Électricité 24h/24 : «C’était une annonce politique, un slogan du président Jovenel Moïse»

En juin 2017, le premier mandataire de la nation, Jovenel Moïse, avait promis d’électrifier tout le pays 24h/24 après 24 mois. Un engagement qu’il ne parvient toujours pas à tenir, l’échéance étant déjà atteinte. Aucune mesure (sérieuse) n’a été prise pour y arriver, confirme le directeur de communication de l’Électricité d’État d’Haïti (ED’H), Jose Joachim Davilmar, qui se veut plutôt formel. « C’était une annonce politique, un slogan… », lâche-t-il, le vendredi 2 août, sur le plateau de l’émission ”Haiti Sa k ap Kwit?” réalisée par Télé 20.
Il y a deux phases dans une promesse, explique le responsable de communication de l’ED’H. « Il y a la promesse elle-même et l’appropriation de cette promesse par l’État dans sa capacité ». Pour Jose Joachim Davilmar, quand on promet, en tant que chef, il faut se demander si l’État a la capacité technique et financière de s’approprier le projet.
Il y a une constance dans la pratique politique nationale. C’est que le politicien haïtien dit ce que vous avez envie d’entendre. Et c’est le cas de Jovenel Moïse, concède Jose Joachim Davilmar. « La preuve en est bien grande. Les 24 mois se sont écoulés plus vite qu’on ne pourrait l’imaginer et nous n’en sommes pas encore là…», fait-il remarquer au micro de Robenson Geffrard, présentateur de l’émission ”Haiti Sa k ap Kwit ?”. Pour lui, quand le président avait lancé le projet, tout le monde (les opérateurs travaillant dans le secteur) aurait dû s’y embarquer. Quelles dispositions ont été prises avant l’annonce ? Je ne sais pas », répond-il à cette auto-interrogation qu’il s’est permis de faire sur le plateau de l’émission. « S’il y avait des mesures prises en ce sens, j’en serais informé.. », s’étonne le responsable avant de balancer : « Il nous faut nous prendre plus au sérieux quand nous disons les choses… »
L’ED’H est une entreprise publique qui reçoit annuellement 150 millions de dollars de subvention de l’État. Petit contraste, l’appareil de l’État (avec les ministères, les organismes déconcentrés, et même le Palais national…) a une dette estimée à environ à 14 milliards de gourdes. En dépit des démarches de récupération des recettes, rien n’a abouti, déplore Jose Joachim qui en profite pour annoncer aux abonnés que l’institution va prendre de grandes dispositions pour les forcer à payer.
Le problème de l’énergie dans le pays est complexe. La manière dont l’ED’H reçoit les subventions ne lui permettent pas d’aboutir aux résultats escomptés, regrette Jose Joachim Davilmar qui note l’absence d’une politique publique de l’énergie dans le pays. L’ED’H, qui  compte plus de 200 000 abonnés dans la région métropolitaine, n’est pas le seul opérateur de distribution d’électricité. La compagnie fournit un service qui n’arrive toujours pas à satisfaire les besoins de la population. Pour le directeur de communication de l’institution étatique, l’un des problèmes réside dans le fait que nous ne gérons pas les institutions comme des entreprises commerciales. Ajoutez à cela une absence de volonté politique, une politisation de l’institution depuis des décennies. « On priorise le relationnel sur le rationnel », dénonce l’ancien candidat à la députation.
Source: Le Nouvelliste