La ville du Cap-Haïtien: De « la fierté à la honte »


Le Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays était, il y a environ 30 ans de cela «la fierté » du pays, en raison de la qualité de l’environnement et de la propreté de la Ville. En 2019, elle est l’une des villes les plus insalubres du pays. Presque toutes les rues et tous les quartiers de la deuxième ville du pays sont parsemés de déchets ces derniers jours. La ville du Cap-Haïtien n’en peut plus, cette dernière arrive à la limite en tant que ville touristique. Les déchets sont omniprésents dans pratiquement tous les coins de rue et le décor est comme une décharge à ciel ouvert en plein cœur de la ville. Les rues sont effroyables. Comme un décor apocalyptique, la population offre un tableau à travers de petits monts de déchets balayés, notamment, à l’entrée de la ville, à Vertières, à Sainte-Philomène et dans les quartiers avoisinants.

De «Cap-Henri», la deuxième ville du pays est devenue «Cap de la poubelle». On a tendance à croire que les pouvoirs publics, précisément le gouvernement et les autorités municipales n’ont rien fait pour sortir la ville de cette situation. Mais d’un autre côté, qu’il ne faut pas oublier que la population a sa responsabilité dans l’état de l’insalubrité de la ville.

Ces dernières années, le Cap -Haïtien perd son charme, cette ville n’est plus la coquette d’autrefois. Des tonnes d’ordures jonchent chaque jour les rues. C’est le cas vers le Grand Marché, mais aussi dans la plupart des quartiers de la ville. En cette période de pluies, les immondices empêchent l’eau de circuler, causant parfois des drames.

Aujourd’hui la ville du Cap-Haitien est caractérisée par une urbanisation incontrôlée, une surexplosion avec peu d’effets socio –économiques positifs. En plus, les réseaux de villes dans le nord d’Haïti sont désarticulés, les relations de complémentarité entre la ville et la campagne ne sont pas entretenues. Il y a une forte migration interne et les migrants internes viennent imposer leurs normes rurales à la vieille ville du roi Christophe.

Malgré le jumelage de la ville avec d’autres villes du monde, des projets et tous les matériels que la ville a bénéficié, il n’y a pas de progrès ni d’amélioration pour la ville du Cap-Haitien. Il n’y a pas une politique de gestion des déchets : les camions bennes en charges de transport des immondices ne circulent plus comme auparavant dans la ville, les agents en charge de la collecte de déchets ne sont plus remarqués, il n’y a pas d’endroits qui sont construits pour déverser les déchets collectés « site de décharge ».

Peut –on affirmer que la population de la ville du Cap-Haitien a la légendaire fierté Christophienne avec ses normes de grandeur, d’efficacité, de propreté et de discipline citoyenne?

Dans la cité Christophienne, la population a acquis une mauvaise manière de vivre. Aujourd’hui, on a l’impression que l’insalubrité fait désormais partie intégrante de ses habitudes. Il n’est pas rare de voir que les gens déversent sans gêne, les eaux usées remplies de déchets et les ordures ménagères dans les égouts, dans les caniveaux ou dans les rues. À cause de ces pratiques insalubres, les canalisations se bouchent, engendrant ainsi l’apparition de mares où prolifèrent les moustiques au niveau de la ville.

Dans le quotidien on peut remarquer de commerçants, vendeurs ambulants, clients, motocyclistes et automobilistes se disputent le moindre passage pour éviter de se salir. Au passage d’un véhicule, plusieurs personnes sont éclaboussées par les eaux stagnantes. Ces désagréments sont également provoqués par les tricycles malgré l’interdiction de ce type de véhicule dans le transport en commun par la Direction de la Police Routière.
Cap Haïtien dispose d’un fort potentiel touristique : un patrimoine architectural colonial remarquable, une proximité avec les sites classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO, tels que la Citadelle La Ferrière et le Palais Sans Souci. Cette ville constitue également une ouverture sur la zone américaine et caribéenne, un port, un aéroport international, ce qui en fait un pôle de développement.

Le Cap-Haïtien, malheureusement, n’est pas le seul endroit du pays à se trouver dans cette situation dégradante. C’est le sort de la majorité de nos grandes villes où la poussée démographique représente un vrai fléau.

Cap –Haïtien, le 20 Juillet 2019

Vitalème ACCÉUS
Anthropo-Sociologue
E-mail :acceus2009@gmail.com