La France accusée de racisme et de xénophobie envers les haïtiens de Guadeloupe


Dans une lettre ouverte adressée aux autorités françaises de la Guadeloupe, l’Association « Tèt Kole » membre de la Fédération d’Associations Franco-Haïtienne de Guadeloupe et du Collectif Haïti de France, dénoncent le non-respect des droits humains de la communauté haïtienne vivant en territoire français d’Outre-mer, notamment en Guadeloupe, sous le coup de décisions discriminatoire, puisqu’elles ne concerne spécifiquement que les haïtiens.
Extrait de la lettre ouverte aux autorités françaises :
« […] l’Association « Tèt Kole » membre de la Fédération d’Associations Franco-Haïtienne de Guadeloupe et du Collectif Haïti de France vous informe de la situation plus qu’inquiétante des Haïtiens vivant en Guadeloupe.
[…] nous constatons depuis quelques temps, que la population haïtienne de Guadeloupe est victime de plus en plus de non-respect des droits humains […] alimentée par le mépris de certaines administrations publiques.
Pour illustrer notre propos, nous avons appris depuis peu que pour lutter contre la circulation de faux documents administratifs, le Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères aurait recommandé à la sous-préfecture de ne plus prendre en compte les extraits d’acte de naissance déjà légalisés par trois institutions publiques en Haïti (Parquet, Ministère de la justice, Ministère des Affaires Étrangères) en plus du Consulat Général d’Haïti en Guadeloupe qui confirme leur légalité.
Désormais ces documents doivent être légalisés par l’Ambassade de France en Haïti pour toutes les démarches concernant : les premières demandes de titre de séjour et dans certains cas de renouvellement. Une recommandation transformée en obligation par la sous-préfecture. Une telle décision est plus que contraignante et extrêmement discriminatoire car elle ne concerne que les Haïtiens vivant en Guadeloupe.
L’ambassade réclame 25 euros par extrait légalisé. Outre les coûts supplémentaires infligés aux familles en situation de précarité, s’ajoute une liste de documents très difficiles à obtenir en Haïti dans des délais raisonnables :
– Copie de la pièce d’identité du déposant.
– Copie de la pièce d’identité du demandeur en France.
– Copie de justificatif de domicile en France de moins d’un an.
– Courrier de l’autorité ayant demandé la légalisation.
– Lettre du demandeur en France donnant procuration au déposant pour accomplir les démarches de légalisation auprès de nos services.
– Signature légalisée à la mairie de votre domicile.
De fait, cette décision qualifie tous les Haïtiens de Guadeloupe sans distinction de faussaires. Elle est également humiliante.
Il nous semble que le Consulat d’Haïti a toute compétence pour la légalisation de ces documents. En prenant une mesure si injuste, le Ministère de l’Europe et la sous-préfecture posent un frein de plus à la volonté d’intégration de cette communauté.
[…] De plus, la sous-préfecture refuse de donner le courrier exigé par l’Ambassade de France aux usagers, selon toute vraisemblance elle n’est même pas au courant de la liste des documents exigés pour la légalisation. Pourtant, cette liste leur a été envoyée par les associations pour les alerter sur les difficultés engendrées.
[…] Par ailleurs cette décision a aussi surpris le consulat d’Haïti en Guadeloupe, qui se retrouve avec des centaines d’extraits d’archives sous les bras ou déjà livrés sans la légalisation exigée par la sous-préfecture, en conséquence, des centaines de familles sont encore pénalisées car elles doivent payer à nouveau pour renvoyer les extraits en Haïti par leurs propres moyens […]
[…] Cette décision n’est qu’une épine déguisée supplémentaire aux pieds des haïtiens de Guadeloupe. Pour rappel, notre population est quotidiennement la proie du racisme et de la xénophobie et nous aimerions être traités autrement par le service public français.
[…] Certains agents de la police, et de la PAF (police de l’air et des frontières) sans crainte d’être inquiétés s’octroient le droit de lancer des propos racistes et xénophobes régulièrement contre les originaires d’Haïti.
Des obligations de quitter le territoire (OQTF) sont signées à tour de bras par la sous-préfecture de Pointe-à-pitre pour des personnes qui vivent irrégulièrement depuis 10, 15, 20 ans et plus sur le territoire faute de pouvoir régulariser leur situation.
[…]
Ces OQTF sont souvent truffées d’inexactitudes sur la situation réelle. Faute de considération, la plupart des familles dépensent une fortune, jusqu’à 3,000 euros en frais d’avocats pour les recours au tribunal administratif. Dans la grande majorité des cas ces recours sont gagnés par les plaidants ce qui montre la légèreté avec laquelle ils ont été traités par l’administration.
[…] Autre exemple, des titres de séjour sont délivrés par la sous-préfecture avec deux ou trois mois de validité, voire des fois carrément périmés.
Ceci n’est qu’un bref relevé des abus administratifs subis par la population haïtienne de Guadeloupe. Ces pratiques n’honorent pas la France, pays des droits de l’homme et du citoyen. […] »