L’ONU demande 2.500 milliards de dollars pour les pays en développement

La pandémie de Covid-19 a engendré des « dommages économiques sans précédent » pour les deux tiers de la population mondiale vivant dans les pays en développement. Les Nations Unies ont plaidé lundi en faveur d’un programme de soutien d’un montant de 2.500 milliards de dollars

Mardi 31 mars 2020 ((rezonodwes.com))– « Les retombées économiques du choc se poursuivent et sont de plus en plus difficiles à prévoir, mais il est clair que les choses vont s’aggraver pour les économies en développement avant de s’améliorer », a déclaré Mukhisa Kituyi, le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED).

Pour faire face à « l’imminence d’un tsunami financier cette année », la CNUCED propose une stratégie en quatre volets pour traduire les expressions de solidarité internationale en actions concrètes.

Il s’agit d’abord d’un apport en liquidités à hauteur de 1.000 milliards de dollars. « Une sorte de largage d’argent par hélicoptère pour ceux qui sont laissés pour compte » grâce à la réaffectation des droits de tirage spéciaux existants au Fonds monétaire international (FMI). L’agence onusienne préconise aussi l’ajout d’une nouvelle allocation qui devra aller bien au-delà de ce qui a été fait en 2009 en réponse à la crise financière mondiale.

Deuxièmement, la CNUCED recommande une annulation de la dette pour les économies en difficulté et un arrêt immédiat des paiements de la dette souveraine qui devrait être suivi d’un allégement significatif de la dette. « Un point de référence pourrait être l’allégement de la dette allemande administré après la Seconde guerre mondiale, qui a annulé la moitié de sa dette en cours », fait-elle remarquer.

L’agence onusienne propose ainsi l’annulation de 1.000 milliards de dollars cette année sous la supervision d’un organisme créé de manière indépendante.

Face au nouveau coronavirus, la CNUCED demande également un « plan Marshall » pour un rétablissement de la santé.  « Depuis la crise de 2008-2009, très souvent, les états développés n’ont pas respecté leurs engagements en termes d’aide publique aux pays en développement (ADP), a expliqué Nicolas Maystre, Economiste à la Division de la mondialisation et des stratégies de développement à la CNUCED et co-auteur de la stratégie.

« Si les Etats s’étaient engagés à respecter leurs promesses, il y aurait eu à peu près 2.000 milliards de dollars qui auraient dû affluer vers les pays en développement. Etant donné l’urgence de la situation, il est important de débloquer très rapidement à peu près un quart de cette aide (APD) ». 

La CNUCED estime donc que 500 milliards de dollars supplémentaires -essentiellement sous forme de subventions – devraient être affectés aux services de santé d’urgence et aux programmes d’aide sociale connexes et ainsi permettre aux pays en développement de faire face à la situation dans les mois à venir.

Enfin, les contrôles des capitaux devraient se voir accorder une place légitime dans tout régime politique afin de limiter l’augmentation de leurs fuites, de réduire l’illiquidité due aux ventes sur les marchés des pays en développement et d’arrêter la baisse des prix des devises et des actifs.