« Haïti à l’ère de l’insécurité en 3D »

Il n’y pas seulement une, deux ou trois zones de non-droit dans la Capitale, pour ne pas dire dans le pays ; les menaces sont partout, les bandits changent de quartiers beaucoup plus que la lune désormais. La perception d’insécurité grandit à chaque fois qu’une personne se fait tuer, kidnapper ou braquer. 

Haïti se gangstérise, rien ne semble retenir un jeune qui veut soit faire de l’argent facile ou juste être à la mode. Les foyers pullulent, les fournisseurs, ce n’est pas ce qui manque. Ils sont politiciens, hommes d’affaires ou barons de la drogue.

Quand ça va mal, on se tourne vers la Police ; cette institution qui fait face à une série de problèmes récurrents, notamment celui de moyens. Pas plus tard que la semaine dernière, alors qu’il saluait l’arrivée d’une nouvelle promotion, le directeur de la Police Nationale d’Haïti (PNH) n’a pas manqué de souligner combien son travail était difficile car, a-t-il rappelé, prévenir le banditisme et la criminalité nécessite des ressources humaines et financières ; et apparemment il ne peut se targuer d’en avoir à profusion. 

Dans la lutte contre l’insécurité, la police est un élément mais d’autres acteurs doivent également s’y impliquer. 

Aujourd’hui, y-a-t-il une vraie politique publique en matière de sécurité ? Il n’y a qu’à regarder le défi que représente Martissant par exemple pour avoir un début de réponse.

Comme si les Haïtiens n’étaient pas assez punis, l’insécurité routière se mêle de la partie. Pas un jour ne passe sans qu’on n’enregistre au moins un cas d’accident faisant des blessés et/ou des morts. Ce phénomène tuait silencieusement jusqu’à ce que l’organisation Stop Accident fasse la lumière tous les dimanches sur les chiffres de la semaine et ils font peur. Que ce soit le comportement des chauffeurs, la qualité des routes, l’état des véhicules ou tout simplement l’irresponsabilité des dirigeants, des vies sont fauchées laissant des familles dans le deuil. 

Pire encore, selon les données publiées par l’organisation du Dr Garnel Michel, c’est la force vive du pays qui est victime : professionnels, marchands, jeunes. 

Quand ce ne sont pas des balles assassines ou des véhicules, l’Haïtien fait aussi face à l’insécurité alimentaire. Et là encore, la situation devient de plus en plus préoccupante. L’inflation galope, les conditions météorologiques défavorables n’aident pas, la coordination nationale de la sécurité alimentaire a tiré la sonnette d’alarme. En avril 2019, une étude réalisée par la CNSA révélait que près de 50% de la population en milieu rural était en insécurité alimentaire. Pour tout le pays, la prévalence s’élève à 70%. 

La compétition est donc lancée ! Entre les actes de banditisme, les accidents et la faim, qui fera plus de victimes ? Une situation d’insécurité qui vient confirmer ce que disaient jadis nos grands parents : Chak Ayisyen ap mache ak kouvèti sèkèy li anba ponyet li. 

Par Luckner Garraud