Haïti: des policiers marcheront dimanche, mais risquent d'être punis

Des policiers haïtiens annoncent l’organisation d’une marche pacifique sur tout le territoire national, ce dimanche 27 octobre. Par ce mouvement, ces derniers entendent exiger de meilleurs traitements et dénoncer la politisation de l’institution policière. La Direction générale de son coté, brandit le règlement de discipline générale de l’institution et menace de sanctionner les participants…

« Oui. C’est confirmé. Nous serons dans les rues ce dimanche 27 octobre. Tout est fin prêt pour le bon déroulement de la marche qui se déroulera dans tous les 10 départements du pays », a confié à la rédaction de Loop Haïti, un policier, qui requiert l’anonymat. Selon ce qu’a révélé un autre agent, la marche débutera au Carrefour de l’Aéroport, pour prendre fin devant les locaux de l’Inspection générale de la PNH, à Delmas 2. A travers ce mouvement, les policiers entendent protester contre les mauvaises conditions de travail, particulièrement durant les manifestations anti-gouvernementales. Il sera également question pour ces membres de la PNH, de dénoncer la politisation du corps.

Les initiateurs contactés par notre rédaction, soulignent que cette initiative bénéficie du support de bon nombre de confrères tant à Port-au-Prince que dans les villes de province, qui se disent froissés et indignés par rapport à leurs conditions de travail. « Des tractations sont en cours afin de mater le mouvement. Mais nous sommes déterminés ! Cela ne passera pas ! », insistent plusieurs d’entre eux qui plaident en faveur d’une plateforme syndicale au sein de la police.

Des membres des forces de l’ordre qui annoncent qu’ils marcheront dans les rues: la nouvelle qui ne cesse de susciter des commentaires sur les réseaux sociaux depuis plusieurs jours. Un spot publicitaire tourne en boucle sur certaines stations de radio. Des photos de maillots, de pancartes frappées de slogans et de revendications, circulent également. « Pitit polisye pa ka ale lekòl. Poukisa polisye pa ka prete nan ONA ? Non ak asirans fantom… », peut-on lire sur quelques cartons qui circulent sur Facebook et/ou sur Twitter.

Du côté du Haut commandement de la police, les déclarations et les notes se multiplient à environ de 24 heures de ce rendez-vous. Ce samedi 26 octobre, la Direction générale de la PNH, par le biais du Porte-parole de l’institution, a brisé le silence et haussé le ton. « Les règlements de la discipline générale de l’institution que les policiers ont signé au moment de leur intégration, leur interdisent de participer à des manifestations », a rappelé Michel-Ange Louis Jeune, affirmant qu’aucune unité de la police n’a été notifiée quant à cette manifestation.

De son coté, la direction départementale du Nord de la PNH a, dans une note de rappel, informé aux membres de l’institution, désireux de faire passer ses revendications sur un sujet quelconque, qu’ils doivent le faire dans la forme et la voie tracées par les principes règlementaires de la police nationale. « Tous les policiers affectés dans le Nord sont appelés à faire de la discipline de l’institution, leur boussole dans toutes leurs actions, pour ne pas tomber sous le coup du motif 3.13 du règlement de discipline générale », avertit Jean Bazelaire Bornelus, responsable de la PNH dans ce département.

Face au mis en garde du Haut commandement de la police, des policiers initiateurs contre-attaquent et justifient leur démarche. « Si le règlement de discipline général nous interdit de manifester, la Constitution haïtienne, elle, nous donne le plein droit de revendiquer et réclamer de meilleures conditions de travail », a expliqué un agent. A en croire ce policier, l’article 35.4 de la loi mère lui donne droit de demander une meilleure condition de vie.

Soulignons qu’environ 48 heures avant la tenue de ce mouvement, la Direction générale de la police a annoncé le virement de trois (3) mois d’allocation-nourriture sur la carte de débit des agents. La coordination presse de l’institution confirme que tous les policiers ainsi que le personnel administratif ont leurs cartes de débit renflouées, ce qui comble un retard de trois mois. Notons que des membres de l’opposition annoncent leur participation à cette marche, qui suscite déjà des interprétations dans l’opinion publique.