Malgré la terreur des gangs et la corruption des dirigeants, les États-Unis exigent une date pour la tenue des élections en Haïti

Jeudi 23 janvier 2020 ((rezonodwes.com))– Le secrétaire d’État américain, Michael Pompeo, a demandé aux autorités haïtiennes de fixer une date ferme pour les prochaines élections, suite à la déclaration de caducité du parlement faite par le Président Jovenel Moise.

« C’est la chose la plus importante », a déclaré Pompeo dans une interview exclusive jeudi avec le Miami Herald et El Nuevo Herald. «Nous devons avoir des élections. C’est important. »

Pompeo n’a pas précisé à quelles élections il faisait référence, mais Haïti n’a pas organisé les élections législatives prévues l’année dernière.

« Une fois que ces élections auront lieu, il y aura un gouvernement dûment élu. Nous n’aurons pas à nous soucier de la décision par décret. »

Les déclarations du haut fonctionnaire de l’administration Trump interviennent alors que le pays fait face à une résurgence brutale de l’insécurité.

Certaines régions du pays et certains quartiers de la capitale sont sous le contrôle des gangs qui y sèment la terreur, volant, violant, tuant et rançonnant en toute impunité, rendant impossible toute campagne électorale.

Affaibli par les récentes révoltes populaires pour exiger sa démission, Jovenel Moise se trouve dans l’incapacité d’assurer l’ordre public et de se déplacer à volonté sur le territoire national.

Plusieurs institutions importantes, comme le Parquet, le Tribunal de Première Instance, la Primature, l’IHSI (Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique), le Parlement, entre autres, situées dans des zones devenues à risque, se trouvent dans l’impossibilité de fonctionner normalement.

De plus, le pays est gangrené par la corruption qui se pratique au vu et au su de tous par les plus hautes autorités. Dans un pays ravagé par une inflation galopante et une misère insoutenable, les risques d’achat de votes seront donc multipliés.

La victoire sera alors acquise d’office aux candidats disposant le plus d’argent et pouvant utiliser le plus de violence contre ses adversaires. Un jeu facile donc pour les tenants du pouvoir…

Au niveau logistique, le pays n’est pas prêt pour une aventure électorale. Le Président Moise vient d’avouer qu’il a choisi, d’une manière illégale, de mettre à l’écart les anciennes cartes d’identification, utilisées dans le processus électoral, pour introduire la fameuse carte « Dermalog », décriée par la population.

Il faudrait donc du temps pour reconstituer une liste électorale viable, mais qui pourrait ne pas être acceptée par l’opposition, habituée aux coups fourrés du régime en place.