Remboursons à l’Etat l’argent qu’il a investi dans notre éducation


Mon pays a bien pris charge de mon éducation depuis la maternelle jusqu’à l’université.

De la 6ème à la philo, mon écolage n’était que 20 gourdes en moyenne, pour mes quatre années à la Faculté de Droit, je n’ai payé que 250 gourdes par année et j’ai laissé le pays durant ma deuxième année à la Faculté d’Ethnologie où mes frais d’écolage n’étaient que 200 gourdes par année.

J’ai laissé le pays avant même que j’ai pu mettre mes connaissances aux services de la jeunesse haïtienne. Aux Etats-Unis d’Amérique, j’ai utilisé les connaissances que j’ai acquises en Haïti pour décrocher l’emploi de mes rêves et pour commencer et achever trois programmes de maîtrise et un programme de doctorat pour lesquels j’ai obtenu des prêts du gouvernement américain. Je continue à rembourser ces prêts et faute par moi de ne pas payer en full résultera en des actions néfastes contre ma personne.

Mon pays a déjà fait beaucoup pour moi ; plus question de me demander qu’est-ce que mon pays va faire pour moi, mais plutôt ce que je vais faire pour mon pays. Je veux commencer à rembourser mon gouvernement, soit à travers des taxes permanentes ou à travers des œuvres sociales, une partie ou tout ce qu’il a investi vers mon éducation.

C’est une mauvaise politique publique, un gaspillage de fonds des contribuables et une gouvernance ineffective pour l’Etat Haïtien de financer les études d’un Haïtien, qui après ses études, va laisser le pays ou qui va offrir son service au secteur privé en tant qu’entrepreneur ou en tant qu’employé. L’Etat Haïtien devrait offrir des opportunités aux Haïtiens pour attendre l’université ou la faculté de leur choix, mais pas des opportunités pour recevoir une étude universitaire gratuite. L’Etat Haïtien doit plutôt se montrer fiscalement responsable en commençant à financer les études universitaires de ses enfants sous formes de prêts.

Haïti est l’un, peut-être, le seul pays au monde où l’éducation publique est un investissement à fosses perdues, puisque que la majorité des diplômés ne mettent pas leur éducation et leur intelligence au service de l’Etat Haïtien. En fait, en plus des financements des lycées et des écoles nationales au niveau classique, l’Etat Haïtien finance entre 4 à 7 ans d’études universitaires pour des Haïtiens qui après leurs études s’émigrent vers d’autres pays sans payer une centime au gouvernement ou sans que le gouvernement n’accuse un retour sur ses investissements.

La quantité minime restante est composée d’universitaires qui ne travaillent pas, qui travaillent pour le compte de l’Etat ou celui du secteur privé ou qui se lancent dans l’entreprenariat. Le dénominateur commun chez les universitaires haïtiens c’est qu’ils ne donnent rien en retour à l’Etat ou qu’ils ne paient pas de taxes ou remboursent l’Etat pour les fortes sommes d’argent qu’il a dépensées pour eux.

Dans les autres pays du monde, comme par exemple aux Etats-Unis d’Amérique, l’éducation n’est pas gratuite quoique la majorité des universités et des Community Colleges soient financées par l’Etat. Les étudiants aux USA, soit qu’ils reçoivent des bourses complètes ou soit qu’ils appliquent pour des prêts-étudiants pour attendre une institution scolaire spécifique. Dans le dernier cas (prêts-étudiants), ils sont tenus de rembourser les prêts consentis 6 mois après la complétion de leurs études.

Cette même formule pourrait être appliquée en Haïti où l’Etat exigerait que chaque étudiant signe un contrat de prêt-étudiant avec l’UEH ou une faculté respective. Aucun étudiant ne serait accepté à l’UEH sans les documents indiquant qu’il ou elle est approuvé (e) pour ce type de crédit. Les étudiants signeraient aussi un billet à ordre ou une note promessoire, leur engageant à rembourser ce crédit sous forme d’une taxe qui serait directement prélevée de leur salaire dès qu’ils ou elles commenceraient à travailler. Au cas où ils/elles ne décrocheraient pas de boulots, ils/elles rembourseraient l’Etat sous forme de bénévolat à travers un programme de volontariat ou d’accès à l’emploi qui serait commissionné en support du programme de prêts-étudiants.

Peut-être farfelue ou sans vouloir nous tirer par les cheveux, quand l’étudiant laisse le pays durant ou après ses études, sa dette continue avec lui. Assumant que l’étudiant quitte le pays avec un visa étudiant ou un visa non-immigrant (résidence), l’Etat Haïtien pourrait développer des relations avec les pays recevant pour les exiger à prélever des taxes sur les revenus de ses étudiants ; lesquelles taxes seraient remises aux ambassades d’Haïti respective ou à une commission étatique créée à cet effet.

Dans le cas où l’étudiant laisse le pays avec un visa touriste et déciderait de ne pas retourner en Haïti, il/elle serait encore responsable de payer vers sa dette dès son retour en Haïti ou dès que son statut d’immigration soit régularisé au pays dans lequel il/elle s’est émigré/e. Le financement des études universitaires par l’Etat Haïtien impacte négativement le développement économique, éducatif et politique général du pays. Haïti est trop pauvre pour dépenser si tant dans l’éducation des jeunes qui n’investissent pas leurs connaissances et leurs expériences pour donner au pays une cure de jouvence.

Dr. Bobb RJJF Rousseau
Bobb RJJF Rousseau, PhD
Public Policy and Administration
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