Ces chefs de gangs qui ont terrorisé Haïti ces dernières années

Un climat d’insécurité s’abat sur le pays. Les massacres d’innocents sont désormais récurrents. Pourtant, plusieurs commissions de désarmement ont été mises en place pour faciliter l’établissement d’un climat de paix et de sécurité, particulièrement dans les quartiers si souvent identifiés comme zones de non droit. Dans l’histoire récente du pays, les chefs de gangs influents se succèdent. Ci-après, une liste non exhaustive de ces seigneurs de la terreur. 

Arnel Joseph

Durant les deux dernières années, Arnel Joseph terrorisait les habitants de Village de Dieu, un quartier situé à l’entrée sud de la capitale. Dans la zone du Bicentenaire, ce chef de gang et ses acolytes ont multiplié les braquages, attaques à main armée, cambriolages et assassinats. Pendant son règne, les affrontements avec les hommes armés de « Baz Pilat » au Bicentenaire, non loin du Théâtre national étaient légion. Une situation de panique et de vives tensions régnait dans la zone. Arnel et ses hommes ont détourné, à plusieurs reprises des camions transportant toutes sortes de produits et ont parfois pris des otages.

La Police nationale d’Haïti (PNH), appuyé par des policiers onusiens, a tenté à plusieurs reprises de prendre le contrôle du Village de Dieu. Une récompense de deux millions de gourdes avait même été offerte à toute personne disposant d’informations fiables pouvant conduire à l’arrestation de Arnel. Pour sauver sa peau, le truand s’est réfugié à Poste-Pierrot, une section communale de Marchand-Dessalines, sa ville natale.

Finalement, le 17 juin 2019, Arnel Joseph a été sévèrement touché au tibia, lors d’une attaque menée par des hommes appartenant au Gang « Ti Sourit ». Pour soigner ses blessures, il s’est rendu aux Cayes, à l’hôpital Bonne Fin. Cela a donné aux agents de la PNH l’occasion tant attendue pour l’appréhender le lundi 22 juillet 2019.

Ti Je

De son vrai nom Jean Sony, Ti Je opérait dans la région Sud de la Capitale, notamment dans le quartier de Carrefour-Feuille, à « Savane Pistache ». Il était l’un des chefs de gang les plus recherchés par la police durant les deux dernières années.

Fin 2018, la population de Savane Pistache était aux abois et criait au secours. Un groupe armé mené par Ti Je semait des troubles dans cette localité située à la rue Monseigneur Guilloux prolongée, au cœur de Carrefour-Feuilles. Dans le cadre d’une opération policière, la concubine du chef de gang Ti je et ses deux fils mineurs ont été appréhendés, ainsi que quatre autres personnes.

Les 24 et 25 avril 2019, à l’impasse Eddy à Carrefour-Feuilles, au moins 4 personnes ont été tuées et une dizaine d’autres ont été blessées par les hommes armés de Ti je.

Ti Je, a été tué dans un échange de tirs avec des agents de police de l’unité spécialisée, Brigade de Recherche et d’Intervention (BRI), dans la nuit du 29 avril 2019, à Delmas 83.

Bout Jean Jean

En vrai, Bout Jean Jean s’appelle Hervé Bonnet Barthélemy. Il était un chef de gang de la Saline. Dans un Rapport rendu public sur le massacre de La Saline, l’organisation de défense des droits humains, la Fondation « Je klere », on peut lire : « le 17 octobre 2018, le cortège du président Jovenel Moïse est agressé au Pont Rouge par des manifestants. La responsabilité est jetée sur les hommes de la Saline contrôlés par Hervé Bonnet Barthélemy alias Bout Jean Jean et Juliot Pyram alias Kiki, un artiste engagé, frère de Toutou ».

Le 1er novembre 2018, selon le même rapport, pendant que Kiki et Bout Jean Jean faisaient une distribution d’argent (des billets de 250 HTG et de 100 HTG) à des nécessiteux dans le corridor de la Fondation Jèn Kore Jèn, quatre individus identifiés comme « Nèg Chabon » (Nèg deyò yo) ont ouvert le feu. Juliot Pyram alias Kiki est tué sur le coup, et Hervé Bonnet Barthélemy alias Bout Jean Jean est blessé.

Le 2 novembre 2018, Bout Jean Jean a été conduit d’urgence à un hôpital de la capitale pour recevoir des soins. Alors qu’il tentait d’utiliser une fausse identité, Bout Jean Jean a été appréhendé puis conduit au Pénitencier national.

Tèt Kale

Tèt Kale a utilisé deux identités : Junior Décimus et Saint-Jean Romélien. Il serait la main invisible derrière plusieurs meurtres de policiers et de plus d’une trentaine de dossiers de kidnapping. Il était l’un des chefs de gangs les plus puissants de « Grand Ravine ».

En décembre 2016, des agents de la Police nationale d’Haïti ont procédé à son arrestation à l’aéroport Toussaint Louverture alors qu’il s’apprêtait à quitter le pays. Il avait en sa possession un passeport haïtien muni d’un visa américain valide pour 5 ans quand les agents de la PNH avec l’aide de ceux de l’immigration l’ont arrêté.

Juin 2018, le Commissaire du gouvernement près le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince, Clamé-Ocnam Daméus, requiert le directeur de l’administration pénitentiaire de mettre en liberté, le nommé Saint-Jean Romélien, alias « Tèt kale », pour insuffisance de preuves.

Le 5 juillet 2018, Tèt Kale a été touché mortellement lors d’un affrontement entre les gangs de Grand-Ravine et de Ti-Bwa. Il aurait reçu plusieurs balles aux fesses d’une arme de calibre M14.

Ti Kenkenn

De son vrai nom Mackendy François, était un chef de gang de renom qui faisait la pluie et le beau temps dans le quartier de Martissant, notamment à Grand Ravine. Au fil du temps, il a initié les adolescents et jeunes au vol. Ti Kenkenn a déclenché une guerre entre la Deuxième et la Cinquième avenue, deux quartiers populaires de Port-au-Prince. Cette guerre a fait beaucoup de morts.

Impliqué dans plusieurs cas de crime et de vol et activement recherché par la police, Ti Kenkenn avait déjà exécuté bon nombre de policiers, y compris un inspecteur de police de la Marine. qu’il dirigeait serait impliqué dans l’assassinat du policier Walky Calixte en avril 2012. Il sera assassiné par ses propres acolytes dans son fief, le 24 juillet 2014.

Ti Kouto

Ti Kouto, de son vrai nom Evens Jeune, était un chef de gang de Cité Soleil. Jouissant de la réputation peu enviable d’avoir la gâchette facile, un mandat avait été décerné contre « Evens Ti kouto » pour son implication présumée dans plusieurs cas d’enlèvements et de meurtres en 2005. On lui reprochait également d’avoir collaboré à l’assassinat de l’hôtelier et consul honoraire de France au Cap-Haïtien, Paul Henri Mourral, le 31 mai 2005.

13 mars 2007, le chef de gang de Cité Soleil «Ti Kouto » a été arrêté aux Cayes, dans la localité dénommée Laurent. Incarcéré au Pénitencier national, il décédera le vendredi 24 juillet 2009.

Dread Wilmé

Dread Wilmé, de son vrai nom Emmanuel Wilmé, qui évoluait aussi sous le régime de Lavalas, est un farouche partisan de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide. Ses actes de violence et kidnappings ont endeuillé les familles de Port-au-Prince. En 2005, alors âgé de 27 ans, Dread Wilmé a été suspecté de l’assassinat de Paul-Henri Mourral, le consul honoraire de France au Cap-Haïtien. Il a abattu Kolibri, le fidèle lieutenant de Labanyè.

Emmanuel Wilmé est l’un des principaux chefs de l’Opération Bagdad déclenchée en septembre 2004 en vue d’exiger le retour au pays de Jean Bertrand Aristide. En juillet 2005, il a été tué dans des affrontements impliquant les Casques bleus de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) et les unités spécialisées de la Police nationale à Cité Soleil (nord de la capitale).

Grenn Sonnen

De son vrai nom René Jean Anthony, Grenn Sonnen était un ancien membre du Corps des Léopards, unité anti-guérilla de l’armée sous Duvalier. Devenu proche des groupes armés Lavalas, il fut un attaché (indicateur de police) affecté au commissariat de police de Delmas 33.

René Jean Anthony avait conclu une alliance avec le commandant auto-proclamé des militaires démobilisés, l’ex-sergent Ravix Rémissainthe, pour déstabiliser le gouvernement de transition du président Boniface Alexandre, en éliminant physiquement des policiers et en s’attaquant à des édifices publics, dont le siège du Conseil Électoral Provisoire.

Le vendredi 1er avril 2005, l’ancien ambassadeur des États-Unis à Port-au-Prince, James B. Foley, lors d’un point de presse à Port-au-Prince, avait dénoncé une alliance criminelle de lavalassiens et d’anciens rebelles ayant renversé Jean Bertrand Aristide destinée à déstabiliser le gouvernement provisoire.

Le puissant René Jean Anthony et trois de ses acolytes ont été tués dans des affrontements avec la police à Delmas, à proximité de la route de l’aéroport, le 10 avril 2005.

Labanyè

De son vrai nom Robenson Thomas, Labanyè évoluait main dans la main avec l’ancien chef de gangs Emmanuel Wilmé (dit Dread Wilmé). Il était l’un des chefs de gangs les plus recherchés de Cité Soleil.  Quelques jours avant la chute de Jean Bertrand Aristide, Labanyè qui commençait à prendre ses distances avec le régime, avait dû se réfugier à l’étranger. Il était revenu au pays à la chute d’Aristide pour reprendre le contrôle des quartiers qu’il dirigeait auparavant.

Robenson Thomas, ancien membre du parti Aristide-Lavalas, a rejoint les forces privées dans la protection des zones commerciales à la suite du transfert du pouvoir en février. Plus tard, il s’est retrouvé en face de son partenaire Emmanuel Wilmé pour déstabiliser le gouvernement de transition de l’ancien président Boniface Alexandre. Labanyè,  assisté de son garde du cops Kolibri, dirigeait une « baz » localisée dans le quartier de Boston. À l’époque, ce groupe disposait des meilleures armes.

Dans la soirée du 30 mars 2005, Robenson Thomas dit Labanyè, a été abattu en compagnie de deux de ses principaux lieutenants, dans la localité où il était maître. Leurs cadavres ont été emportés par la bande à Dread Wilmé.

 Ronald Kadav

De son vrai nom Ronald Camille, Kadav contrôlait des gangs depuis Delmas 4 jusqu’à l’APN. Il était chef de sécurité à l’APN et contrôlait le marché Tête bœuf, ainsi que La Saline et le marché de la Croix des Bossales. Il est dit qu’il était le chef de gang le plus riche de Port-au-Prince.

Le puissant chef d’Organisations Populaires (OP) Lavalas, Ronald Kadav, serait l’assassin du médecin sénateur de l’Organisation du peuple en lutte (en créole haïtien : Òganizasyon Pèp Kap Lite), Yvon Toussaint. Ronald Camille avait publiquement assumé le meurtre de Fritzner Jean au début du mois de septembre 2001. Le nom de Ronald Cadavre est mentionné comme « suspect », dans une enquête journalistique sur l’assassinat de Jean Dominique. Cette enquête a été commandée par la Société Interaméricaine de Presse.

Ronald Camille a été arrêté le samedi 23 mars 2002 par la Police nationale d’Haïti (PNH). Il se trouvait à l’aéroport international de Port-au-Prince pour accueillir le président Jean Bertrand Aristide de retour du sommet de Monterrey.  Il est mort en prison, en décembre 2004.

Source: Ayibopost