans l’utilisation des fonds de l’État et des dons internationaux.

Le Secteur Démocratique et Populaire, qui a mené en 2019 les manifestations anti-gouvernementales, a dénoncé une prétendue politisation de l’aide accordée en temps de pandémie en faveur des proches du gouvernement, tandis que d’autres plateformes ont mis en garde contre les promesses non tenues du président.

La faible perception du risque, l’incapacité de la plupart des citoyens à rester chez eux en raison de leur dépendance à l’égard d’une économie informelle, en plus du faible accès à l’eau, et la surpopulation dans de nombreux quartiers vulnérables, font de la lutte contre le Covid-19 en Haïti un complexe qui n’a pas encore été soustrait à l’impact des tremblements de terre, des ouragans et du choléra.

Même si les pires prévisions ne se réalisent pas, la crise sanitaire peut exacerber le mécontentement politique et mettre à nu les profondes inégalités sociales qui persistent dans le pays, la majorité de la population se situant en dessous du seuil de pauvreté.

source : Prensa Latina