L’animal politique dans ses œuvres : les hostilités commencent !


Après sa métamorphose surprenante, le caméléon politique expose ses âcres frustrations et déceptions, s’impose, frappe, critique, fustige en faisant la navette dans les médias, fait la leçon et propose les bonnes façons de faire à la présidence indigne qui l’a trahi, bafoué, ridiculisé et humilié en lui ravissant le poste de Premier Ministre « qui lui reviendrait de droit ».

En tout cas, peu importe la terminologie adoptée, on sait que cet animal politique en détresse, aigri, frustré, révolté, fils de la famille, mais victime des fausses promesses, de la trahison et des mensonges présidentiels multicolores – loupant ainsi son rêve tant caressé d’occuper le fauteuil bourré de la Primature – est extrêmement dangereux. Il connait, sur le bout des orteils, cette forêt et cette jungle de banditisme, de corruption, de l’indécence, de la cupidité et du gaspillage des ressources logistiques et financières de l’Etat. Il prend la fuite, sans corde, sans dompteur, sans dresseur, à la recherche d’alliés, de proies et d’autres butins. Donc, il n’aura pas de pitié pour les brebis, les moutons, les poussins, les cigognes, les chevreaux, les canetons, les chiots, les chatons, les vulnérables, les innocents et les naïfs à se dresser sur son passage cyclonique offensif. Ces animaux d’une multicéphalie hétérogène, ne pouvant respirer que l’oxygène officiel, auraient donné de la matière et de l’inspiration à l’immortel Jean de la Fontaine, pour imaginer et mettre en scène une fable singulière avec les mœurs, tous azimuts.

Le sénateur s’est identifié dans un jeu inversé de la double personnalité

A l’émission très prisée de la Radio Vision 2000, « Invité du jour[1] » du 20 août dernier, le sénateur du Sud-Est, ancien président de la salle de Comédie du Bicentenaire, ne s’était pas gêné d’étaler ses regrets, ses déconvenues, ses mésaventures et ses vives rancunes à l’endroit de la présidence qui a osé confondre l’animal politique rongeur qui sommeille en lui avec le paysan honnête et intègre du Sud-Est. Le sénateur juge l’acte de nommer le jeune Michel à cette position officielle qu’il défendait du bec et des ongles, comme une morsure au dos, un coup traître et une gifle indélébile dont il ne pardonnera jamais au soldat Jomo.

La taxinomie actuelle ne permet pas de cerner, avec clarté, le comportement de ces personnalités qui se réclament les titres « vaillants » de chaolins et d’animaux politiques. D’aucuns les cataloguent dans le groupe des vertébrés comme des caméléons, des requins, des éléphants, des dinosaures, des lions, des renards, des lézards ou des loups ; d’autres les classifient dans la catégorie des invertébrés, comme des crabes, des araignées, des sangsues ou des scorpions.

Semble-t-il que la plupart des politiciens Haïtiens seraient étampés du sceau de la double personnalité, pour remplir avec facilité des fonctions diamétralement opposées pour un même personnage ? Tantôt en soutane, comme enfant de cœur ; tantôt habillé de son kimono et de sa veste de gladiateur, comme le bandit et le démon de la ville. Le sénateur porte son sac archaïque et ses bottes de paysan quand il lui faut défendre une certaine intégrité et une certaine dignité ; et, il est le méchant loup et le renard agressif, quand il doit porter son veston politique. Toujours les mêmes discours et les mêmes attitudes de type Ti-Simone dans ses va-et-vient entre le personnage présidentiel et l’homme de la musique. Le chanteur est habilité à afficher tous les comportements déviants, la misogynie, l’indécence, l’impudicité, etc.

Mais, la présidence étant sacrée, les mots sales, les invectives, les injures sortis des lèvres de vipère de monsieur Martelly ne sont pas présidentiels ; ils sont prononcés par le lead vocal de Sweet-Micky. Dans la même veine, lorsque l’autre fait l’apologie d’une liasse de billets verts en public, ou lorsqu’il descend son pantalon en scène pour exiger des demoiselles et des jeunes filles à le suivre dans ses dérives, il vous dit : « Se pa Senatè a non, Se Atis la ! ». À titre comparatif, pour le représentant du Grand Corps du Sud-Est, ce trouble psychologique provoqué par l’inconscient se traduit inversement. Si l’ancien numéro 1 de la 50eLégislature se conforte dans le banditisme, le gaspillage des ressources publiques et dans le comportement animal, dans sa posture de politicien ; le paysan, lui, est l’homme sans tâche, le personnage fier et digne de la famille « d’honneur » de Jacmel.

Ces incohérences comportementales de ces politiciens narcissiques alimenteraient des imaginations absurdes et infondées du genre, l’ancien gouverneur, Arnold Schwarzenegger, aurait pu représenter officiellement l’Etat de la Californie et entreprendre simultanément des actions cinématographiques dans de réelles légendes Hollywoodiennes !

Ces animaux politiques, rusés comme eux seuls, peuvent nourrir des rêves plus ambitieux

A l’instar de son camarade Polka de l’Artibonite, tous deux, des critiques acerbes, puis devenus conseillers spéciaux de la Maison Blanche, et faisant un retour fracassant à la position initiale, ces êtres politiques instables, affichant ces comportements sinusoïdaux, défient les principes de cohérence, de respect des valeurs et des vertus. Détenteurs de dossiers stratégiques et de nombreux secrets d’Etat, ces traîtres, opportunistes et dissidents politiques évoluent comme des Snowden qui peuvent évidemment servir les causes de la nation, si on s’attèle à utiliser à bon escient la Maïeutique Socratique pour les faire accoucher les mille et une vérités qu’ils gardent discrètement dans les rouages du système. Mais, attention, prudence et vigilance doivent être de mise ; car, ces joueurs expérimentés et malins connaissent et anticipent bien les actions et les stratégies audacieuses de l’environnement de la théorie et de la pratique des jeux politiques « malsains ». La moindre erreur, la moindre légèreté, la moindre négligence peuvent entraîner une fin heureuse de l’une de ses têtes rusées à la première magistrature du pays. Qui sait !

Hier, il faisait le jeu vilain de la présidence, il lui était en odeur de sainteté ; donc, toutes les actions présidentielles étaient conformes, planifiées et exécutées selon les règles de l’art « de l’audace ». Pas de critiques concernant les mercenaires, les bandits notoires, les munitions, les armes ; aucun problème avec la dilapidation des fonds PetroCaribe, la gestion frauduleuse des transferts dollars-cinquante engrangés dans le fonds FNE, le contrat opaque avec la firme Dermalog, etc. Aujourd’hui, le législateur mégalomane, qui occupait première et deuxième résidences au frais exorbitants de la princesse, passe soudainement à l’autre camp, pour faire le contre-jeu de la présidence. D’un coup, les décisions de l’Exécutif, dont celles de nommer un nouveau Directeur Général de la PNH, sont dénuées de sens, hors la loi, injustes, non conformes aux règles et principes démocratiques. Décidément, l’attribut de traître politique, taillé sur mesure, à conférer au sénateur, semble lui seoir très bien. S’il trahit aujourd’hui, non en raison des vertus et des valeurs de la probité, de la décence, de la cohérence, de l’efficience et de l’efficacité ; mais en vertu de ses intérêts mesquins, ses soifs et ses gourmandises politiques ; alors, il y a 100% de garantie qu’il va trahir demain.

Lorsque l’indécence politique atteint son apogée, la tolérance populaire doit être à son périgée. La meilleure chose qui soit arrivée à Haïti serait de pouvoir traquer tous ces animaux sadiques et les mettre en cage, afin de terminer avec les actes démoniaques de banditisme d’Etat, de corruption et de désordres multiformes.

Mais, étant donnée la dextérité de ces êtres égocentriques dans ce jeu politique infect qu’ils pratiquent depuis des décennies, avec des acteurs, des partenaires, des adversaires et des arbitres de tout acabit, tant du terroir que de l’international ; alors, ce ne sont pas quelques coups fébriles qui vont les désarticuler et les mettre hors d’état de nuire.

Du train que ça va, Toussaint Louverture, Jean Jacques Dessalines, Capois La Mort et tous nos ancêtres s’étaient donnés en holocauste, on dirait, pour offrir la liberté à un groupuscule d’héritiers, uniquement à ces animaux politiques « intelligents » qui gagnent toujours à toutes les mises. La patrie, c’est le trésor public, les privilèges, les richesses du pays que les ancêtres ont laissé comme héritages à ces spécimens politiques, n’est-ce pas ?