L’ambassadeur Kelly Craft appelle à « une solution inclusive au bénéfice du peuple haïtien …»

Les États-Unis, après les appels pour la mise en place d’un gouvernement, ont dépêché un top diplomate en Haïti. Elle a écouté les positions de l’exécutif et de l’opposition et a plaidé pour une solution inclusive au bénéfice du peuple haïtien.

L’ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, Kelly Craft, a bouclé sa mission de quelques heures en Haïti, mercredi 20 novembre 2019. Au terme de son périple, dont l’un des objectifs était « d’encourager les leaders haïtiens à adopter des mesures urgentes pour former un gouvernement au service du peuple haïtien », les services de l’ambassadeur Craft ont publié un communiqué qui exprime, entre autres, l’obligation des leaders haïtiens à trouver un consensus, les attentes de la diplomate pour que les défis soient surmontés et la nécessité que les responsables de tueries à La Saline et au Bel-Air soient poursuivis par la justice haïtienne.  « Le président Jovenel Moïse et les autres leaders élus ont l’obligation de se mettre ensemble, de mettre de côté leurs différences et de chercher une solution inclusive au bénéfice du peuple haïtien. Les États-Unis se tiennent prêts à supporter. Je quitte Haïti avec l’attente qu’ils surmonteront les défis », a indiqué ce communiqué, mercredi 20 novembre 2019.  

Le président Jovenel Moïse, selon ce communiqué,  a évoqué son engagement de promouvoir un meilleur futur pour tous les Haïtiens. « Durant ma rencontre aujourd’hui avec Jovenel Moïse, le président démocratiquement élu d’Haïti, il a clarifié son engagement à adresser les besoins urgents, promouvoir la prospérité économique et à bâtir un futur meilleur pour tous les Haïtiens », a indiqué le communiqué. « Mon engagement avec les responsables politiques et économiques, a poursuivi le communiqué, renforce le besoin urgent  de supporter les institutions de l’État. Un gouvernement pleinement fonctionnel pour lutter contre la corruption, investiguer et poursuivre les responsables de violations de droits humains, incluant ceux responsables pour les tueries de La Saline, de Bel-Air et combattre le trafic de drogue et d’être humain », a indiqué ce communiqué.

Quelques heures auparavant, le président Jovenel Moïse a évoqué sa rencontre avec l’ambassadeur Craft. « Je me suis entretenu avec l’ambassadeur des États-Unis auprès de l’ONU, Mme Kelly Craft, autour des voies et moyens à mettre en œuvre, dans le cadre d’un dialogue inclusif, en vue de parvenir à une résolution consensuelle de la crise politique que connaît le pays », a tweeté le président Jovenel Moïse. Le sénateur Youri Latortue, membre de l’Alternative, a indiqué, qu’à l’ambassadeur Craft, venue « écouter » et non « décider », l’opposition reste sur la position exprimée dans l’accord de Marriott. « Nous avons défendu la position de l’accord de Marriott. Nous avons dit qu’il faut de toute façon une transition. Le président ne pourra pas faire les élections. Il faut que nous allions vers la transition », a confié le sénateur Latortue au journal.

« Nous lui avons dit que tout le pays est bloqué. En ce qui a trait à ce blocage, nous pouvons arriver à une situation de chaos. Il faut trouver une solution. Nous avons déjà conclu l’accord de Marriott. Nous essayons de rallier d’autres partis pour avoir une position unitaire », a poursuivi le sénateur Youri Latortue, qui indique avoir attiré l’attention de l’ambassadeur Craft sur la perception d’un soutien des Etats-Unis au président Jovenel Moïse, pas au peuple haïtien.

Joël Édouard Vorbe, membre du directoire de Fanmi Lavalas, a indiqué avoir souligné à l’attention de l’ambassadeur Kelly Craft « que le départ sans condition de Jovenel Moïse est la solution acceptable pour la majorité de la population ».

Le président du Parti haïtien Tèt Kale, (PHTK) Sainphor Liné Balthazar, présent à la rencontre, a indiqué avoir défendu la position de son parti. Le PHTK ne souscrit pas à l’accord de Marriott qui demande  le départ du président Moïse. Il faut que ce soit un élu qui remplace un élu, a expliqué Saimphor Liné Balthazar. « Nous pensons que tout accord inclusif doit déboucher sur la mise sur pied d’un gouvernement d’union nationale qui inclut toutes les forces politiques et sociales pour engager les réformes politiques et économiques jusqu’à la tenue d’élections générales qui peuvent être anticipées ou non anticipées », a expliqué Sainphor Liné Balthazar. « La formation d’un gouvernement d’union nationale n’a pas été   discutée », a révélé Sainphor Liné Balthazar. Ce qui a été confirmé par le sénateur Latortue et M. Vorbe. Le journal a appris que les sénateurs Joseph Lambert, Évallière Beauplan, l’ex-sénatrice Edmonde Supplice Beauzile et le président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti, Bernard Craan, ont participé à cette réunion avec l’ambassadeur Kelly Craft.

La mission de l’ambassadeur Kelly Craft intervient à un moment où deux appels à manifester de l’opposition n’ont pas drainé la foule. À Port-au-Prince et dans d’autres villes l’étau du « lòk » s’est quelque peu desserré. Toutefois, dans plusieurs points du territoire, des gangs continuent de commettre des exactions contre des membres de la population.

La diplomate américaine a effectué sa mission à un moment où l’économie haïtienne coule à pic. En 2019, pour la première fois depuis le séisme de 2010, Haïti connait  un taux de croissance du PIB négatif – 0,6 % et le taux d’inflation a été supérieur à 20 % en octobre.

Source Le Nouvelliste