L’économie nationale paie les frais du pays lock

La Banque de la République d’Haïti a publié vendredi 31 janvier 2020, une note sur la politique monétaire pour le premier trimestre de l’exercice fiscal 2020 (octobre-décembre 2019). Selon la banque centrale, les chocs négatifs enregistrés au pays durant les trimestres précédents laissent encore des impacts sur le cadre macroéconomique. Seule une stabilisation de la situation socio-politique peut favoriser une reprise plus soutenue des activités économiques.

Il est sans conteste que le phénomène pays lock a enfoncé le pays dans la misère. Les trois mois de paralysie de tous les secteurs d’activité ont entraîné entre autres une baisse des recettes publiques en raison du dysfonctionnement forcé des services de perception, une explosion du financement monétaire, une chute des transferts de la diaspora, la hausse du coût du panier alimentaire et une inflation en hausse de 20%.

« Les perspectives pour l’économie haïtienne demeurent mitigées. L’évolution de la situation économique pour les trois prochains mois sera fortement tributaire du climat socio-politique. Les chocs négatifs enregistrés au pays durant les trimestres précédents laissent encore des impacts sur le cadre macroéconomique. En dépit d’une relative reprise des activités vers la fin du premier trimestre, un certain attentisme continue de prédominer en ce qui a trait aux décisions d’investissement et de production ; ce qui affecte la situation de l’emploi et la capacité de l’État à mobiliser des ressources », peut-on lire dans la note.

Les importations pour la période d’octobre à décembre 2019 s’élèvent à un montant de 639,28 millions de dollars américains qui correspondent à seulement 54% des importations du premier trimestre de l’exercice fiscal précédent. Elles sont en baisse de 23% par rapport au niveau enregistré entre juillet et septembre 2019. Cette baisse des importations, associée au recul de la demande pour les devises, a aussi provoqué, une baisse de 1,41% du taux de change de référence.

Augmentation drastique de l’insécurité alimentaire

Combinée au blocage régulier des routes et à la rupture des circuits d’approvisionnement des principaux marchés, la rareté des produits, notamment ceux du secteur agricole, a contribué à une hausse sensible du coût du panier alimentaire moyen, a rapporté la BRH. Selon la Coordination Nationale de la Sécurité Alimentaire (CNSA), ces développements et les hausses de prix qu’ils ont alimentées ont contribué à porter à 3,67 millions le nombre de personnes ayant besoin d’une aide alimentaire d’urgence, soit environ 35% de la population.

Par rapport aux perspectives, la BRH reste pour le moins optimiste. La banque centrale croit qu’une « stabilisation de la situation socio-politique devrait favoriser une reprise plus soutenue des activités. Cette stabilisation pourrait entraîner un effet positif sur les finances publiques et une réduction des besoins de financement de l’État auprès de la BRH. » Ses prévisions dépendent d’une relative stabilisation de l’inflation au deuxième trimestre de l’exercice fiscal 2019- 2020 dans la mesure où, contrairement au trimestre précédent, la circulation des personnes et des biens s’améliore. »