Jovenel Moise lance une nouvelle charge contre la constitution et la décentralisation dans une interview avec Associated Press

Samedi 8 février 2020 ((rezonodwes.com))– A un an de la fin de son mandat constitutionnel, le Président Jovenel Moïse essaie par un tour de passe-passe de rester au pouvoir après le 7 février 2021, de consolider le pouvoir de son clan et de permettre la perpétuation d’un système socio-économique et politique injuste et générateur de misère et d’inégalités sociales criantes.

Pour cela, le Chef de l’État, qui subit depuis plus d’un an les foudres d’une population déçue par les promesses non tenues, les scandales de corruption institutionnalisée et la répression brutale, ne voit son salut que dans l’abolition de la Constitution de 1987 votée massivement par les citoyens haitiens et consacrant la marche de la nation vers la démocratie, la déconcentration et la décentralisation.

«La constitution de 1987 a enlevé tout pouvoir aux mains du président. Le président n’a aucun pouvoir », s’est lamenté Moise pendant son entretien exclusif avec l’agence de presse américaine Associated Press (AP) dans sa résidence jonchée sur les hauteurs de Port-au-Prince.

Visiblement, Jovenel Moise a la nostalgie des temps de Papa et Bébé Doc qui avaient droit de vie et de mort sur tout ce qui bougeait à l’intérieur des 27 750 kilomètres carrés et pouvaient d’un claquement de doigts disposer en toute impunité les millions tirés des maigres ressources nationales.

Dès son entrée en fonction, un an après la date constitutionnelle du début de son mandat, à partir d’élections truquées et contestées, le deuxième leader Tet Kale avait déjà montré ses velléités de pouvoir autoritaire en refusant au mépris de la loi de publier les résultats des élections indirectes, bloquant ainsi les autres phases devant déboucher à l’installation des élus des collectivités territoriales, pivot de la déconcentration et de la décentralisation du pays.

« Les résultats des élections, une fois officiellement proclamés par le Conseil électoral provisoire (Cep), sont envoyés immédiatement au président de la République pour publication, dans un délai ne dépassant pas un jour franc, au journal officiel de la république, Le Moniteur », stipule pourtant l’article 188 du décret électoral de 2015.

Moise, en voulant tout faire et tout contrôler, de l’inauguration de routes vicinales en terre battue à la mise en marche de moulins de maïs d’une section communale, en passant par la réparation d’une pompe à eau d’un périmètre irrigué, n’a réussi, qu’à désarticuler les institutions et a failli à la tache de veiller à la bonne marche de celles-ci.

Les résultats de la politique rétrograde de Jovenel Moise et de son équipe sont connus de tous : société déchirée, corruption généralisée, misère rampante, inflation galopante, insécurité intolérable, institutions en lambeaux, déficit budgétaire record, …et par-dessus tout une justice vendue aux enchères avec en son sein 50 juges corrompus nommés par le président en personne.