L’Anti militantisme de gauche Révolutionnaire en Haïti, l’ère d’un intellectualisme sous-traitant

Dimanche 23 février 2020 ((rezonodwes.com))– Après la lecture de l’article du professeur Medhi Chalmers, paru dans le journal en ligne Ayibopost le 13 janvier intitulé  »En Haïti des bienpensants veulent se faire passer pour victimes des féministes», je me suis rendu compte que le titre de mon article devait s’intituler L’Anti-militantisme de gauche révolutionnaire en Haïti, l’Ère d’un intellectualisme sous-traitant au lieu de « Le mouvement haïtien #Me too : l’ère du féminisme sous-traitant ».

En effet, partant du constat que le professeur se positionne toujours en silence, faisant un tel saut périlleux, je me demande, comment sa plume n’aurait pas été sous-traitée ? A moins qu’il se soit fait une priorité de balayer le marché de l’emploi créé par des ONG œuvrant dans le féminisme en Haïti pour faire de la place pour ses paires. Aujourd’hui, je vais faire faux bond à mon compagnon de détente, je ne vais pas, cette fois-ci, amuser le salon. Permettez-moi, professeur, de parler aux mal-pensants qui tirent vos ficelles cérébrales.

L’anti-militantiste de gauche s’exprime avec beaucoup d’arrogance : de quel lieu il parle ? Peut-être il se reconnaît de la gauche ou un réact à drap de gauche comme nous n’en manquons pas ici ? Il parle de « individus et/ou groupes radicaux », et je questionne l’utilisation de cette expression qui vient toujours d’eux.  On peut prendre l’exemple du discours de quelques protagonistes du parti PHTK qui divise l’opposition politique en modéré et radical…Il parle de violence sexuelle dans certains cercles : lesquels ? Il se contente à faire des affirmations en cachant derrière les articles de Dorsinville et de Paris pour dire des choses qu’on lui engage à dire…

Assimilation d’une position antiféministe à la gauche : Une double homogénéisation, le féminisme d’une part et la gauche d’autre part. En réalité, c’est une position anti-gauche précisément contre tout groupe ou militants révolutionnaires  qui ne se soumettent pas aux barons de la gauche traditionnelle haïtienne qu’il côtoie, ses paires… Un anti-militantiste de gauche défend toujours à l’aveuglette  et tombe même par défaut dans la pire valorisation des ONG ! Son ignorance de l’espace Universitaire telle la faculté des sciences humaines (FASCH) et de certains acteurs  est cette pathologie schizophrénique dont souffre tous les  donneurs de leçon surtout quand ils veulent justifier la mise, l’exemple pathétique du renard de la fable.  

La sous-traitance ne renvoie pas toujours à l’industrie du textile. Depuis la signature du nouveau contrat social en 2003, celle qui va donner naissance aux lois Hope et Help pour institutionnaliser l’exploitation de  la classe ouvrière dudit secteur. On remarque que d’autres institutions ont servi d’échafaud pour l’aboutissement de ce complot  économique des Américains dans l’industrie du textile. Les plumes rebutent  les combats populaires pour se livrer dans des luttes minoritaires à gage. Ainsi la sous-traitance devient une arme à double tranchant. Non seulement elle exploite et assure l’exploitation à travers la presse, ONG, université ect… Mais aussi et surtout  Sous-traitance renvoie à un travail rémunéré sur place ou différé au profit des industries économiques et politiques  au détriment de la classe défavorisée.    

Levée de Bouclier

Je n’ai jamais lu un article où autant de propos haineux abondent  avec tant de préjugés. Connaissant l’auteur, ce personnage inoffensif et docile, je me demande comment le syndrome de lutter pour une Haïti indépendante, dont je souffre, peut-il faire tomber malade de rage un petit lapin dans sa cage de privilégié.  Bien vite, je reconnais cette voix de l’anti-militantisme de gauche qui crie derrière sa plume. Elle est un caricaturiste sous-traitant et parfois psychopathe qui confectionne des portraits sur commande ou par besoin de se donner du plaisir, en attaquant de jeunes étudiants, militants de gauche révolutionnaires à travers ses romans, depuis le Bicentenaire. Mais comment un ancien militant peut-il se donner la mission d’agacer l’espérance des jeunes progressistes révolutionnaires, même dans son grand kannjawou littéraire ? Mais tout le monde a le droit de devenir fou !

Comment ne pas parler de priorité dans un combat anti-impérialiste ? Y a-t-il pire ennemi que le capitalisme américain qui, devenu fou, se juche sur les épaules des élites apatrides pour s’attaquer à un peuple à bout de force? Mon cher compagnon de détente voudrait-il que nous cessions de parler de stratégie pour la conquête d’une nouvelle indépendance du pays? La stratégie a toujours été l’art de définir ses actions prioritaires tout en utilisant scrupuleusement ses ressources sans perdre de vue son objectif tout en évitant les distractions quelque nobles ou séduisantes qu’elles soient. Un adepte de l’anti-militantisme de gauche, professeur à l’université d’État d’Haïti, n’apprendra jamais cette règle d’or à ses étudiants.

En entendant parler d’arguments fallacieux dans mon texte, ma perplexité atteint des proportions démesurées à la manière de la dégringolade de la gourde qui s’opère à un taux du jour qui croît toutes les secondes.  Je connais cette pathologie dont souffrent certains professeurs, fers de lance de l’anti-militantisme de gauche. Quand j’étais étudiant à la Faculté des sciences humaines, je les voyais souvent rejeter d’un revers de main toute argumentation qui relève du matérialisme historique et dialectique. La science a été toujours au service d’une classe. Mais la tendance à prendre la posture de ne pas reconnaître la valeur de son interlocuteur est l’une des pires tares de l’intellectuel haïtien.

La tentation est forte : celle de se baser uniquement sur la lecture des articles de Madame Paris et de Madame Dorsainville pour rentrer dans le débat comme un Choukèt Lawouze et me classer au rang des anti-féministes. Il est aussi aisé de tomber dans le piège. Ce faisant, on passerait à côté de toutes les mauvaises intentions qui se cachent derrière leurs prestations de service. À moins qu’il ne fasse exprès. Tout chercheur sérieux est analytique. Le vrai débat est sur Facebook.

Un débat pareil, devrait passer comme un mail indésirable dans ma boite à pourriels. Mais une seule chose me pousse à y prendre part, et c’est cette même chose qui me pousse à vous donner la réplique, cher compagnon rêveur. Il s’agit d’une cause que je pense, à tort probablement, être chère aussi à toi : la cause de l’Université d’État d’Haïti.

Je connais Medhi Chalmers, professeur à l’École Normale supérieure(ENS), remarquable par son silence méthodologique. Les deux fois où l’on s’est parlé, j’ai trouvé nos bavardages assez divertissants. Comment pourrait-il avoir un autre comportement, si à la base aucune question d’intérêt public ne l’intéresse plus. Le professeur est peut-être un fervent pratiquant du silence prudent des hommes progressistes dont il parle dans son article. Car tout le monde a peur que l’un des membres de son groupe ne soit l’objet de poursuites judiciaires. Sincèrement, j’aurais bien aimé que le professeur acquiert le niveau de conscience qui lui permettrait  de comprendre, d’accepter et de partager ma posture devant les crimes et les mensonges qui ont mené à l’expulsion de dix-neuf étudiants progressistes révolutionnaires de l’Université d’État d’Haïti.

Quant à madame Dorsainville, Medhi l’a nommé, mais je la connais à peine. Il me faut plus de temps pour en faire la connaissance. Qu’elle produise en quantité et en qualité!

Pour le cas de Sabie Paris je préfère de ne pas dire autant, car elle se passe de présentation. Elle est parmi les dix jeunes distingués nominés par le journal en ligne LOOP Haïti pour sa combativité contre le viol et le harcèlement à l’Université d’État d’Haïti plus précisément à la Faculté des Sciences Humaines. Pour une bonne présentation de ladite féministe, prenons le temps de questionner les institutions. Quelle est la ligne éditoriale du journal qui l’a nommée ?  Que devient l’Université d’État d’Haïti au moment où nous parlons?  Quant à la Faculté des sciences humaines, quelles sciences humaines peut-on enseigner avec tant d’inhumanité? Je vous présente mesdames et messieurs un package qui porte la marque du PHTK qui se positionne à contresens des revendications populaires.

 « Nan Batay la, nan inivèsite, nan peyi a, nou p ap deyo. » C’est la seule phrase qui nous met en accord dans le texte. Oui, je sais qu’elle est la seule qui fait mouiller sa couche à notre professeur. N ap kanpe pou n batay doubout tout kote, nan tout chan, nou p ap kite peyi a pou yo. J’incorpore le serment du 14 août 1791 (Bois Caïman) en chacune de mes cellules vivantes. Vivre libre ou mourir sur la terre d’Haïti.

Avec une telle gymnastique sophistique sur la question des ONG, je constate que vous n’avez jamais visité Jean Anil Louis Juste.  Comme quelqu’un qui fait du livre sa profession, il paraît que les écrits des intellectuels progressistes haïtiens ne vous intéressent pas. Je ne me permets pas de vous prescrire des textes. J’en serais trop culoté. Mais pour ne plus faire ce genre d’erreur, j’ose tout de même vous conseiller d’aller jeter un coup d’œil sur un petit texte titré ONG : ki gouvènman ou ye?, sorti sous la direction de « Asosyasyon inivèsitè ak inivèsitèz Desalinyèn »(ASID) que Jean Anil Louis Juste a écrit avant son assassinat juste avant le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Je croyais ce débat clos, mais hélas.

Un sous-traitant intellectuel se montre toujours performant dans les analyses de texte même si souvent ils sont nuls dans les analyses politiques. En se basant sur le chapitre six (6) du livre d’Angela Davis, « Femme, race et classe », l’auteur de l’article « Les bienpensants… » a omis de dire que la collaboration des femmes blanches et noires était conjoncturelle et qu’elle se faisait pour l’alphabétisation des femmes noires.

Un anti-militantiste de gauche est aussi un antiféminisme car le féminisme dans son épanouissement est un combat à gauche. Jusqu’au début des années 1970, le féminisme n’acceptait qu’un seul qualificatif : révolutionnaire (Louise Toupin, 1998, Les courants de la pensée féministes), un combat contre le capitalisme patriarcal. Alors ne pleurnichez pas quand je mets un pneu en flammes devant vos entreprises privées que sont les ONG. Venez me rejoindre, future camarade, dans le combat pour la nouvelle indépendance de tous contre le capitalisme patriarcal même s’il prend la forme des vilains ONGs qui nous nourrissent et qui nous divisent.  

Je compte avec amertume vos trente-huit utilisations fielleuses et malveillantes de la gauche et treize phrases ironiques quand vous parlez du combat populaire dans votre article, un vrai gaspillage rhétorique. Alors,  vous qui parlez si bien, parlez pour nous tous ! Vous qui avez l’oreille des plus grands, parlez-leur des discours haineux et misogynes d’un président de la république; parlez-leur de l’exploitation sexuelle dans les usines, les bureaux, les écoles, dans nos ghettos, partout… Parlez fort des agressions sexuelles d’une armée étrangère sur des membres de notre population; parlez en oubliant la maltraitance des policiers. Parlez messieurs et parlez mesdames sans avoir la gêne de mêler votre voix à la mienne. Parlez gratuitement, sans sponsors ni bienfaiteurs anonymes, l’histoire vous rendra au centuple le prix du risque d’avoir osé défier les ennemis de la nation. Pale pou nou tout!

Le vrai débat 

Il me presse d’étudier les grands courants du féminisme avec des auteures comme Louise Toupin (Les courants de pensée féministe, 1998), Shulamith Firestone (La dialectique du sexe, 1972) depuis qu’un anti-militantiste de gauche révolutionnaire, de son haut lieu, m’a traité d’antiféministe.  Peut-être qu’il voulait faire croire que le féminisme n’est qu’un et que le « mee too »  est la définition propre du féminisme. Il semble soutenir que l’article de madame Dorsainville et celle de madame Paris résument la voix de toutes les féministes du monde entier et celle des féministes haïtiennes. Peut-être qu’il pense que le féminisme actuel en Haïti a besoin d’une quelconque troisième voix, timounisation des femmes. Possiblement, il se plait dans l’illusion que la sous-traitance n’existe pas dans les mouvements de femmes. Alors, je reconnais cette métamorphose du féminisme qui indexe tout sur son passage. L’appellation d’antiféministe à tout bout champ, ressemble à une castration méthodologique pour laisser le champ libre à de la démagogie de toutes  sortes.  Moi, je ne rate aucune occasion de parler d’une nouvelle indépendance et voilà pourquoi comprendre le féminisme en Haïti me devient impératif.

Ayant l’intention d’élargir ma propre compréhension du féminisme dans le pays, donc de comprendre la subordination et la violence faite aux femmes, je suis tombé sur ce point de vue :

 «L’originalité du mouvement féministe haïtien tient au fait qu’il ne peut être pensé ni en terme de vagues (première, deuxième ou troisième) ni en terme de courants définis (libéral, black, décolonisation…). Il me semble que la métaphore de la secousse est plus appropriée pour parler du mouvement féministe haïtien. » N’est-ce pas madame Lamour qui le dit le 12 janvier 2020 dans un colloque organisé par la REHMONCO à la TOHU, à Montréal? Ces propos méritent de faire l’objet d’un débat. C’est quoi le féminisme haïtien en 2020 ? Comment devenir anti d’un mouvement atemporel, qui ne s’inscrit dans aucun courant de pensée?  Et je dis : « Il faut d’abord penser le féminisme dans le pays avant de s’apitoyer sur ses anticorps et sombrer dans un dogmatisme manichéen».  

Je n’ai aucune intention de me défendre, ce besoin ne frappe pas à ma porte. Au contraire je raffermis ma position ! Je ne crois pas que notre prise de liberté économique dépende d’une stratégie venant de l’extérieur basée sur la séparation des sexes, ou d’une quelconque valorisation du sexe dit minoritaire. La lutte de sexes est loin d’être la lutte de classes sous-entendent les féministes libéraux radicaux. Alors c’est dommage pour celui qui chantonne, à gorge déployée, que la classe est sexe dans un pays qui subit une domination de l’impérialisme à outrance des États-Unis depuis plus d’un siècle d’histoire. Il faut rappeler que les investissements américains s’élevaient à cent fois plus à Cuba et huit fois plus en République Dominicaine par rapport à Haïti (Lucien Georges Eddy, Le Nord-est d’Haïti, la perle d’un monde fini entre illusion et réalités 2018). Ce qui avait provoqué le déséquilibre territoriale entre Haïti et ses riverains, et, du même coup, la libération de la main d’œuvre haïtienne au bénéfice des multinationales américaines et engendrent aussi une division sexuelle du travail. A titre d’exemple la gente féminine est majoritairement  représentée dans les Factory. Imaginons, un instant, que Sanite Belair, Cecile Fatima, Grann Toya, Claire Heureuse Félicité, Grann Guiton et d’autres femmes qui étaient engagées dans les batailles qui ont abouti à notre indépendance répètent les balivernes d’aujourd’hui, en cette période de guerre économique ! Au passage saluons le courage de Yanick Joseph la Coordonnatrice du SPNH.

Voici ce qu’on lit dans l’article de Marion Dalibert intitulé « Médias et mouvements sociaux minoritaires : un accès à la sphère publique régulé par la francité » : « […] Néanmoins, accéder aux médias est loin d’être aisé et fait l’objet d’un véritable combat (Molotch, Lester, 1996), car même si les journalistes ont été informés de l’existence d’un mouvement social, ils ne sont pas obligés d’en rendre compte : un choix est opéré par les rédactions. »

Alors, depuis que les mouvements sociaux  contre le vol du fonds « Petro caribe » sont lancés, au mois d’août 2018, malgré tous les efforts déployés par les jeunes PetroChallengers pour dénoncer la corruption, on constate qu’il y a une montée  non sans intérêt, dans le même temps, de palabres futiles sur la question sérieuse des droits des femmes dans les médias en ligne. De la Coïncidence!  Je n’en suis pas sur puisque, la coïncidence,  n’est qu’événements qui arrivent ensemble par hasard. Quand cela se répète à des moments bien choisis, peut-on parler de hasard?  

Alors les femmes n’ont pas créé leur subordination, Haïti n’a pas choisi d’être pauvre, la race n’a pas créé le racisme non plus, d’autant plus que le genre n’a pas accouché du sexisme. Ils sont tous des utilisations faites par le capitalisme patriarcal pour mieux exploiter. L’exploitation, l’oppression et la domination en Haïti ne portent pas le nom d’antiféminisme, elles se nomment anti masses populaires ou Antimoun. Il est fort probable qu’il existe, en Haïti, des antiféministes de tous les horizons politiques : gauche, droite, de tous les sexes confondus. Mais il n’y a qu’une seule chose qui m’intéresse encore ici : c’est l’utilisation des espaces émancipateurs à des fins politiques personnelles. Que notre société résolve le problème de viol, des filles et des femmes, des hommes, les problèmes de la corruption de l’insécurité et autres… une fois pour toutes. Un problème médiatisé sans vouloir le résoudre est une stratégie de légitimation des interventions ONGisées. Je me rappelle quand l’USAID parlait du Sida, quand la MINUSTAH parlait de l’insécurité à des fins publicitaires, et quand l’Université d’État d’Haïti utilise les revendications réformistes dans des déclarations publiques pour quémander des miettes au pouvoir du P.H.T.K, pour rendre fréquentable Jovenel Moise. 

L’Université d’État d’Haïti se donne toujours comme mission de jouer les mauvaises comédies depuis  les combats des années 1980, je ne vais pas parler de 2004 mais on peut quand bien même jeter un coup d’œil sur son implication dans les mouvements sociaux de l’époque. Des mascarades mal fagotées, comment ne pas vous souhaiter joyeux Carnaval avec votre point C dans la note d’information paru le 30 janvier 2020 sous l’auspice du rectorat de l’Université d’État d’Haïti. Je connais tous les résultats d’enquête de l’administration du pseudo recteur Fritz Deshommes, des histoires de clown pour jouer à l’imbécile afin de masquer la vérité. Je vous prie les commissionnaires, de faire appel à la D.C.P.J. Car nous mettons moins en doute son impartialité et son professionnalisme. Rappelons la belle histoire des chèques volés pendant l’occupation du rectorat, par les valeureux jeunes étudiants progressistes révolutionnaires.  

Si on regarde l’Université d’État d’Haïti  à partir de sa position dans la société, une seule phrase vient à l’esprit : une succursale des  puissances impérialistes. Elle a même collaboré avec les forces de l’occupation a plusieurs reprises.  Un tremplin politique pour le pouvoir PHTK. Si toutefois, on veut associer l’université à un quelconque mouvement féministe quelle sera la place des femmes pauvres habitant les quartiers populaires ? Je ne me rappelle pas du temps où l’Université d’État d’Haïti était au service de la société. Toutefois, il faut saluer les luttes de l’Union Nationale des Étudiants haïtiens (UNEH), de la fédération Nationale des étudiants Haïtiens (FENEH) à l’époque des combats contre les Duvalier, les Neolduvalieristes, et les sous-traitants du FMI.  C’est vrai que la plupart des anciens du FENEH retournent leur veste. Mais, on ne doit pas occulter leur implication contre les Neoduvalieristes (post 1986). Circonstance atténuante, je dirais, puisque que l’art de retourner sa veste est pratiqué en politique depuis la nuit des temps.  Cela semble aller de soi : de l’inconstance en politique! Des transfuges! Des moulins à vent, dirait l’autre!

Briser le silence, traquer les violeurs et guérir les victimes devraient être les trois piliers de l’objectif premier d’une lutte réelle contre l’impunité. Cependant, depuis la sortie de l’article de madame Dorsainville «Inivèsite nan Pòtoprens tounen espas pou etidyan ak pwofesè “chase” fanm », et la publication de vidéos et commentaires sur Facebook de Madame Paris mentionnant quelques noms des prétendus bourreaux, aucune plainte n’a été  déposée devant les instances judiciaires compétentes. Le pire est que les victimes qui ont témoigné dans l’article de Dorsainville, fréquentent toujours les mêmes espaces et partagent les mêmes tables de bière que leurs prétendus agresseurs. J’encourage vivement les vraies victimes à porter plainte.

En effet, l’insécurité s’en fout de l’orientation sexuelle, de l’âge. Ainsi, hommes ou femmes, homos ou hétéros, jeunes ou vieux, bien portant et personnes à mobilité réduite, tous sont sur le même bateau avec le même malè pandye au-dessus de leur tête. L’inflation, quand elle s’applique, elle n’est ni du genre féminin ou masculin.  De 2018 à nos jours, les prix des produits de première nécessité sont multipliés par trois. Konbyen nou panse yon glòs luil vann ? La corruption déborde dans toutes les sphères de la société, en genre et en nombre. En effet, dans ce cas, l’intersectionnalité est coincée dans la matrice des ONGs et des ambassades. Voilà pourquoi les vrais problèmes sont vécus et sont soulevés de manière sincère et objective par ceux que les nantis appellent petit peuple (solèy la leve) .  Ce féminisme dont ils me parlent ressemble à la fille mort-née de la démocratie haïtienne, fruit d’un viol perpétré par la démocratie libérale de l’impérialisme américain. 

Pouse Bourik nou mesyedam kreyon listwa pa gen efas

Kébert Bastien
photo : Edris Fortuné