Avec qui Jovenel Moïse discute-t-il pour trouver une solution à la crise ?
Les appels au dialogue et les missions d’officiels américains dans le pays n’ont jusqu’ici donné aucun résultat. Cependant, une source bien placée à la Passerelle a confié au Nouvelliste que cette structure de la société civile se prépare à rencontrer le président de la République. La Commission de passation de pouvoir a, quant à elle, fait savoir au journal qu’il n’y a jamais eu de canal de dialogue entre Jovenel Moïse et cette structure de l’opposition.
Si depuis plusieurs semaines on constate une reprise des activités, à l’exception des écoles qui peinent à retrouver leur cours normal, la crise multidimensionnelle qui sévit dans le pays est loin d’être résolue. Pour le moment, il n’existe aucun canal de dialogue entre le chef de l’État et les acteurs politiques qui exigent sa démission. Toutefois des proches de Jovenel Moïse ont fait savoir au journal que le président multiplie les rencontres en vue de trouver une solution à la crise.
« Le président Moïse a déjà rencontré plusieurs personnalités de la société civile et de la classe politique sur une résolution de la crise politique…», a déclaré sur Magik 9 Mackenson Cangé, membre du bureau de communication du Palais national. Toutefois ce dernier n’était pas en mesure de citer les noms de personnalités ou de représentants de secteurs rencontrés par le chef de l’État.
Après sa rencontre la semaine dernière avec David Hale, Jovenel Moïse a lui aussi laissé comprendre qu’il rencontre des acteurs locaux sur la crise. « Les initiatives pour trouver une solution concertée à la crise se multiplient. Aujourd’hui, je me suis entretenu avec le sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques, David Hale, à qui je réaffirme ma volonté de dialoguer avec tous les secteurs pour que la paix revienne en Haïti », a écrit le président Moïse sur son compte Twitter.
Depuis la démission de quatre membres influents de la commission de dialogue qu’il avait formée en octobre dernier, Jovenel Moïse n’a jamais reconstitué cette structure qui avait pour mission de trouver « une solution concertée à la crise ».
Évans Paul, Jean Rodolphe Joazile, Sainphor Liné Balthazard et Josué Pierre-Louis, respectivement coordonnateur, porte-parole, secrétaire rapporteur et membre de la commission de dialogue du président de la République, avaient remis leur démission à la suite des déclarations du chef de l’État lors d’une conférence de presse tenue le 15 octobre 2019.
« Ce serait irresponsable de ma part si je devais aujourd’hui signer la lettre de ma démission et laisser le système se régénérer… Le système se régénère uniquement dans la transition. Si voye ale, rache manyòk, retire pye pa w pou m mete pye pa m te ka chanje sistèm nan, Ayiti pa t ap kote li ye jodi a », avait déclaré Jovenel Moïse. Des déclarations qui avaient torpillé son énième initiative de dialogue.
Le Nouvelliste a appris que le chef de l’État devait rencontrer la Passerelle sur la crise. Cette importante structure de la société civile devait d’abord envoyer au locataire du Palais national, le mois dernier, un document contenant la feuille de route du gouvernement de transition que propose l’opposition. Puisque les regroupements politiques impliqués dans le processus n’avaient pas finalisé à temps le document, la rencontre avec Jovenel Moïse avait été reportée, a expliqué au Nouvelliste un membre très influent de la Passerelle. « Il n’y a pas encore de date pour l’instant, mais la rencontre avec le président de la République est dans notre agenda… », a précisé notre contact.
Le mandat de la première commission mise en place par la Passerelle composée de Bernard Craan, Carole Demesmin, Castel Germeil, du Dr Sofia Loréus, du Dr Charles Manigat, Sabine Manigat et Lemète Zéphyr étant arrivé à terme, c’est à un comité de suivi de finaliser la rencontre avec le chef de l’État, a appris Le Nouvelliste.
Par ailleurs, la Commission de passation de pouvoir n’a pas, quant à elle, de rencontre prévue avec le chef de l’État dans son agenda. Cependant, le porte-parole de cette structure de l’Alternative consensuelle a fait savoir qu’il n’écarte pas la possibilité de rencontrer le président de la République. « Pour le moment, il n’y a aucun canal de dialogue entre le chef de l’État et nous », a affirmé Hugues Célestin.
Pour le moment, personne ne sait avec qui le chef de l’Etat discute pour trouver une solution à la crise. Cependant, depuis plusieurs semaines, la mobilisation de l’opposition pour exiger le départ du Jovenel Moïse a baissé en intensité. Cette semaine, l’opposition laisse entendre qu’elle va tenter de relancer les mouvements de protestation dans la région des Palmes.
Robenson Geffrard Source Le nouvelliste