6 semaines après Dorian, les Bahamas recommencent à déporter les haïtiens

Jeudi, 6 semaines après le passage dévastateur de l’ouragan Dorian de catégorie 5 qui a entre autres détruit à 85% l’île d’Abaco, où vivait plus de 3,000 haïtiens dans 6 bidonvilles : Sand Banks, Farm Road, L et H à Treasure Cay, The Mudd, Pigeon Peas et Elbow Cay , 112 migrants haïtiens en situation migratoire irrégulière ont été déportés…
En dehors de l’île de New Providence, la plus grande l’archipel des Bahamas où en 2018 l’Organisation internationale pour les migrations estimait que vivait entre 20,000 et 50,000 haïtiens illégaux, Abaco est la 2ème île ayant la plus grande communauté haïtienne.
Les habitants de Marsh Harbour sur l’île d’Abaco (3e ville des Bahamas) qui ont survécu à la l’ouragan ont été priés d’évacuer vers des abris sur l’île de New Providence. Notez que les quelques 2000 sinistrés qui avaient trouvé refuge dans les abris d’Abaco étaient en grande partie haïtiens ou d’ascendance haïtienne.
Rappelons que le 30 septembre dernier Elsworth Johnson, le Ministre de l’immigration des Bahamas avait averti que les étrangers en situation migratoire irrégulière ou sans papier, risquaient d’être expulsés dans leur pays d’origine, soulignant que les abris utilisés après le passage de l’ouragan Dorian ne pourront pas être utilisés pour contourner la loi
Le 2 octobre dernier au Parlement, le Premier Ministre des Bahamas, Hubert Minnis, ne laissait plus aucun doute sur les mesures d’expulsion, déclarant aux immigrés en situation migratoire irrégulière sur le territoire de l’archipel, majoritairement haïtiens « Nous sommes un pays Droit et nos lois concernant les immigrants clandestins seront respectées. Cependant, elles seront réalisées de manière humaine […] Par conséquent, tous les immigrants en situation migratoire irrégulière doivent partir de leur plein gré ou ils seront contraints de le faire »
Rappelons que devant le risques d’expulsion de milliers d’haïtiens sans procédure régulière (une pratique très courante aux Bahamas), Bocchit Edmond, le Ministre des Affaire Étrangère avait envoyé une note diplomatique le 2 octobre à son homologue Darren Henfield, lui demandant une sorte de moratoire sur le processus de rapatriement, lui soulignant « il se peut que des centaines d’haïtiens vivant légalement aux Bahamas, se retrouvent expulsé en Haïti parce que tous leurs documents ont été perdus. »