« Dialogue », le refrain cher à Jovenel Moise

Un peu en retrait ces derniers temps, le président de la République, Jovenel Moise, a profité de la cérémonie de graduation des commissaires de police pour lancer un appel aux sénateurs, afin de doter le pays d’un gouvernement dans les prochains jours. 

Alors que tous les secteurs de la vie nationale réclament son départ du pouvoir, le chef de l’État, à chaque prise de parole, confirme son intention de ne pas céder aux appels de démission. Ce jeudi, à l’occasion de cérémonie de graduation d’une nouvelle promotion de commissaires au sein de la Police nationale d’Haïti (PNH), le discours du président de la République montre une fois de plus qu’il n’a jamais pensé à quitter le pouvoir. Pour preuve, il a lancé un autre appel au dialogue et à la cohabitation en vue, dit-il, de sortir le pays de cette impasse.
Le président a aussi profité de son passage à la cérémonie pour inviter les élus du pays à entamer un dialogue afin de doter le pays d’un gouvernement, 4 mois après le renvoi de Jean Henry Céant. Une chute qu’il avait lui-même programmée en accord avec la Chambre des députés, suite à son désaccord ouvert avec son Premier ministre d’alors. « La population attend beaucoup de ses élus », indique-t-il, tout en invitant les députés et les sénateurs à se mettre ensemble afin de doter le pays d’un nouveau gouvernement capable de répondre aux urgences de l’heure.
Parmi les sujets qui le préoccupent, se trouve, entre autres, la rentrée scolaire fixée pour le 9 septembre prochain, la saison cyclonique, l’insécurité et la misère atroce à laquelle fait face la population, notamment ses membres les plus défavorisés. Le pays souffre d’un déficit de gouvernement légitime depuis la chute de Jean Henry Céant. Le chef de l’État l’a sans aucun doute provoqué, mais il se montre très préoccupé par ce vide constitutionnel. Ce manque, selon lui, a entraîné le pays dans une crise économique qui handicape le fonctionnement des institutions de l’État et rend réticents les partenaires internationaux qui ne se sont pas engagés à soutenir le pays.
Apparemment conscient du tissu social qui s’est déchiré depuis quelque temps, Jovenel Moise, a, pour une énième fois, souligné que seul un dialogue franc et sincère peut sauver le pays de ce bourbier. « Nous ne pourrons pas sauver le pays sans un dialogue », a déclaré le chef de l’État. Définitivement, le mot dialogue peut être considéré comme étant le refrain d’une chanson qui se trouve sur les lèvres de Jovenel Moise à chaque prise de parole en public. Pour n’importe quelle cérémonie, politique ou pas, Jovenel Moise a toujours le seul et même discours : « Dialogue ». Pourtant, pour l’opposition et plusieurs autres secteurs de la société, sa démission est la seule et unique issue à cette crise multidimensionnelle qui bouleverse le pays depuis plusieurs années. Et durant le mandat de Jovenel Moise, la situation s’est aggravée et la réalité est devenue plus compliquée.
Evens Régis