Haïti: l'opposition peine à trouver une entente sur l'après-Moïse

Après environ 8 semaines de protestation, les membres de l’opposition n’arrivent toujours pas à s’entendre sur le chemin à emprunter, après la démission réclamée du président Jovenel Moïse. Entre Passerelle, Mache Kontre, Forum patriotique, Fanmi Lavalas et l’Alternative consensuelle pour la refondation d’Haïti, aucun accord réel n’est encore trouvé. Une rencontre prévue ce jeudi 7 novembre entre les représentants de ces différentes structures de l’opposition, a été renvoyée.

Il faut trouver un accord sur le devenir du pays après le départ de Jovenel Moïse, les opposants au pouvoir en place sont unanimes à ce point. Cependant, à chacun sa proposition et sa façon de voir les choses. Du côté de l’opposition modérée, un large consensus est impératif afin d’aboutir à un vrai accord. « Nous devons tous avoir l’espoir qu’il y aura un accord. Il faut y travailler. Le peuple ne peut plus tenir », a déclaré au journal Le Nouvelliste, le porte-parole de « Passerelle ». Lemète Zephyr en a profité pour annoncer la tenue d’une rencontre entre les représentants de toutes les structures concernées.

« Mache Kontre » est du même avis et croit que la résolution de cette crise doit passer inévitablement par un consensus entre tous les acteurs politiques, économiques et la société civile. « Nous sommes intéressés et nous serons présents à cette rencontre », a dit Jean William Jeanty, membre de ce regroupement de l’opposition. Pour l’ex-sénateur des Nippes, il faut trouver un terrain d’entente sur les points qui constituent des irritants. « La situation est intenable. La crise n’est pas uniquement politique et économique, elle est une crise humanitaire. C’est tout le monde qui est victime de la situation. Nous n’avons pas d’autres choix », insiste-t-il.

Le parti Fanmi Lavalas, l’un des membres du Secteur démocratique et populaire, partage l’idée de trouver un accord sur l’après-Jovenel Moïse. Joint au téléphone par le quotidien haïtien, Joël Vorbe, l’un des membres du directoire du parti, croit obligatoire d’aboutir à une entente pour « soulager la misère de la population ». « Nous sommes dans une situation où chacun, coûte que coûte, doit faire les sacrifices nécessaires pour trouver une entente au bénéfice du pays », a-t-il confié.

Les opposants les plus radicaux quant à eux s’impatientent de voir partir le chef de l’Etat, mais se disent prêts à participer à toute rencontre devant aboutir à un accord entre les membres de l’opposition dite « plurielle ». André Michel, porte-parole du Secteur démocratique et populaire informe qu’une délégation de l’Alternative consensuelle pour la refondation d’Haïti est mandatée pour prendre part aux assises. Cependant, l’opposant farouche au pouvoir en place affirme n’être pas prêt à rester prisonniers dans ce qu’il appelle « des interminables discussions ».

« Donc, en cas de non accord avec les autres, nous continuerons à assurer notre responsabilité », a-t-il poursuivi. André Michel souligne qu’ils sont patients, mais ne peuvent pas attendre indéfiniment. « Le peuple est pressé », dit-t-il.

Mais la rencontre n’aura finalement pas lieu ce jeudi 7 novembre comme prévu. Tous les acteurs concernés ne se sont pas encore prononcés sur la question, selon Lemète Zephyr, porte-parole de Passerelle. Se disant patient, Zephyr dit attendre qu’ils se décident et que tout-le-monde puisse se mettre d’accord sur une nouvelle date, même s’il se montre peu optimiste quant à un aboutissement concluant suite aux discussions.

Cette absence de consensus ou d’entente entre les différentes branches de l’opposition se fait sentir à un moment où le gouvernement tente de reprendre le contrôle de la situation. Des convois composés d’engins lourds des TPTC essayent de débarrasser les rues des barricades de pneus enflammés. Ce mercredi 6 novembre, les activités ont repris dans plusieurs quartiers de la région métropolitaine de Port-au-Prince. L’exécutif a aussi procédé à une augmentation du salaire minimum.

Source: Le Nouvelliste