Commémoration de la bataille de Vertières à l’Université de Montréal

L’Association des Étudiants Haïtiens de l’Université de Montréal a marqué d’une pierre blanche la journée du 18 novembre qui ramenait le 216e anniversaire de la bataille de vertières, en ayant organisé une conférence- débat au Pavillon Jean Brillant sur la symbolique de cette bataille dans l’histoire du peuple haïtien en particulier et dans l’histoire des luttes d’émancipation des peuples opprimés du monde en général, avec comme panélistes l’historien Frantz Voltaire et le politologue John Miller Beauvoir et comme Modératrice Winnie Jay.

C’est le président de l’AEHUM qui a lancé l’activité avec une mise en contexte, où il a souligné les motifs qui portent l’association à prendre une telle initiative. James Osné a mis surtout l’accent sur la nécessité de refoncer sinon de prolonger la réflexion sur la question haïtienne dans un contexte marqué par des crises en série. Son intervention sera suivie d’une courte prestation poétique offerte en duo par les poètes John Wesley Delva et Cawn Mala Osné qui sont aussi deux étudiants à l’UDEM. 

Appelé à prendre la parole pour démarrer la conférence, Frantz Volontaire, dans une perspective pédagogique, a retracé la trame de l’histoire de la bataille de Vertières. Enchaînant ses précisions d’historien, il a souligné que « cette bataille n’était pas livrée pour la liberté, car en novembre 1803, la liberté générale des esclaves fut déjà proclamée, mais pour la conquête de l’indépendance. Cette bataille reste et demeure un bel exemple d’héroïsme et d’unité nationale, a-t-il dit.

Pour sa part, John Miller Beauvoir a dit vouloir éviter toute dynamique passéiste. Selon lui, ce 18 novembre ne doit pas être un moment de ressasser des détails du passé qui, a-t-il dit, sont dans tous les livres d’histoire et sur internet, mais doit être une nouvelle occasion pour saisir l’avenir d’un autre regard, même s’il a reconnu par ailleurs « qu’on ne saurait bâtir l’avenir sans tenir compte des erreurs du passé ». C’est à cet effet que le jeune politologue, ayant souligné la dimension symbolique de la bataille de vertière, a parlé de « clef épistémologique pour reconstruire l’avenir ». 

Néanmoins, au cours des interactions, certains intervenants ont dénoncé cette tentative d’occultation et de récupération de l’histoire d’Haïti par les occidentaux. D’autres avaient évoqué la question de la méconnaissance de l’identité nationale qui serait le corollaire d’une telle démarche. 

Les panelistes ont tous deux soutenu cette idée que l’avenir d’Haïti ne peut être envisagé sans une nouvelle appropriation de l’histoire nationale par nous-mêmes et pour nous-mêmes. Ce qui nécessitera tout un travail d’éducation, croit John Miller Beauvoir. 

Rappelons que ce genre d’activités s’inscrit dans le cadre de la vision de l’AEHUM de diffuser, de faire connaitre ou de promouvoir la culture haïtienne au sein de l’Université de Montréal en particulier et dans l’espace universitaire canadien en général.

                                                                                                John Wesley DELVA