Les gangs armés, l'un des principaux bénéficiaires du « Peyi Lòk »

La période de turbulence que connait Haïti depuis (6) six semaines ne fait pas que ralentir les activités économiques et sociales du pays. Autre corollaire, les gangs armés en ont profité de cette instabilité chronique pour pulluler et semer la terreur dans les principales artères de la capitale haïtienne, Port-au-Prince. Des victimes en témoignent de leurs péripéties.

« J’ai été séquestré pendant plus de six (6) heures à Damien (à l’entrée Nord de la capitale), par des bandits armés. Il était 2 heures de l’après-midi, quand ils m’ont conduit sur la route menant vers la Compagnie Barbancourt ». Cet accablant témoignage provient d’un journaliste à Radio Vision 2000, Peterson Joseph, lequel il a partagé sur sa page Facebook 12 octobre dernier. L’animateur de l’émission « Pluri Culture » a rapporté que les hommes armés ont emporté ordinateur, téléphone portable, argent, etc. « Ils m’ont ligoté, bastonné et malmené. Mais Dieu merci ils m’ont relâché par la suite », s’écrie-t-il.

Six (6) jours plus tard, le journaliste Pierre Renel René, se trouvant à la tête d’une délégation, allait à son tour victime d’un groupe d’individus armés dans la localité de Fauché, commune de Grand-Goâve. Le présentateur du journal « Gran Boulva » sur Caraïbes FM qui se rendait à Torbeck pour assister aux funérailles de son père, a buté sur une barricade, protégée par des hommes lourdement armés. Pierre Renel René a rapporté que le groupe a été contraint de descendre des véhicules et d’allonger à même le sol.

« Apparemment très menaçants, ils ont fouillé systématiquement toutes les voitures. Ils n’ont rien volé, mais ils nous ont intimé l’ordre de rebrousser chemin. On n’avait pas le choix, la délégation a dû retourner à Port-au-Prince », a expliqué l’animateur vedette de la matinale de Caraïbes FM. « Je viens de voir la mort en face. La situation était très compliquée ! », regrette-t-il sur sa page Facebook, quelques heures après l’acte.

16 Octobre dernier, à Delmas 59, le policier Clifford Dardignac, affecté à l’Unité de Sécurité Générale du Palais National (USGPN), a été tué par balles par des individus armés. Issu de la 21ème promotion de la PNH, Clifford a été assassiné alors qu’il revenait d’une banque commerciale de la commune la plus prospère d’Haïti. La fureur des bandits, comme en temps normal, n’épargne pas les policiers qui sont censés missionnés pour protéger et servir la population.

Des cas de meurtre, de braquage ou de vols à main armée parmi tant d’autres sont recensés à travers le pays ces derniers mois. Ce qui prouve clairement que les gangs armés n’ont pas chômé durant les « Peyi Lock ». Des commissariats de police et des tribunaux de paix pillés ou incendiés, un système judiciaire dysfonctionnel. Les rues et les routes nationales sont livrées aux bandits, qui ont pratiquement le champ libre. Les forces de l’ordre, malgré la multiplication des manifestations de rue, tentent parallèlement de dévier certaines attaques armées.

Au cours de la semaine écoulée, deux (2) présumés bandits ont été tués dans les parages du Rectorat de l’UEH, sur la route de Bourdon. Ces malfrats qui étaient au total de trois (3), circulant à moto, rançonnaient des passants qui fréquentaient la zone. Selon un rapport du service de sécurité du rectorat, ils ont braqué trois (3) policiers en civil qui revenaient de leur poste. Deux des présumés bandits ont été tués par les policiers et l’autre a été arrêté. La moto a été confisquée, et une arme à feu a été saisie par les agents de la PNH. Cette attaque perpétrait au moment où une branche de la manifestation de l’opposition, longeait la ruelle Rivière.

Si la crise politique actuelle fait le bonheur des hommes armés dans plusieurs coins du pays, elle fait en revanche des victimes, parfois des inconnus dont le seul tort qu’on leur reconnait c’est de se trouver sur le lieu du crime au moment inopportun. Une situation affligeante qui ne peut laisser personne indifférente.