Jovenel Moïse à la tête d’une armée forte de plus de 400 membres…

L’article 143 de la Constitution haïtienne est claire : « Le Président de la République est le Chef nominal des Forces Armées, il ne les commande jamais en personne. » N’empêche que le président de la République continue sur sa lancée… Avec la remise des diplômes le mercredi 14 août 2019 à la base militaire Anacaona à Léogàne  à 15 officiers, 50 aspirants sous-officiers et 250 soldats, le président Jovenel Moïse est désormais à la tête d’une nouvelle version des Forces armées d’Haïti (FAd’H) fortes de 435 membres. 120 militaires ont été déjà formés en Équateur et déployés sur le terrain…
« Je jure et promets solennellement fidélité à la République d’Haïti. Je jure de la servir selon mon honneur et ma conscience et de la défendre contre tous ses ennemis, quels qu’ils puissent être. Je jure allégeance et respect à la Constitution et au drapeau. Je jure et promets obéissance aux ordres de mes supérieurs hiérarchiques, et ce conformément aux règlements des Forces armées d’Haïti… ». La tête altière et hauts les fronts, fiers dans leurs treillis à peine sorti de chez le couturier, ces 15 officiers, 50 aspirants sous-officiers et 250 soldats ont prêté serment d’allégeance ce qui consacre leur entrée définitive dans les Forces armées d’Haïti (FAd’H).
Exhibition, défilé, parade… ces nouveaux militaires ont tout fait pour charmer le chef de l’État, le Premier ministre démissionnaire, le haut état-major de l’armée, les membres du gouvernement, les membres de leurs familles et d’autres personnalités qui assistaient à la cérémonie.
« La remobilisation de l’armée n’est pas seulement une promesse de campagne, c’est une exigence constitutionnelle. C’est aussi un moyen d’aider le peuple à se réconcilier avec son histoire », a déclaré Jovenel  Moïse qui, pour une fois, n’a pas profité de l’occasion pour faire des déclarations sur la crise politique qui secoue le pays depuis son accession au pouvoir. Selon le chef de l’État, la remobilisation des Forces armées a été faite dans le respect de la Constitution.
Pour le locataire du Palais national, il s’agit d’une armée moderne au service du peuple, « une force de défense qui va aider dans les catastrophes naturelles, dans la surveillance des frontières maritime et terrestre. Une force de défense qui sera là pour protéger le peuple, participer à la construction d’infrastructures routières… »
Alors que le lieutenant général Jodel Lessage a souligné dans son intervention que les FAd’H n’ont pas de moyens pour fonctionner, le chef de l’État a annoncé que les moyens allaient venir.  « Des instructions ont été déjà passées au Premier ministre pour doter surtout le corps du génie d’équipements neufs dans le prochain arrivage d’équipements dans le pays », a promis Jovenel  Moïse, faisant référence aux 123 millions de dollars d’équipements commandés par l’État de concessionnaires haïtiens.
« Être miliaire c’est bien plus qu’un métier, c’est un sacerdoce. C’est un engagement qui se traduit à l’acceptation de fortes exigences, la disponibilité, la primauté absolue de l’exécution de la mission. C’est aussi l’adhésion à un code d’honneur faisant référence au désintéressement, à l’obéissance, au courage, à l’abnégation, à l’honnêteté, à la fraternité et au patriotisme ». Tels ont été les propos du chef de l’État aux membres de la nouvelle armée.
« Les défis qui attendent cette nouvelle force de défense sont immenses, a-t-il ajouté.
En embrassant les contraintes de la vie militaire, vous subirez les rigueurs de l’entraînement et vos familles en pâtiront grandement. Que chacun puisse compter sur le soutien de l’autre, quels que soient les aléas de la vie. Soyez fiers de faire partie de cette institution de promotion et de mixité sociales. »
Le commandant en chef des FAd’H, le lieutenant général Jodel Lesage, a pour sa part souligné comment il a été difficile pour le haut état-major d’arriver à cette étape. « Le cheminement a été pénible. Il a fallu le sacrifice d’officiers et de soldats de l’ancienne génération pour prendre le relais des formateurs mexicains à qui il a été confié la formation initiale de ces soldats. Nous voulons aussi saluer la disponibilité et le professionnalisme de ces militaires étrangers », a-t-il souligné.
« Votre mission consiste à vous mettre au service de la population. Pour bien servir la population, nous avons besoin de ces cadres, à qui nous souhaitons la bienvenue solennellement. Leur présence est indispensable pour remembrer notre service de génie, de santé et notre corps d’agronomie.  Le haut état-major est animé par l’obsession d’engager les officiers soldats dans les recoins du pays, sur les chantiers de reboisement, de percement de routes, de curage de ravines et de lits de rivières, de protection de bassins versants. Nous avons tout aussi hâte de couvrir nos frontières terrestre et maritime », a annoncé le général.
Jodel Lesage a souligné que la tâche est immense mais « nous sommes déterminés à nous colleter à ce labeur malgré la précarité des moyens parce que nous nous sentons stimulés par l’ampleur du défi. Nous souhaitons que dans un délai très proche l’État nous permette de donner la pleine mesure de nos capacités, car il nous tient à cœur de canaliser les jeunes énergies que nous accueillons aujourd’hui pour le plus grand bien de la population haïtienne. À les voir dans les entraînements, je peux affirmer qu’ils sont disposés de corps, de cœur et d’esprit à contribuer à la survie d’Haïti », a affirmé le numéro un des FAd’H.
Pour le ministre de la Défense, cette nouvelle armée se veut une armée moderne et professionnelle, attelée à des tâches de défense dans toutes ses dimensions avec une emphase sur la formation et la mise en place d’unités militaires techniques capables d’intervenir dans les cas de catastrophes naturelles, de conduite des travaux de construction et de protéger les patrimoines historiques, environnementaux et économiques et d’apporter leur appui au développement communautaire.
« En devenant aujourd’hui officiers, sous-officiers et soldats dans l’armée d’Haïti, a avancé le ministre, vous devez bien vous imprégner des valeurs véhiculées par l’institution militaire. Être militaire en Haïti c’est personnifier la nation car elle a été créée par notre première armée, connue à travers la planète comme l’armée de libération. Je ne cesserai de vous rappeler qu’Haïti a besoin d’une armée de service. Vous qui portez l’uniforme, vous devez être le modèle, le protecteur et le secours de vos compatriotes. »
Le commandant de la base Anacaona, le major Louicin Dieudonné, a fait savoir que cette promotion pluridisciplinaire est maintenant « un groupe compact, homogène, solide, discipliné, capable de réagir comme un seul homme. Ces jeunes recrues viennent grossir un groupe composé de médecins et d’agronomes, à qui nous avons eu l’opportunité d’inculquer la discipline militaire et le bagage les habilitant à accompagner le peuple haïtien », a-t-il précisé.
Il a souligné que le programme de formation comprend les matières suivantes : savoir-vivre, garde intérieure, hygiène, histoire militaire, règlements généraux de l’armée, initiation au droit, gestion des risques et désastres, droits humains et justice militaire, communication militaire, entre autres.
Cette nouvelle promotion compte dans ses rangs pas moins de 50 femmes. Les officiers sont des médecins, des agronomes, des ingénieurs. Myrlange Sinvil, ingénieur civil née le 19 mars 1989, est la lauréate de cette promotion.
Outre les 15 officiers, les 50 aspirants sous-officiers, les  250 soldats et les 120 militaires formés en Équateur, il y a les 7 membres du haut état-major des FAd’H.
Parmi les grands absents de la cérémonie de collation de diplômes, la première dans cette nouvelle version des FAd’H, on peut citer les présidents des deux branches du Parlement, les membres du pouvoir judiciaire, des représentants de la communauté internationale, le directeur général de la PNH, entre autres.
Robenson Geffrard et Ricardo Lambert