Massacre La Saline, répression des forces de l'ordre: la CIDH s'alarme et prescrit le dialogue pour sortir de la crise

La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) se dit préoccupée devant la crise politique et institutionnelle que traverse Haïti. Alors que le pays est au bord du chaos où l’opposition politique ne jure que par le depart du président pour trouver une issue à la crise qui sévit dans le pays depuis plusieurs mois, la CIDH réaffirme l’importance de mener un dialogue politique, de renforcer les institutions démocratiques et de garantir l’accès de la population aux services de base.

Ayant les yeux rivés particulièrement sur le massacre de La Saline, la CIDH s’étonne qu’un an après ces actes de violences perpétrés dans ladite localité ayant fait d’inombrables victimes, les enquêtes sont toujours pendantes. La CIDH est également préoccupée par l’absence d’enquête sur ces évènements.

En effet, la CIDH dit prendre note du premier anniversaire du massacre de La Saline qui a eu lieu le 13 et 17 novembre 2018 au cours duquel au moins 71 personnes ont perdu la vie, et un nombre inconnu de personnes ont été victimes de violations, telles que des vols et incendies de leurs maisons. Dans ce contexte, la Commission exprime sa solidarité avec les familles des victimes et profite pour rappeler l’obligation de l’État haïtien d’épuiser avec diligence et exhaustivité les pistes d’enquêtes relatives au massacre de La Saline. La participation éventuelle des hauts responsables de l’État et des forces de sécurité dans des cas de violences sur les manigestants doit faire aussi l’objet d’enquête. 

Dans ce communiqué de presse en date du 22 novembre, la CIDH dit constater plus loin un manque d’accès de la population aux services publics essentiels et également une recrudescence des actes de violence dans le pays surtout enregistrés lors des manifestations.

La Commission manifeste sa profonde préoccupation devant les faits décrits dans le communiqué de presse du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’homme du 1 novembre 2019 indiquant qu’au moins 42 personnes ont perdu la vie et 86 blessés suites à ces actes de violences perpétrés lors des mouvements de protestationn contre le pouvoir.

Le recours à la force par des agents de sécurité publique serait généralisé en Haïti, note la Commission qui s’informe auprès de certaines organisations de défense des droits de l’homme. D’autres actes de répression à savoir l’utilisation aveugle d’armes non létales, le lancement de gaz lacrymogènes au milieu des manifestants pacifiques, les tirs sur des manifestants avec des munitions non létales à courte portée et des coups assénés à des manifestants au sol ou déjà maîtrisés, sont comptabilisés par la CIDH. 

Selon des informations reçues par la CIDH, la persistance et l’intensification des manifestations dans le pays depuis la mi-septembre 2019 et la détérioration de la situation sécuritaire continuent d’avoir des impacts négatifs sur la vie sociale, économique et politique du pays. 

A cet égard, selon les informations publiques, les conditions de sécurité à Port-au-Prince et dans d’autres villes du pays sont gravement affectées par les actes de violence des bandits armés, l’érection de barrages dans les routes ainsi que des évasions de prison. La Commission note aussi la pénurie d’eau potable dans les zones critiques et les difficultés d’accès aux hôpitaux et aux services d’urgence.

Dans ce contexte, la Commission rappelle qu’il est du devoir des États de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la vie, l’intégrité personnelle et la sécurité de leurs habitants, ainsi que les les mesures nécessaires pour assurer un environnement pacifique pour la conduite des manifestations. A cet égard, les États devraient prévenir les abus commis par leurs forces de sécurité lors de manifestations et d’enquêter à leur sujet, préconise la CIDH. 

La Gazette