Le monde doit dépenser au moins 100 milliards de dollars pour de nouveaux outils de lutte contre les virus
Jeudi 13 août 2020 ((rezonodwes.com))–Le monde doit consacrer au moins 100 milliards de dollars à de nouveaux outils pour lutter contre la pandémie du nouveau coronavirus, a estimé jeudi l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
« Avant de dépenser 10.000 milliards de dollars supplémentaires pour les conséquences de la prochaine vague de Covid-19, nous estimons que le monde devra dépenser au moins 100 milliards de dollars pour de nouveaux outils, en particulier la mise au point de tout nouveau vaccin », a déclaré le chef de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’un point de presse virtuel depuis Genève.
Dans ce dispositif, « le premier et le plus immédiat des besoins » est de 31,3 milliards de dollars, pour le dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la Covid-19 (Accélérateur ACT).
« Il s’agit de la seule initiative mondiale en cours qui rassemble tous les efforts mondiaux de fabrication, de réglementation, d’achat et d’approvisionnement nécessaires, pour tous les outils requis pour arrêter la transmission de Covid19 », a ajouté le Dr Tedros.
Il a ajouté que le Fonds monétaire international (FMI) estime que la pandémie de Covid-19 coûtera à l’économie mondiale 375 milliards de dollars par mois, et prévoit une perte cumulée sur deux ans de plus de 12.000 milliards de dollars.
« Le financement de l’ACT Accelerator ne coûtera qu’une infime partie de ce qu’il en coûterait si les économies se repliaient davantage et nécessitaient des mesures de relance budgétaire continues », a-t-il insisté.
Selon le chef de l’OMS, le monde a déjà dépensé des milliards pour faire face aux conséquences à court terme de la pandémie Covid19.
« Les pays du G20 ont à eux seuls mobilisé plus de 10.000 milliards de dollars en mesures de relance budgétaire pour traiter et atténuer les conséquences de la pandémie », a poursuivi le Dr Tedros, rappelant que « c’est déjà plus de trois fois et demie le montant que le monde a dépensé dans l’ensemble de la réponse à la crise financière mondiale ».
« Le développement des vaccins est long, complexe, risqué et coûteux »
Par ailleurs, le chef de l’agence onusienne a affirmé que lorsqu’un nouveau vaccin sera trouvé, la demande sera plus importante que l’offre.
« La demande excédentaire et la concurrence pour la demande créent déjà un nationalisme en matière de vaccins, et le risque de voir les prix grimper en flèche », a fait valoir le Dr Tedros, mettant en garde contre ce « genre de défaillance ». « C’est le genre de défaillance du marché que seuls la solidarité mondiale, l’investissement et l’engagement du secteur public peuvent résoudre », a-t-il plaidé.
Il a averti qu’un investissement financier beaucoup plus important sera nécessaire pour garantir la recherche de plusieurs candidats vaccins et donc augmenter les chances de succès. « Le déficit de financement de l’ACT ne peut pas être couvert par la seule aide au développement traditionnelle », a-t-il mis en garde. D’autant que « le développement des vaccins est long, complexe, risqué et coûteux ».
« La grande majorité des vaccins en cours de développement échouent. Le monde a besoin de plusieurs candidats vaccins contre la Covid19 de différents types pour maximiser les chances de trouver une solution gagnante », a rappelé le Dr Tedros.
Une façon aussi pour l’OMS de mettre en garde sur un éventuel « pari coûteux et risqué » d’un choix « de gagnants individuels ». Dans ces conditions, le dispositif pour accélérer l’accès aux outils de lutte contre la Covid-19 (Accélérateur ACT) permet ainsi aux gouvernements « de répartir le risque et de partager la récompense ».
Or vivre dans une économie mondialisée implique que les pays dépendent les uns des autres pour les biens et les services, le transport et l’approvisionnement. « Si nous ne nous débarrassons pas du virus partout, nous ne pourrons reconstruire les économies nulle part », a alors mis en garde le Dr Tedros.
« Plus vite nous mettrons un terme à la pandémie, plus vite nous pourrons faire en sorte que les secteurs interconnectés au niveau international, comme les voyages, le commerce et le tourisme, puissent véritablement se redresser ».
Pas suffisamment d’informations pour porter un jugement sur le vaccin russe
« Si nous ne nous débarrassons pas du virus partout, nous ne pourrons reconstruire les économies nulle part », a fait remarquer le Dr Tedros, exhortant le monde à travailler ensemble pour faire avancer la lutte contre la pandémie de Covid-19, plutôt que de se concentrer sur « comment revenir à la normale ».
Le chef de l’OMS a expliqué en détail comment le monde s’est rassemblé depuis l’apparition de la maladie pour partager les ressources et les informations sur le virus afin de permettre le développement rapide de tests et de vaccins candidats.
L’OMS a d’ailleurs annoncé que neuf candidats vaccins font déjà partie de son portefeuille et sont en cours d’essais en phase 2 ou 3. « Et ce portefeuille – déjà le plus vaste au monde – s’élargit constamment. Et grâce au Centre mondial pour les vaccins, des pays qui représentent près de 70% de la population mondiale ont signé ou exprimé leur intérêt à faire partie de la nouvelle initiative », a-t-il poursuivi.
En outre, l’OMS ne dispose pas de suffisamment d’informations pour porter un jugement sur l’utilisation accrue du nouveau vaccin russe, a déclaré Bruce Aylward, Conseiller principal de l’OMS. Mardi, la Russie est devenue le premier pays au monde à accorder l’autorisation de mise sur le marché d’un vaccin anti Covid-19, qui sera baptisé « Spoutnik V ». « Ce vaccin ne fait pas partie du portefeuille des neuf vaccins en cours d’examen à l’OMS, mais nous sommes en contact avec les autorités sanitaires russes », a ajouté M. Aylward.
Sur le plan thérapeutique, la première thérapie éprouvée pour des cas graves de Covid, la Dexaméthasone, a été annoncée en juin et est actuellement en cours d’extension.
S’agissant du diagnostic, plus de 50 tests sont actuellement en cours d’évaluation et de nouvelles preuves ont été générées autour des tests de détection rapide d’antigènes qui pourraient changer la donne. « Et notre meilleure chance de réussir est toujours de le faire ensemble », a conclu le Dr Tedros.
A noter que plus de 20,4 millions de personnes ont été infectées par le nouveau coronavirus a touché au moins dans le monde dont 744.385 décès, selon un bilan établi jeudi par l’OMS.