Fritz William Michel toujours dans la course pour devenir Premier ministre

Depuis la ratification de sa politique générale le 3 septembre 2019 par 76 députés et les mouvements violents des sénateurs de l’opposition le 10 septembre 2019 pour l’empêcher de présenter sa politique générale au Sénat, Fritz William Michel est sorti des radars. Contacté par Le Nouvelliste le mercredi 15 janvier 2020 à l’issue d’une rencontre avec le président de la République, Fritz William Michel se considère comme le Premier ministre le plus légitime. Ce dernier se dit prêt à remettre sa démission dans le cadre d’un accord politique, sinon…

Quatre mois après ses déboires au Parlement, Fritz William Michel refait surface dans un contexte où le Parlement est dysfonctionnel et où le chef de l’État cherche à former un gouvernement. « Je suis un Premier ministre choisi par le président en consultation avec les présidents des deux branches du Parlement. La Chambre des députés m’avait déjà voté et j’ai fait deux tentatives au Sénat qui n’a pas pu voter ma politique générale », a-t-il rappelé dans une interview exclusive accordée mercredi au Nouvelliste.

« Je suis là pour servir mon pays, je n’ai pas le droit d’enlever à Haïti l’option d’un gouvernement qui soit le plus proche possible de la légitimité et qui pourrait discuter avec la communauté internationale… », a affirmé Fritz William Michel, une façon pour lui  de se considérer toujours comme une option.

En revanche, a-t-il nuancé, « les discussions politiques que va entreprendre le président de la République avec les acteurs et en fonction d’un accord politique, je suis prêt à démissionner si je dois le faire… ».

Fritz William Michel a confié au Nouvelliste qu’au moment même où le journal tentait mercredi matin d’entrer en contact avec lui par téléphone, il était en réunion avec le chef de l’État. Selon lui, l’option d’une administration Moïse-Michel est toujours sur la table. « Je n’ai pas remis ma démission… Entre autres options, je suis un Premier ministre », a-t-il affirmé, insistant sur l’idée qu’il est prêt à remettre sa démission « pour le bien de la République moyennant l’adoption d’un accord politique avec les acteurs ».

M. Michel a souligné qu’il continue de réfléchir avec son équipe sur les politiques publiques sectorielles et les actions de son gouvernement au cas où il aurait été appelé à prendre la tête de la Primature. Cependant, en raison de l’évolution de la situation économique et politique de ces derniers mois, Fritz William Michel estime avoir des ajustements à faire dans sa politique générale.

Selon lui, toutes les options sont sur la table en ce qui le concerne. Des options qui vont à sa démission ou à son maintien comme Premier ministre à un remaniement de son gouvernement.

« Je continue à travailler sur les stratégies de mise en œuvre des politiques publiques et actions prioritaires pour l’action gouvernementale si toutefois je devrais être installé à la tête d’un gouvernement », a-t-il dit.

Interrogé pour savoir qui paie pour les défenses liées à son fonctionnement, Fritz William a répondu en ces termes : « Je ne perçois ni salaires ni aucun autre avantage. Seulement un véhicule et deux policiers pour assurer ma sécurité comme premier ministre nommé. Je n’ai jamais été logé dans un hôtel. C’était un espace de travail pour faciliter l’élaboration de ma déclaration de politique générale. Une fois le document finalisé par mon équipe, nous avions laissé l’hôtel. Les dépenses liées à cette activité étaient à ma charge. Je n’ai pas reçu de financement du Trésor public. »

Depuis sa nomination le 22 juillet 2019, Fritz William Michel a déjà été confronté à trois scandales différents. Il y a eu d’abord la question des tweets dans lesquels il aurait injurié des journalistes comme Liliane Pierre-Paul et Jean-Monard Métellus. Ensuite, le sénateur Sorel Jacinthe l’avait accusé de corruption en soudoyant cinq sénateurs pour le vote de sa politique générale. Il y a eu enfin l’affaire de plusieurs centaines de cabris qu’il aurait vendus à l’État à 31 500 gourdes l’unité. Fritz William Michel avait affirmé affirmé s’inscrire en faux contre les deux premiers et fournir des explications pour le troisième.

Nommé Premier ministre par intérim le 21 mars dernier et installé dans ses fonctions après le renvoi du gouvernement de Jean-Henry Céant par la Chambre des députés, puis nommé Premier ministre, Jean-Michel Lapin n’a jamais pu franchir l’étape du Parlement, après trois tentatives de séance ratées au Sénat jusqu’à sa démission le 22 juillet dernier à la suite de l’arrêté présidentiel nommant Fritz William Michel Premier ministre. Cela fait dix mois depuis que Jean-Michel Lapin expédie les affaires courantes et six mois depuis que Fritz William Michel est en attente pour le remplacer à la Primature.

Robenson Geffrard source Le Nouvelliste