Le RNDDH juge préoccupante la situation générale des droits humains en Haïti

Le RNDDH estime que la situation générale des droits humains en Haïti dans le contexte du Covid-19 est très préoccupante.

RNDDH , Pierre Esperance , https://www.juno7.ht/coronavirus-parlementaires-exigent-arret-deportations

Le Réseau national de défense de Droits humains (RNDDH) dans son dernier rapport sur la situation générale des droits humains en Haïti estime que dans plusieurs domaines l’État n’a pas tout mis en œuvre pour garantir les droits de la population. D’entrée de jeu, l’organisation avance que le système de santé haïtien ne peut faire face au Covid-19. Dans les douze centres hospitaliers qui ont été analysés par le RNDDH et ses structures régionales, seul le personnel médical de cinq d’entre eux dispose, en quantité insuffisante, de matériels de protection tels que gants et cache-nez. Les autorités étatiques se retirent et laissent peu à peu le champ libre aux particuliers et aux membres de la classe politique qui s’empressent de faire des dons
aux centres hospitaliers ainsi qu’à d’autres institutions du pays.

“En situation normale, deux cents (200) lits sont largement insuffisants pour un système de santé supposé apte à prendre soin d’une population de plus de onze millions (11.000.000) d’habitants. Ils sont aussi nettement insuffisants pour permettre au système sanitaire haïtien de faire face à une possible propagation massive du Covid-19, si l’on tient compte des pertes humaines enregistrées dans d’autres pays .Et, justement en raison du nombre excessivement restreint de lits disponibles, les autorités étatiques doivent pouvoir clairement identifier quels patients-tes seront pris en compte, sur la base de la
gravité des symptômes qu’ils présentent.”, juge le RNDDH.

Non respect du principe de distanciation sociale

Dans les marchés et les véhicules de transport en commun, les risques de propagation du Covid-19 sont très élevés, a informé le RNDDH. Les mesures annoncées par certaines autorités locales dans le but de réguler leur fonctionnement sont disparates et ne peuvent être, jusqu’à date, respectées à la lettre du fait que notamment les marchés et le transport public ont trop longtemps été abandonnés.
Aussi, compte tenu de l’exiguïté et de la disposition des places dans les bus de transport en commun, le Covid-19 peut facilement être propagé car les rares mesures pour réduire le nombre de passagers par convoi ne sont pas suffisantes.

C’est pourquoi, “le RNDDH salue la décision du gouvernement de rendre le port du masque obligatoire à partir du 11 mai 2020 et estime que cette mesure doit être strictement appliquée dans les marchés et dans les bus de transport en commun, ce, d’autant plus qu’il a été révélé que les rares stations de lavage de mains installées dans certains marchés et stations de transport,
ne sont pas régulièrement alimentées en eau et en savon”, peut-on lire dans ce rapport.

Surpopulation carcérale : un danger au temps du Covid-19

Parmi les personnes vulnérables face au Covid-19, se trouvent les personnes privées de liberté. Gardées dans les commissariats et dans les prisons du pays, elles dépendent de leurs familles et de la Direction de l’Administration Pénitentiaire (DAP). Dans 18 prisons civiles répertoriés pour une capacité d’accueil de 3 613 prisonniers, pas moins de 10870 détenus y sont incarcérés. Port-au-Prince (3552) et Croix-des-Bouquets (1354) sont les prisons qui ont le plus de détenus.

Ces personnes incarcérées vivent dans des conditions inhumaines et dégradantes, dans des espaces exigus, non aérés, sales et repoussants. La promiscuité dans laquelle vivent ces personnes les vulnérabilise davantage face au Covid-19. Le tableau suivant présente les informations en termes d’espace et d’accueil de personnes.

Dans le chapitre des commentaires et recommandations, le RNDDH avance que “les personnes atteintes du Covid-19 ne peuvent réellement être isolées”. Pour l’organisation de défense des droits humains le fait de n’autoriser que le Laboratoire National de Santé Publique et les Centres Gheskio à faire les prélèvements d’échantillons pour la réalisation du test, répond à une nécessité. Cependant, dans les chefs-lieux des départements géographiques du pays, des équipes doivent pouvoir procéder à ces prélèvements, conseille le RNDDH qui estime que le manque de matériels dans les centres de santé et les hôpitaux constitue une violation grave des droits à la vie et à la sécurité du personnel qui y est affecté.

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