Les catholiques manifestent pour exiger le départ de Jovenel Moïse
Une foule de fidèles catholiques a défilé mardi dans les rues de la capitale haïtienne Port-au-Prince pour réclamer à son tour la démission du président, alors que la crise politique paralyse le pays depuis fin août.
Rassemblés sur le parvis de l’une des principales églises de la ville, les prêtres et religieuses qui avaient lancé un appel à une marche silencieuse ont eux préféré rester apolitiques.
« Notre marche n’est pas pour dire à un gouvernement de partir ou de rester. Nous voudrions qu’il y ait de meilleures conditions de vie pour le peuple, de la sécurité, qu’il y ait accès à l’éducation, un meilleur accès à la santé, que nous puissions vivre en paix sur ce coin de terre », a expliqué avec prudence le Père Jean-Denis Saint Félix, ajoutant « vouloir s’associer à la marche de tout un peuple en quête de justice ».
Mais la foule de fidèles ayant répondu à l’appel n’a elle pas caché sa colère contre le président Jovenel Moïse.
« Jovenel prenez une décision de sagesse, démissionnez: vous êtes président de quoi? Il n’y a plus rien dans le pays, il n’y a pas de nourriture, pas d’hôpital, pas d’école », a hurlé Fausta Maisonneuve, chapelet en main.
Si ses opposants les plus radicaux contestent sa légitimité depuis son arrivée au pouvoir en février 2017, le président haïtien a catalysé l’ensemble du mécontentement populaire.
Après la société civile qui manifeste contre la corruption depuis l’été 2018, les secteurs universitaires et artistiques ont rejoint ces dernières semaines le mouvement de contestation appelant au départ du pouvoir de M. Moïse.
À travers les principales villes du pays, les manifestant exigent d’autant plus la démission du chef de l’État que des entreprises qu’il dirigeait avant son entrée en politique ont été épinglées par la Cour supérieure des comptes comme étant « au coeur d’un stratagème de détournement de fonds ».
À Port-au-Prince, devant les fidèles défilant mardi en chantant des prières, les contestataires majoritairement jeunes ont enchaîné chants et slogans devenus populaires au fil des manifestations répétées contre Jovenel Moïse.
« Nous voyons que le président ne peut pas diriger le pays, il est incompétent. Il doit démissionner car la situation sociale est devenue très critique et déplorable », a résumé Osma Joseph, étudiant en sciences de l’éducation.
Face aux nombreuses manifestations de contestation et par peur des violences qui surviennent parfois en marge des rassemblements, la majorité des établissements scolaires haïtiens gardent porte close depuis plus d’un mois.