Trois Jours Gras bien maigres

Jeudi 30 janvier 2020 ((rezonodwes.com))– Je crois qu’il est venu le temps pour le peuple Haïtien, le devoir de hisser notre compréhension autour de la définition du carnaval en tant que l’une des plus grandes manifestations culturelles que nous festoyions depuis le 18e siècle.

Si cet horizon festif où se croisent toutes les couleurs est une large scène mettant en vedette nos ressources humaines et identitaires, dévoilant sous les masques notre riche créativité à travers nos « Madigra » , il devrait être d’une unanimité préventive de garder hors de la préparation de ce grand spectacle toute organisation  » madigrante » (expression non sémantique dont je me permets une certaine invention contextuelle )
« Madigra » ici est le tableau lugubre caractérisant un groupe spécifique d’acteurs politiques au sein de l’appareil d’Etat qui n’est jamais parvenu à définir le carnaval sur des pôles économiques bien charpentés!

« Madigra » pour dénoncer sous les yeux d’une République inclinée,dévastée et aux defis les plus titanesques, une vague de dépenses mal orientées, dépourvues de toutes stratégies économiques rentables.  Cet effort de compréhension dont j’ai fait mention au début consiste impérativement à ce que nous cessions de confondre ces notions économiques: Dépenses et investissements, ce qui nous protégerait du mécanisme de déni que souffre  la plupart de nos acteurs institutionnels en voulant pertinemment aborder le profond par le palliatif. 

Quel autre qualificatif donné à ceux-là qui détiennent des influences considérables à des niveaux variés dans cet organisme décisionnaire socio-politique , quand nos trois jours gras ne sont que des suites répétées de « Gouyad pandye » , de  » souke yo » , et depuis quelques temps, de slogans politiques revanchards, alors que les signaux socioculturels que nous envoyons  sont bien maigres? Je confirme: “Madigra” leur convient à merveille. 

Un secteur privé liquidant son capital dans ce truc est assez inquiétant et provoque même des frissons. Comment peut-il accepter, dans des planifications hâtives et sans objectifs financiers spécifiques , de se vider ainsi les poches quand nous pensons à notre structure sanitaire défaillante, cet organe de vie institutionnel se rapprochant chaque jour du cimetière de l’indifférence sinistre et cupide!

Quelles sont finalement ses priorités  et dans quelles causes s’inscrit il? Il faudrait l’enlèvement de certains masques pour se regarder dans le blanc des yeux afin de mieux comprendre avec qui nous voulons construire cet édifice laissé par nos pères et le sacrifice de nos vaillantes figures féminines.

Les considérations auxquelles nous pourrions rattacher ou acheminer cette courte réflexion sont multiples, toutefois le point fort de ce temps de parole reste une inquiétude bouleversante face à la culture d’un échec  systématique de nos acteurs décisionnels .

Mais c’est également un index dénonciateur, sous les lignes d’une encre débordant de consternation, de ceux-là qui détiennent la noble charge de penser la cité mais qui malheureusement ont drapé d’une couverture de « Madigra » tous les corps intellectuels du pays. 

Durose Ed-Michel
Étudiant en sociologie