Une jeune femme accouche dans la cour de Radiotélévision Caraïbes, et le bébé se porte très bien

Par Websder Corneille/ @webscorneille

Dimanche 3 novembre, aux environs de 9 heures du matin, une jeune haïtienne de 24 ans a donné naissance à un petit garçon dans la cour de Radiotélévision Caraïbes, à la rue Chavannes. Un médecin du plus grand centre hospitalier d’Haïtireconnaît « un cas exceptionnel ».

Blandine Pierre, originaire de Fontamara (banlieue sud de la capitale d’Haïti), n’avait jamais pensé un jour que son fils connaîtra un tel sort : naître dans la cour de Radiotélévision Caraïbes. « Cela pouvait être pire », reconnait-elle, sourire aux lèvres, s’asseyant aux côtés du nouveau-né sur un matelas très sale, taché de sang en plus.

En gésine, Mme Pierre a laissé sa maison à Fontamara hier soir, 6 heures et demie, en partance vers un hôpital de la région carrefouroise. « J’ai été refusée parce que j’ai déjà subi deux césariennes », a-t-elle été dite par la direction d’un centre hospitalier. Si l’argument pourrait toujours cacher des velléités scientifiques, Mme Pierre rechigne à comprendre le bien-fondé d’un tel refus, et rejette d’un seul trait cet argumentaire.

« Je ne vois pas le rapport », tempête-t-elle. À seulement 24 ans, elle a déjà connu la douleur des ciseaux à deux reprises. L’un de ses deux précédents enfants est décédé, l’autre âgé de cinq ans, est un enfant joyeux et très beau, renseigne-t-elle, un sourire béat collé au visage en parlant de ce fils qu’elle n’a pas vu depuis plus de 24 heures.

Après avoir déambulé sans succès dans les rues à Port-au-Prince à la recherche d’un centre hospitalier, elle s’est rendue ce dimanche matin dans les locaux de Radiotélévision Caraïbe en suivant les conseils d’un ami. Dès son arrivée, témoigne-t-elle, deux agents de sécurité l’ont pris par la main et, peu de temps après, elle a donné naissance à son bébé qui n’a pas encore de nom.

« Si je connaissais le nom de l’agent de sécurité qui m’a secouru à la Radio Caraïbes, mon fils aurait pu élever son nom », prévient-elle, pour témoigner sa reconnaissance envers ces deux quidams qu’elle aurait pu croiser au hasard de la route et l’ignorait. Un magnificat qu’elle n’a cessé d’entonner jusqu’à notre départ.

Animés d’une volonté très noble, les deux agents en poste se sont offert les services du Centre Ambulancier National (CAN) pour la transportation de Mme Pierre à l’Hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti, communément appelle l’Hôpital général. Pari gagné, elle s’est retrouvé à la porte du plus grand centre hospitalier à dix heures trente du matin. Une aubaine lorsqu’on sait qu’elle pouvait attendre pendant plus de deux heures avant d’être recouvrée.

Juste avant que notre équipe tourne son dos à l’Hôpital, 2 heures de l’après-midi, Blandine Pierre attendait encore de se faire soigner par un médecin pour sa « petite déchirure », considère-t-elle.

« Je suis ici depuis plus de quatre heures d’horloge, et aucun médecin ne m’a encore touché », regrette-t-elle, avant d’’annoncer qu’elle pourra regagner ses pénates à tout bout de champ. « Je ne ressens pas trop de douleurs », avoue-t-elle.

Un médecin, faisant les cents pas dans le hall de l’hôpital, a essayé de dévier notre regard. Par malchance, il a été interrogé sur le retard observé dans la prise en charge de Mme Pierre. « Je suis ici parce que j’ai de la volonté, donc elle doit nous attendre », soutient-il, l’air décontracté, armé de ses écouteurs et d’un portable qui flashe à la seconde. « Son cas est exceptionnel », avance le professionnel de santé.