La dette de la France envers Haïti mise en débat par un économiste français

C’est au cours d’une interview dirigée par Thomas Lalime, chroniqueur de la rubrique Économie du journal du quotidien Le Nouvelliste que l’économiste français, Thomas Piketty, eut à déclarer que la France devrait restituer à Haïti l’équivalent des trois années du PIB haïtien actuel, soit 300% du PIB.

L’histoire se souvient encore aujourd’hui de la dette de l’independance que Haïti a été forcée de verser à la France en 1825. Une rondelette somme de 150 millions francs-or, soit un montant évalué à 21 milliards de dollars aujourd’hui. Discutant des inégalités existants au sein même de l’économie haïtienne, l’économiste français Thomas Piketty n’a pas mâché ses mots en faisant bien comprendre que la dette de l’indépendance exigée par la monarchie française de l’époque à porter un grand coup au développement économique du pays faisant sentir ses effets jusqu’à aujourd’hui.

“La révolte des esclaves à Haïti est sans doute le moment le plus subversif de la révolution française. Certains en France étaient prêts à y répondre positivement. Au final, la ligne qui l’a emporté à Paris a été dure et répressive. La monarchie française a imposé en 1825 une très lourde dette à Haïti afin de compenser les propriétaires d’esclaves spoliés de leur droit de propriété. Cette dette inique a lourdement grevé le développement économique, politique et humain de l’île. Elle a été officiellement remboursée jusqu’au milieu du XXe siècle. En réalité, c’est bien jusque nos jours que ce lourd héritage esclavagiste et colonial fait sentir ses effets”, a-t-il déclaré.

Par ailleurs, il précise que le pays ne peut être développé économiquement sans une stratégie de la part de l’Etat central sur la taxation des citoyens selon leur revenu invitant ces derniers à s’intéresser à la question de la justice fiscale. En effet, pour le directeur des études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et éminent professeur à l’École d’économie de Paris, M. Piketty: “un système fiscal juste doit reposer sur un impôt progressif sur la propriété et un impôt progressif sur le revenu. Quel que soit l’état de développement du pays et de l’administration fiscale, les gouvernements en place doivent s’engager à enregistrer les propriétés et les revenus de leurs citoyens, à les imposer à des taux adéquats et à publier les résultats de ces opérations.” Sans aucune forme de distinction. A contrario. Les riches doivent payer plus puisqu’ils gagnent plus selon leur revenu.

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