Jovenel Moïse entend épuiser son mandat… malgré tout

Le président Jovenel Moïse a déclaré mercredi 28 août lors d’une entrevue accordée à Associated Presse (AP) qu’il comptait épuiser son mandat en dépit de la pression populaire et la mauvaise situation socioéconomique du pays.

“Il faut beaucoup de courage pour rester au pouvoir, mais je vous promets que j’ai le courage de continuer à aller de l’avant”, a déclaré le président Jovenel Moïse au micro des journalistes d’Associated Press. Ses propos ont été repris par plusieurs médias dont Listin Diario. Par ces déclarations, le chef de l’Etat voulait indiquer qu’il résisterait à la pression des forces notamment de l’opposition réclamant sa démission. Il invite d’ailleurs les membres de l’opposition à aller aux élections, s’ils veulent le pouvoir.

Quant aux mouvements de protestation organisés à son encontre dans le cadre du mouvement Petrocaribe Challenge, le président affirme se considérer être du côté de ceux qui luttent contre la corruption dans le pays. Le locataire du palais national dit qu’il s’engage à respecter les conclusions du rapport de la Cour supérieur des comptes et du contentieux administratif (CSCCA) qui étudie les allégations de corruption dans le cadre de la gestion des fonds “Petrocaribe”.

Il faut souligner que le nom du président Moïse est apparu dans deux rapports après une enquête judiciaire pour corruption dans l’utilisation des fonds de Petrocaribe, notamment avec son entreprise Agritrans et une autre nommée Betex. Ce dossier a provoqué un scandale à travers le pays.

Lire : Jovenel Moïse au coeur d’un “stratagème de détournements de fonds”

En effet, dans le second rapport de la CSCCA, les juges ont découvert qu’en 2014, pour le même chantier de réhabilitation de route, l’État a signé deux contrats avec deux entreprises aux noms distincts, Agritrans et Betexs, mais qui partagent notamment le même matricule fiscal et le même personnel technique. « Les deux entreprises ont réalisé distinctement les mêmes ouvrages aux mêmes dates » révèle le rapport de la Cour qui conclut qu’il s’agit « ni plus ni moins qu’un stratagème de détournement de fonds ». 

Depuis la publication de la dernière partie du rapport sur l’affaire Petrocaribe, les appels à la démission de Jovenel Moïse se sont multipliés. Mais le premier citoyen du pays rejette les accusations portées contre lui. Dans son interview avec AP, Moïse dit s’engager à ce que la vérité sur ce dossier soit révélée et que les coupables aillent en prison pour leur crime.

Depuis la démission de son deuxième Premier ministre Jean-Henry Céant, Jovenel Moïse peine à faire ratifier un nouveau chef de gouvernement par le Parlement. Après l’échec connu avec Jean Michel Lapin, le chef de l’Etat tente à présent sa chance en nommant Fritz William Michel dont le cabinet ministériel vient d’être replâtré avant même de passer devant les les parlementaires.