«Le commerce juteux de munitions dans le pays est géré par 11 personnes», révèle Jean Rebel Dorcenat, membre de la CNDDR

Le département de l’Ouest regorge de groupes armés qui opèrent comme bon leur semble, sans trop s’inquiéter. À longueur de journée, ils fouillent, pillent, volent et assassinent allègrement, notamment dans certains quartiers populaires. Jean Rebel Dorcenat, membre de la CNDDR, pointe du doigt des acteurs du secteur privé, des leaders politiques et des proches du pouvoir qui travaillent de connivence avec des bandits. Selon lui, le commerce juteux de munitions dans le pays est géré par 11 personnes qui alimentent les groupes armés.
Le marché juteux des munitions en Haïti est contrôlé par 11 personnes. Ce sont des officiels, des politiques et des membres du secteur privé des affaires, selon Jean Rebel Dorcenat, membre de la Commission nationale de désarmement, démantèlement et réinsertion (CNDDR) qui participait mardi à l’émission ‘’ Haiti Sa k ap kwit ?’’ sur Télé 20. Selon M. Dorcenat, la vente de munitions qui alimente les groupes armés rapporte gros et les munitions se vendent comme de la drogue.
Pour lui, une arme sans munition n’est pratiquement pas dangereuse. Au sein de la CNDDR, les commissaires accordent beaucoup d’importance à la question des munitions en circulation utilisées par les individus armés sur le territoire. Jean Rebel Dorcenat affirme, en effet, que le plus gros problème se trouve à ce niveau, et non celui de la circulation des armes en tant que telle. Son appréhension reste que des cartouches pénètrent le territoire en quantité, sans aucun contrôle réel, tandis qu’il n’existe pas moins d’une dizaine d’acteurs, parmi eux des officiels, qui contrôlent le commerce de l’importation des munitions en Haïti. C’est un marché qui rapporte, insiste M. Dorcenat au micro de Robenson Geffrard.
Il existe également un autre problème dans les quartiers où les armes sont utilisées, ajoute-t-il. Jean Rebel Dorcenat révèle qu’on utilise les adolescents pour amasser les douilles des cartouches pour être recyclées à des fins de réutilisation. « C’est très dangereux pour la société », déplore ce membre de la commission chargé de mener les négociations avec les gangs armés, informant, du même coup, que les membres de ladite commission se sentent menacés dans le cadre de leur travail.
Cinq mois après leur installation par le président de la République au palais national, les membres de la Commission nationale de désarmement, démantèlement et réinsertion (CNDDR) n’ont récupéré qu’une douzaine d’armes à feu de certains groupes armés, notamment à Cité Soleil. Jean Rebel Dorcenat a révélé qu’un membre du secteur privé s’est opposé à la remise de 13 armes à feu par un gang de l’aire métropolitaine à la commission. Il s’est toutefois gardé de citer le nom de cette personne.
Il a par ailleurs critiqué des gens haut placés au palais national qui font obstacle au travail de la commission qui, a-t-il dénoncé, n’a aucun moyen pour fonctionner.
Quoique la CNDDR soit en discussion permanente avec des groupes armés, la commission peine à fonctionner convenablement, puisque les autorités n’ont pas accordé les moyens adéquats, déplore le commissaire Jean Rebel Dorcenat, invité ce mardi à faire le tour de la question sur le plateau de l’émission « Haiti Sa k ap kwit ? » réalisée sur Télé 20. « La commission n’a rien. Depuis cinq mois nous avons abandonné toutes nos activités (personnelles), mais nous n’avons pas les moyens (pour fonctionner…)», regrette le commissaire chargé des négociations avec les gangs armés.
Même lorsque le président de la République leur a donné le libre champ pour accomplir leur travail, les commissaires font face à des contraintes venant d’acteurs du Palais national dans le cadre de leur mission. C’est en tout cas ce qu’a avancé Jean Rebel Dorcenant sur Télé 20, révélant que les obstacles ne viennent pas seulement du Palais, mais également d’acteurs du secteur privé qui se dressent contre le travail de la commission.
Par ailleurs, sans langue de bois, Jean Rebel Dorcenat souligne que des acteurs du secteur privé, des proches du pouvoir et des leaders politiques travaillent de connivence avec les gangs armés. Ils les alimentent en armes ou en argent, dit-il. Jean Rebel Dorcenat fait remarquer que la commission ne veut pas faire obstacle à la justice recherchant des bandits sur le territoire. « Si les bandits sont recherchés par la justice, qu’elle fasse son travail! Nous ne sommes pas venus pour remplacer la justice ni la police. Il y a un problème dans le pays. Nous rétablir la paix. Nous travaillons avec eux pour y arriver…», précise-t-il au passage.
Source: Le Nouvelliste