« Repenser le Parlement haïtien »: Stanley Augustin analyse et propose

De 1806 à 2017, le Parlement haïtien n’a pas réussi à remplir convenablement sa mission de contrôler l’exécutif et légiférer. Dans un contexte où des secteurs de la vie nationale réclament une réforme, voire une dissolution de ce pouvoir, le jeune avocat et sociologue Stanley Augustin, fait le diagnostic et croit que l’institution doit être repensée. « Repenser le parlement haïtien », un livre qui peint un tableau de la question parlementaire, mais qui propose également des solutions.
Dans son livre de 242 pages, Stanley Augustin tente de tracer en trois partis l’historicité du Parlement haïtiens, analyser les modèles dominants et proposer des modifications nécessaires. Du panorama de l’institution, en passant par les modèles et la refonte du bicamérisme haïtien, le secrétaire général de l’Observatoire de la Jeunesse Haïtienne (OJH), a décortiqué le fonctionnement de l’institution parlementaire..
A travers ce travail réalisé sur une période de 2 ans, l’auteur, en visite à Loop Haiti, raconte qu’il voulait combler ce qu’il appelle une « absence de littérature parlementaire » en Haïti. En se référant aux modèles parlementaires en Afrique, en Amérique et en Europe, Stanley Augustin veut montrer le rapport dénaturé existant entre le Parlement, l’exécutif et les partis politiques en Haïti.
« Une institution parlementaire qui ne remplit pas sa mission »
« Contrôler l’action du gouvernement, légiférer et mieux représenter les collectivités territoriales », une mission que le Parlement n’arrive toujours pas à remplir, 30 ans après la création de la Constitution haïtienne. Il cite en exemple le nombre négligeable de textes de loi proposés ou voté dans les deux chambres. De plus, il fait remarquer que le Parlement ne produit pas des lois d’application pour la Constitution, indispensable au renforcement des institutions dans le pays. L’absence de ces instruments, selon lui, est la raison principale de la non-application de la loi-mère.
Depuis l’élaboration de la constitution de 1987, cette assemblée devient l’épicentre de l’Etat. « Une bonne partie du pouvoir a été allouée à cette institution », rappelle Stanley Augustin, qui ne néglige pas cependant le contexte historique dans lequel elle a pris naissance.
Le parlement, un mal nécessaire
Depuis quelques temps, le Parlement ne cesse de faire l’objet de vives critiques de la part de différents secteurs de la vie nationale. Certains vont même à exiger sa dissolution. Mais celle-ci est « une folle idée », selon l’ancien responsable de la rubrique « Tribune parlementaire » au journal Le National. Stanley Augustin est convaincu que cette institution est indispensable dans le fonctionnement de la démocratie. « En raison de notre passé historique, on est obligé d’avoir un parlement en Haïti ».
Le coordonnateur de Jeunes Volontaire de Pétion-Ville souligne également que le peuple haïtien a une culture présidentialiste. « Le Parlement garantit la pluralité idéologique. L’absence de cette institution serait un retour à la dictature. Donc, le Parlement doit être présent, mais il doit être renforcé », insiste-t-il.
« Mais le problème n’est pas au Parlement »
« Le mécanisme qui produit ce type de Parlement, doit être remis en question », croit dur comme fer Augustin. Pour l’auteur, le problème de l’institution n’est pas à l’intérieur d’elle même mais plutôt au niveau des partis politiques. L’auteur de « Repenser le parlement haïtien », estime par exemple anormal que la loi de 2014 portant sur le fonctionnement et le financement des partis politiques, donne le plein droit à un citoyen, de créer un parti avec seulement 20 membres, contre 5 mille membres nécessaires en 1986.
« C’est une totale régression », déplore le jeune avocat, actuellement en maitrise en Droit international et européen des droits fondamentaux à l’Université de Nantes en France. Selon lui, aucun Parlement ne peut être renforcé avec une telle loi. « Il est anormal qu’un parlementaire ne milite même pas dans un parti politique », a-t-il fustigé, appelant à l’élaboration d’une nouvelle loi pouvant participer à un vrai renforcement des structures politiques haïtiennes.
Les propositions de l’auteur
Suite aux différentes analyses faites dans le cadre de ce travail, M. Augustin propose des modifications pouvant contribuer à l’amélioration du fonctionnement de l’institution parlementaire. Se référant au Rwanda, l’auteur croit d’abord que ce pouvoir doit avoir une fonction d’inclusion sociale et de renforcement des collectivités territoriales.
L’avocat sociologue propose à ce que les deux chambres ne remplissent pas les mêmes fonctions, comme c’est le cas actuellement. Dans la tête de Stanley Augustin, le Sénat doit avoir une autre particularité, dans le domaine de l’inclusion sociale. Pour cela, il propose à ce que 10 sénateurs soient élu par les membres des collectivités, dans le cadre d’une élection au second degré. L’objectif: permettre à cette catégorie d’élus de participer aux différentes décisions importantes.
Toutefois, Augustin se dit convaincu que c’est tout le système qui mérite d’être repensé. « Repenser le Parlement haïtien : pour la représentativité des collectivités territoriales et l’inclusion sociale », un livre qui tombe à point nommé et qui devrait permettre d’avoir un autre regard sur l’institution parlementaire », estime son auteur.
Sorti lors de la dernière Edition de Livre en Folie, « Repenser le Parlement haïtien » a eu sa première vente signature le 9 août 2019 à Port-au-Prince. « Au début du mois de septembre, une nouvelle vente signature se tiendra dans le grand sud du pays », informe Augustin. En marge des ventes signatures, des conférences débats seront réalisées en vue de recueillir d’autres propositions sur le sujet.
L’ouvrage sera sous peu disponible à la librairie « La Pléiade », dans la capitale. Mais déjà, les lecteurs peuvent passer à PoliticoTech, dirigé par Roudy Stanley Penn, pour retirer leurs exemplaires au prix de mille (1 000) gourdes. Pour toute livraison à domicile, le jeune auteur invite les personnes intéressées à contacter « PolitiMédia », la structure de promotion.